Dans le milieu des arts, on appelle ça le «rêve californien». Cette idée de partir sous les palmiers pour y réussir de grandes choses, pour s'y fabriquer un rêve, justement. Avec un peu de chance, le rêve californien se conclut par un succès retentissant, sous un délire de bravos et de confettis.

Mais pas à San Jose, où le rêve californien des Sharks devra vraisemblablement attendre. Une autre fois.

Non, l'équipe qui débarque au Centre Bell ce soir, pour y affronter le Canadien, n'est pas l'équipe que l'on attendait. Les Sharks doivent plutôt lutter. Pour leur survie, pour leur fierté, eux qui n'ont jamais raté les séries éliminatoires au cours des 10 dernières saisons. Eux qui ont campé le rôle du grand favori très souvent pour toujours finir par échouer bien avant le fil d'arrivée.

Parmi tous les échecs spectaculaires de ce club, c'est peut-être celui du printemps dernier qui remporte le grand prix et qui produit, encore, des lendemains douloureux. Au premier tour des séries, les Sharks, doit-on le rappeler, avaient une solide avance de 3-0 face aux Kings de Los Angeles, et l'affaire semblait déjà classée... avant que les Kings remportent les quatre matchs suivants. Le genre de dénouement que même leurs voisins de Hollywood n'auraient pu imaginer.

Saison rocambolesque

La suite s'est avérée difficile pour les Sharks. Le capitaine Joe Thornton s'est fait arracher son C pendant l'été, une décision qui n'a pas manqué de provoquer une controverse jusqu'à tout récemment quand le principal intéressé a poliment suggéré à Doug Wilson, le directeur général du club, de se la fermer.

Malgré tout, l'entraîneur-chef Todd McLellan sourit quand on lui parle de cette saison, disons, rocambolesque.

«Peu importe l'équipe que l'on dirige, il y a des défis à relever chaque année, a commencé par répondre le coach, hier au Centre Bell. Il y a des hauts, des bas, et il faut savoir bien s'entourer comme entraîneur. Et je suis bien entouré, avec Larry Robinson, entre autres. Il faut être capable de surmonter les obstacles à mesure que la saison avance.

«Je ne connais pas toutes les raisons qui ont motivé le Canadien à ne pas avoir de capitaine cette saison, mais c'est peut-être un peu comme nous; on a une jeune équipe et on veut voir lesquels de nos joueurs vont émerger. Notre équipe est très unie, et tous les joueurs se sont ralliés derrière Joe Thornton. Joe a été très bon pour nous cette saison. C'est un gars de 36 ans qui joue comme un gars de 26 ans.»

Passages à vide

À l'image de leur entraîneur, les joueurs des Sharks ne veulent pas trop s'attarder sur les distractions rencontrées depuis le printemps passé.

«Je ne crois pas que ce fut une saison difficile, a insisté pour dire le gardien Antti Niemi. Nous avons connu deux passages à vide, sans pouvoir obtenir les points dont nous avions besoin au classement. Mais de façon générale, l'équipe a bien joué.»

Pour l'attaquant Tommy Wingels, l'histoire du C, les petites querelles à l'interne, le DG et le joueur-vedette, tout ça est du passé. «Plus personne ne parle de ça. En tout cas, nous, les joueurs, on n'en parle pas, a-t-il tenu à dire. Il n'y a rien de tout ça qui a affecté le rendement de l'équipe.»

Reste à voir si les Sharks pourront survivre, eux qui ont encore 11 matchs pour sauver leur saison. Et 11 matchs pour tenter de retrouver ce rêve américain qui leur file entre les doigts depuis trop longtemps.

Vlasic, le Subban des Sharks

Marc-Édouard Vlasic était absent, lors de l'entraînement des Sharks, hier au Centre Bell, et il avait une bonne raison: il était plutôt à Québec, où les Remparts allaient retirer son chandail. Ce genre d'hommage n'étonne guère Todd McLellan, qui tient le défenseur québécois en haute estime. «Il est devenu un pilier à notre ligne bleue, a expliqué le pilote des Sharks. Il peut jouer dans toutes les situations, et son conditionnement physique est exceptionnel. Le Canadien a P.K. Subban, les Sénateurs ont Erik Karlsson et nous, on a Marc-Édouard Vlasic.»