Pour la première fois depuis qu'il a gagné la Coupe Stanley en 1993, le Canadien s'est offert un balayage en séries. Le Lightning de Tampa Bay en a fait les frais, mardi soir, alors qu'une victoire 4-3 du Tricolore a mis un point d'exclamation à une série où le Lightning a été foudroyé.

> Le sommaire du match

«Quatre matchs, quatre victoires; on ne peut rien demander de plus», a lâché Lars Eller avec le sourire.

Max Pacioretty a tranché le débat avec à peine 43 secondes à faire en troisième période. Son but en avantage numérique a permis de sauver une troisième période qui avait vu les hommes de Jon Cooper revenir en force.

Car le Lightning n'a jamais abandonné. Secoué comme une poupée de chiffon lors des 40 premières minutes et dominé 29-13 aux lancers, il a finalement pris d'assaut le territoire du Canadien en début de troisième.

À peine trois minutes ont séparé les buts de Victor Hedman et Tyler Johnson, qui ont permis au Lightning de niveler la marque. Tout à coup, les visiteurs étaient premiers sur la rondelle et profitaient du fait que le CH jouait sur les talons.

Paquette contrit

C'est une punition à la recrue Cédric Paquette qui a fait pencher la balance avec 2:11 à faire. Lorsque la sirène finale a retentit, le Gaspésien a pleuré au banc des siens avant d'aller serrer la main aux joueurs du Canadien.

«Je me sens assez mal, oui, a confié Paquette d'une voix sourde. La punition, c'était ma faute. Et le deuxième but aussi.

«Les gars sont venus me voir après pour me dire que j'avais connu un bon match, une bonne série. Je peux juste apprendre de ça. Mais la sensation n'est pas très agréable en ce moment.»

Inutile de dire que les émotions étaient aux antipodes dans le camp du Canadien!

S'il a levé le pied en première moitié de troisième période, le CH sait qu'il a dicté l'allure de ce quatrième match... et de pas mal toute la série. S'il l'a brièvement oublié, Michel Therrien s'est chargé de le lui rappeler en demandant un temps d'arrêt après le but égalisateur.

«On a été en contrôle et on a été bons dans toutes les facettes du jeu pendant la majorité des quatre matchs, estime Daniel Brière, l'auteur du premier but des siens.

«Si l'on regarde les 10 premières minutes de la troisième, on s'est assis un peu et on jouait sur les talons, et c'est là qu'on s'est fait prendre. Mais on a été capables de rebondir et de revenir en force dans les dernières minutes.»

Encore les quatre trios

Les bons joueurs ont le don de s'élever au bon moment, et Pacioretty, après avoir été frustré à de nombreuses reprises, a bondi sur une rondelle libre pour inscrire le but vainqueur.

Mais somme toute, il faut avouer que le Canadien a remporté ces quatre matchs sans que son premier trio ait eu trop besoin de se distinguer. Tout au long de la série, les troisième et quatrième trios ont pris le contrôle de la situation alors qu'ils étaient souvent confrontés à des joueurs qui leur étaient inférieurs.

Dale Weise a mis la table tôt dans le match pour permettre à Brière de donner les devants au Canadien.

«De voir les quatre trios marquer un but, je ne pensais pas revoir cela une fois dans la série», a avoué Weise.

Lars Eller, qui récoltait un point dans un sixième match consécutif - si l'on inclut les deux dernières rencontres du calendrier régulier - a doublé l'avance des siens avant la fin de la première.

Puis Gallagher a chassé Anders Lindback en faisant 3-1 sur un tir frappé provenant du cercle de mise en jeu.

L'entraîneur-chef Jon Cooper a remplacé Lindback par le Letton Kristers Gudlevskis, qui a été étincelant par la suite.

«Ce que notre équipe a traversé cette saison est bien documenté, a dit Jon Cooper après le match. Ça a été une année de transition pour nous d'une façon incroyablement positive. On a 12 ou 13 joueurs qui ont vécu leurs débuts en séries dans la LNH cette année, ce qui est peut-être inédit.

«Si on était pour tomber au combat, au moins on allait se battre. Et je sais que 21 000 personnes étaient nerveuses en troisième période...»

Mais ce que tous ces fans en délire se demandent maintenant, c'est: que va-t-on faire pendant plus d'une semaine à attendre la fin de la série Boston-Detroit?

Le Canadien, lui, va commencer par deux journées de congé bien méritées.

____________________________________________________

Ils ont dit

> Michel Therrien: «C'est une équipe différente par rapport à l'an dernier. On avait de jeunes joueurs qui commençaient et on a beaucoup appris. Moi-même, j'ai beaucoup appris de mes gars. Cette année, le fait d'avoir terminé la saison en force, dès le retour de la pause olympique, a aidé notre confiance. L'équipe croit à notre façon de jouer.»

> Daniel Brière, sur la présence de Ginette Reno qui a gonflé à bloc le Centre Bell: «Je connais plusieurs de ses chansons. Ça jouait chez nous, ma mère est une grande fan... (Hier) soir, le moment était magique. Quand elle est embarquée pour chanter l'hymne national, mais aussi à la fin quand elle est restée pour savourer le moment. C'était spécial.»

> Brian Gionta, au sujet du temps d'arrêt demandé par Michel Therrien: «Il n'y avait pas de panique. On contrôlait la série, on contrôlait la majorité du match, et il était seulement temps d'empêcher la boule de neige de grossir davantage.»

> Carey Price, sur le Letton Kristers Gudlevskis, qu'il retrouvait pour la première fois depuis Sotchi: «C'est un très bon gardien. Il a fait quelques gros arrêts pour eux. Mais on était affamés et on a trouvé le moyen d'en enfiler un.»

> L'entraîneur-chef du Lightning, Jon Cooper, à propos de la pénalité à Cédric Paquette: «Ça s'est joué dans le seul coin de la patinoire où je ne pouvais pas voir l'action. Mais après le match, je sais que mes adjoints étaient animés. Ce qui est dommage, c'est que les arbitres ont laissé jouer les joueurs toute la soirée et les laissaient décider de l'issue du match. Alors, c'est décevant d'être puni dans les deux dernières minutes.»

> Jon Cooper: «J'ai dit à (Cédric) Paquette de relever la tête. Ce pauvre garçon a donné tout ce qu'il avait. Il est le premier à qui je suis allé faire l'accolade dans le vestiaire. Il a été sensationnel pour nous. J'espère que personne n'en fera le bouc émissaire car il a gagné toutes ses mises en jeu en zone défensive, il a eu une pléthore de chances avec son trio, il a rendu cette unité meilleure et il n'a pas cessé de punir ses opposants.»