C'était le match de hockey le plus important à se jouer au Centre Bell depuis le mois d'avril 2011 quand le Canadien avait battu les Bruins de Boston pour éviter l'élimination.

Tout le monde le savait.

Le Tricolore s'est montré à la hauteur du défi, mardi soir, et a résisté aux assauts tardifs des Bruins pour prendre les devants 2-1 dans la série en vertu d'une victoire de 4-2.

> Le sommaire du match

Après avoir échappé des avances de deux buts dans les deux premiers matchs de la série, il a fallu que le Canadien se forge une avance de 3-0 à mi-chemin dans le match pour tenir en respect un adversaire redouté pour ses nombreuses remontées et son jeu inspiré en troisième période.

«Nous nous sentions un peu plus confiants après avoir eu l'inquiétante avance de deux buts lors des deux matchs précédents», a confié Dale Weise, l'auteur du but gagnant.

Michel Therrien, qui avait vu Claude Julien mettre avec succès Zdeno Chara dans les pattes de son premier trio à Boston, a eu la main heureuse en séparant ses meilleurs effectifs. Il a redonné Brendan Gallagher à David Desharnais et Max Pacioretty et Thomas Vanek s'est retrouvé à la droite de Michaël Bournival et Tomas Plekanec.

«Le trio de Desharnais ne produisait pas suffisamment à forces égales depuis dix matchs, a expliqué Therrien. Je leur ai dit ce matin que je voulais apporter plus d'énergie sur tous les trios. Je suis bien sûr content du résultat. Gallagher a apporté de l'énergie à son trio et Vanek a fait tout un jeu sur le premier but. »

C'est en effet un tir-passe brillamment exécuté par l'Autrichien qui a permis à Plekanec de lancer le CH en avant après un début de première période qui manquait de rythme. Vanek est ensuite disparu pour un moment car il s'est blessé en entrant en collision avec P.K. Subban.

Le jeune défenseur a été puni car il avait levé le coude en ratant sa mise en échec sur Reilly Smith. Non seulement l'équipe s'est-elle retrouvée en infériorité numérique mais, dans sa chute, Subban est entré en contact avec Vanek, qui ne semblait déjà pas à 100% de ses capacités. Ce dernier est revenu au jeu en deuxième période, mais n'a pas beaucoup été utilisé (8:45 dans les 40 dernières minutes).

Subban en feu

Mais revenons à Subban, cette machine à broyer des Bruins.

Il a fait irruption hors du banc des pénalités pour accepter la longue passe de Lars Eller et en a profité pour doubler l'avance du Canadien.

Au-delà de la punition qui se terminait, la bombe d'Eller constituait une stratégie établie chez le Canadien.

«C'est ce qu'on essaie de faire depuis le début, a expliqué le Danois, qui a complété la marque dans un filet désert. Une rondelle va plus vite que n'importe quel joueur, donc dès qu'on peut étirer le jeu et exercer une transition rapide, c'est ce qu'on va rechercher.»

Du même coup, Subban enregistrait un cinquième match de deux points en sept rencontres seulement depuis le début des séries. Il est dominant.

Meilleur à égalité numérique

Dans un match où il n'a profité que d'un seul avantage numérique, le Canadien s'est montré plus compétitif à cinq-contre-cinq que dans les deux matchs précédents. Il y a certes eu des moments où les Bruins ont pressé le pas et où les défenseurs en rouge ont dû bloquer des lancers; mais le contrôle de la rondelle était beaucoup plus partagé que lors des deux premières rencontres et les Bruins n'ont pas eu autant de chances de marquer.

Les hommes de Michel Therrien ont entre autres montré plus de vitesse et d'intensité en échec-avant. Leur travail avec le bâton était également très efficace. Ils soutiraient la rondelle, ou à tout le moins précipitaient les gestes des Bruins grâce à «de bons bâtons».

Il reste que lorsque Patrice Bergeron a resserré l'écart à deux buts en fin de deuxième, les Bruins avaient raison de croire en leurs chances en retournant au vestiaire. Après tout, on avait déjà vu ce film-là.

Heureusement qu'auparavant, Dale Weise s'était chargé d'augmenter l'avance des siens! Tout comme Subban avant lui, il a pu profiter d'une longue passe pour filer en échappée et battre le gardien Tuukka Rask.

À jeudi

C'était la première fois que les Bruins perdaient le troisième match d'une série éliminatoire depuis le 6 mai 2009, face aux Hurricanes de la Caroline. Eh oui, il y a cinq ans jour pour jour.

Dans le camp du Canadien, nul doute qu'il s'agissait là d'un match énorme. Il va sans dire que si les Bruins l'avaient emporté, leur niveau de confort au Centre Bell aurait été décuplé pour le quatrième match. Dès lors, ils auraient eu les doigts sur la jugulaire du Canadien.

Or, le résultat de mardi balance maintenant tout le fardeau de la preuve sur l'équipe favorite.

«C'est plate à dire, mais le match le plus important, c'est le prochain», a toutefois rappelé P.K. Subban.

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Ils ont dit

> Carey Price: «P.K. démontre pourquoi c'est un gagnant du trophée Norris. Il contrôle très bien ses émotions, il demeure calme et il est un élément important de notre équipe.»

> P.K. Subban: «J'ai revu la reprise de ma pénalité et c'est vrai que mon bras était haut... Par la suite, c'est facile de dire que j'ai eu une échappée à ma sortie du banc, mais (Lars) Eller m'a fait une très bonne passe. Et la passe de (Thomas) Vanek sur le premier but était quelque chose également! J'ai beau avoir tous les micros sous mon nez, c'était vraiment une victoire d'équipe. »

> Mike Weaver: «On a été plus responsables ce soir, on a réduit notre nombre de revirements en zone neutre et on a été en mesure d'envoyer la rondelle profondément en zone adverse.»

> Michel Therrien, au sujet du retour au jeu de Douglas Murray et du retranchement de Brandon Prust: «On a des joueurs qui sont prêts et qui veulent jouer. On n'a jamais eu peur, tout au long de la saison, de faire appel à notre profondeur. Mais ce sont parfois des décisions difficiles à prendre.»

> P.K. Subban, à propos de la deuxième étoile du match: «S'il peut voir la rondelle, Carey va l'arrêter. On sait à quel point il est bon, mais ce n'est pas Superman. Il ne peut pas voir à travers les corps. Il faut faire attention de ne pas le placer en situation difficile. Mais bon, il est assez proche d'être Superman! Cela dit, je crois qu'on a fait du bon travail pour dégager le devant du filet. Les deux buts des Bruins ont été le résultat de déviations.»

> Michel Therrien: «Avec (Michaël) Bournival, tu sais exactement à quoi t'attendre. C'est un petit gars qui a progressé toute l'année. Par sa rapidité, il met de la pression sur le porteur de la rondelle. Je n'ai pas eu peur de l'envoyer dans la dernière minute du match.»

> Lars Eller: «Le sixième match à Montréal (face aux Bruins) en 2011 avait été crucial. Celui de ce soir était également un match-clé.»