L'arrestation du défenseur étoile Slava Voynov, des Kings de Los Angeles, à la suite d'une affaire de violence conjugale, tôt lundi matin, a incité la Ligue nationale à agir promptement et à suspendre indéfiniment le Russe de 24 ans jusqu'à ce que l'enquête policière ait tiré ses conclusions.

Aux yeux du vétéran Manny Malhotra, qui a souvent agi, au cours de sa carrière, comme représentant de son équipe auprès de l'Association des joueurs, le circuit Bettman a bien fait de ne pas traîner.

Même si certains diront que la présomption d'innocence n'a pas été appliquée (quoique Voynov sera payé en dépit de sa suspension), la responsabilité sociale d'un joueur de hockey doit inciter tout le monde à montrer patte blanche.

«C'est un privilège d'être un athlète professionnel, a rappelé le centre du Canadien. On doit respecter la situation dans laquelle on est, d'être sous les projecteurs et d'être épiés continuellement. Nous avons assurément la responsabilité d'agir en tenant compte de cela.

«Tout ce que l'on fait est du domaine public, a plus tard ajouté Malhotra. Tout va sortir sur les médias sociaux. C'est une question de représentation de notre milieu de travail et de notre marque de commerce. La LNH se soucie de la façon dont ses employés la représentent, et il faut dire que c'est un environnement particulier. Il n'y a que 700 personnes qui ont ce travail-là.»

Les soupçons de la police

Voynov a été arrêté dans la nuit de dimanche à lundi à l'hôpital Little Company of Mary. Il s'y trouvait en compagnie de sa conjointe, qui s'est fait soigner pour des blessures qu'il lui aurait infligées, selon les soupçons de la police.

Le personnel hospitalier, qui a dû traiter d'urgence la jeune femme, a communiqué avec la police de Redondo Beach vers 1h du matin. Arrivée sur les lieux, celle-ci a interviewé la victime avant de procéder à l'arrestation de Voynov.

Le défenseur des Kings a été libéré sous cautionnement et comparaîtra en cour le 1er décembre. Aucune accusation n'a encore été déposée formellement, mais la ligue estimait qu'elle en savait assez pour agir.

Les leçons de la NFL

En annonçant sa décision, la LNH a précisé que la suspension avait été imposée en vertu de la section 18-A.5 de la convention collective.

Celle-ci prévoit que, dans l'attente d'une enquête criminelle, «la Ligue peut suspendre le joueur après une révision formelle de la situation si le fait de ne pas suspendre le joueur peut créer un risque substantiel de dommage matériel aux intérêts légitimes ou à la réputation de la ligue».

Cette disposition de la plus récente convention collective est appliquée pour la première fois par la LNH depuis le fameux incident Ray Rice, dans la NFL. On se souviendra que le commissaire de la NFL, Roger Goodell, a vécu un désastre de relations publiques lors de cette affaire de violence conjugale impliquant l'ex-joueur des Ravens de Baltimore. L'image de sa ligue a été mise à mal.

«C'est toujours mieux de prendre les devants que de chercher à faire du rattrapage», a souligné Malhotra, qui estime que la ligue a pris les mesures nécessaires pour attaquer de front ce sujet délicat.

Doit-on en conclure que la LNH a bien agi là où la NFL a erré?

«C'est facile à dire avec du recul, a précisé le centre du Tricolore. On peut analyser les erreurs qu'elle [NFL] a faites en cours de route lors des quelques cas auxquels elle a dû faire face.

«Mais le caractère proactif de la LNH en dit long sur la façon dont elle s'attend à ce qu'on se conduise en tant que joueurs qui représentent la ligue et comment on doit agir en public de nos jours.»

Cela dit, il ne fait aucun doute que l'été d'enfer qu'a vécu la NFL a incité les circuits professionnels à revoir leurs pratiques. L'an dernier, la LNH était restée silencieuse lorsque Semyon Varlamov a été arrêté pour violence conjugale. Aucune accusation n'a été portée à l'endroit du gardien de l'Avalanche du Colorado mais, comme l'a indiqué le vice-président de la LNH, Bill Daly, au réseau ESPN, «les circonstances étaient différentes».

Selon le Code pénal californien, une personne coupable selon l'article 273.5 (pour lequel Voynov a été arrêté) risque jusqu'à quatre ans de prison.

Une condamnation rendrait également le défenseur russe passible d'expulsion.