La Centrale de recrutement de la Ligue nationale a publié hier le classement de mi-saison des espoirs en prévision du prochain repêchage. Et la visite à Montréal des Predators de Nashville est une bonne façon de se rappeler que bien des choses peuvent changer d'ici au 26 juin... Et après.

En 2012, Filip Forsberg était au premier rang des patineurs européens à la mi-saison. Le Suédois trônait toujours au sommet, quelques mois plus tard, au classement final.

La revue spécialisée McKeen's, qui regroupe tous les espoirs dans une même liste, classait Forsberg troisième. Même son de cloche du côté du réputé analyste Bob McKenzie, qui n'a pas l'habitude de faire ses prédictions en lisant la carte du ciel. De son côté, le réseau Sportsnet plaçait Forsberg au quatrième rang.

Or, par ce vendredi soir de juin 2012, à Pittsburgh, Forsberg a finalement dû attendre le 11e rang avant d'être réclamé par les Capitals de Washington. Il a même vu un Européen, Hampus Lindholm, être repêché cinq rangs avant lui par les Ducks d'Anaheim. Lindholm a fait le saut en Amérique du Nord dès l'automne suivant, tandis que Forsberg a honoré la dernière année de son contrat à Leksands avant de traverser aux États-Unis.

«Les Européens, c'est toujours un point d'interrogation, rappelle un recruteur québécois de la LNH. Il y a bien sûr la menace de la KHL avec les Russes. Les Suédois, eux, sont très bien payés dans leur pays. L'autre chose qui nous influence, c'est le contrat. Nous, on a déjà rencontré une trentaine d'espoirs [pour le prochain repêchage]. C'est avec ces rencontres que l'on sait si le joueur a un contrat là-bas, s'il a l'intention de venir jouer en Amérique du Nord bientôt. Et là, certaines équipes vont reculer sur tel ou tel joueur, parce qu'elles ne sont pas sûres du moment où il va quitter l'Europe.»

Une autre hypothèse

Un autre recruteur a une autre hypothèse sur ce qui a pu se produire pour expliquer la chute de Forsberg.

«Ce n'est pas nécessairement lui qui s'est affaissé, mais il a ralenti en fin de saison et d'autres joueurs ont progressé», souligne-t-il.

Par ailleurs, notre recruteur a aussi rappelé que les équipes qui ont parlé du 4e au 10e rang ont toutes choisi un défenseur.

«Si les équipes ont besoin d'aide en défense, elles vont passer tout droit sur un attaquant et donner priorité aux défenseurs. Et elles vont faire le calcul qu'un autre joueur, repêché plus tard, avec un développement adéquat, finira par offrir un rendement similaire à celui de Forsberg.»

Éclosion à Nashville

On connaît bien la suite dans le cas de Forsberg. Visiblement victime d'une bulle au cerveau, le DG d'alors des Capitals, George McPhee, a échangé Forsberg contre l'improductif Martin Erat le 3 avril 2013. Ce dernier aura finalement fourni aux Capitals 2 buts et 27 points en 62 matchs avant d'être de nouveau échangé, cette fois aux Coyotes de l'Arizona.

Forsberg, lui, trône au premier rang des recrues de la LNH avec 40 points en 45 matchs. Il préfère croire que son explosion est due au système de jeu de son entraîneur-chef, Peter Laviolette.

«C'est une année de transition, et l'équipe s'adapte de mieux en mieux, a-t-il expliqué hier matin, dans le vestiaire des visiteurs, au Centre Bell. On a d'autres joueurs comme Colin Wilson et Craig Smith qui ont aussi explosé. On a un entraîneur plus offensif et ça a fonctionné pour moi aussi.»

Seulement trois joueurs de son année de repêchage comptent plus de points que lui dans leur carrière dans la LNH: Nail Yakupov, Alex Galchenyuk et Lindholm. Et Forsberg a joué la moitié moins de matchs!

Il est logique de croire que le jeune homme de 20 ans finira par dépasser Lindholm, un défenseur, et Yakupov, dont la production ne cesse de régresser depuis son année recrue. Les Capitals se mordront peut-être les doigts de l'avoir échangé, mais bien des équipes pourraient regretter de l'avoir laissé passer.

______________________________________________

Bourque a trouvé sa place

Ça n'a pas toujours été facile, mais Gabriel Bourque a finalement traversé la tempête. C'est qu'avec les embauches estivales d'Olli Jokinen, Derek Roy et autres Mike Ribeiro, il y avait congestion à l'avant chez les Predators de Nashville, et Bourque en a fait les frais.

Laissé de côté 13 fois, dont notamment 8 matchs de suite en novembre, Bourque a maintenant disputé 20 des 21 dernières rencontres de son équipe et passe en moyenne 11 minutes sur la patinoire.

«C'était une adaptation, mais là, j'ai un rôle défensif, l'entraîneur me fait confiance en désavantage numérique et dans les fins de match. C'est un rôle différent et je l'apprécie. On est deuxième dans la Ligue nationale, je dois accepter mon rôle», souligne le Rimouskois.

______________________________________________

Hutton comme l'an dernier

Avec la récente blessure de Pekka Rinne, qui devra rater environ un mois, les Predators de Nashville devront faire confiance à Carter Hutton devant le filet. Son dossier de 1-4-2 et son taux d'efficacité de ,892 (avant le match d'hier) n'inspirent guère confiance, mais Hutton avait prouvé la saison dernière qu'il pouvait tenir son bout en l'absence de son coéquipier.

Hutton avait présenté une fiche de 20-11-4, avec une efficacité de ,910 en 2013-2014, saison pendant laquelle Rinne a raté 51 matchs en raison d'une blessure à la hanche survenue en octobre. Cette fois, Rinne est tombé au combat en janvier, quand les Predators occupaient le premier rang de la division Centrale. Pression?

«En tant que gardien, il y a de la pression sur tous les plans. Ça ne donne rien d'en rajouter. Il s'agit de profiter du moment», répond Hutton.