La ville de Newark, de même que la planète hockey au grand complet, a eu droit à une surprise de taille, hier après-midi. L'attaquant Ilya Kovalchuk, des Devils du New Jersey, a annoncé qu'il prenait sa retraite de la Ligue nationale de hockey.

L'ailier gauche, âgé de seulement 30 ans, renonce donc aux 12 ans et, surtout, aux 77 millions qu'il restait à son contrat signé en 2010.

Dans un bref communiqué, Kovalchuk a indiqué qu'il songeait à se retirer depuis qu'il était retourné jouer en Russie, pour le SKA Saint-Pétersbourg de la KHL, pendant le récent lock-out dans la LNH.

«Bien que j'aie décidé de revenir la saison dernière, Lou [Lamoriello, directeur général du club] était au courant de mon désir de retourner à la maison et d'avoir ma famille avec moi là-bas», a-t-il déclaré.

«Le plus difficile pour moi est de quitter les Devils du New Jersey, une grande organisation pour laquelle j'ai beaucoup de respect, de même que les partisans qui ont été bons avec moi.»

L'histoire n'est pas sans rappeler le cas d'Alexander Radulov, qui avait déserté les Predators de Nashville en 2008 pour aller jouer dans la KHL, où il évolue toujours.

Un trou béant dans l'alignement

La retraite-surprise de Kovalchuk signifie que les Devils, qui éprouvent de très sérieuses difficultés financières, n'auront pas à lui payer le salaire restant de ce contrat. Ils devront cependant vivre avec une pénalité de 250 000$ sur la masse salariale pour les 12 prochaines années.

Mais c'est surtout sur le strict plan hockey que le départ de Kovalchuk se fera sentir. Ce dernier était, et de loin, le meilleur attaquant des Devils. Il avait notamment connu une saison de 83 points en 2011-2012. L'an dernier, il a marqué 11 buts et récolté 20 mentions d'aide en 37 rencontres.

C'était encore plus vrai depuis que Zach Parisé avait quitté pour le Wild du Minnesota en 2010, en partie parce que les Devils voulaient à tout prix faire signer un contrat en bonne et due forme à Kovalchuk.

Rappelons que la LNH avait en effet sanctionné les Devils après qu'ils eurent accordé à Kovalchuk un premier contrat qui contrevenait aux règles du plafond salarial. En conséquence, l'équipe devait abandonner un choix de premier tour au repêchage, qui sera finalement celui de 2014.

Il ne faut pas non plus oublier que le robuste David Clarkson a récemment quitté Newark pour se joindre aux Maple Leafs de Toronto.

Ainsi donc, lorsqu'on regarde l'alignement du New Jersey, on s'aperçoit que les principales armes de l'équipe à l'attaque seront maintenant Travis Zajac et le vétéran Patrik Elias. On peut ajouter à cette liste Michael Ryder et Ryane Clowe, tous deux acquis sur le marché des joueurs autonomes la semaine dernière.

Avec le peu de ressources dont ils disposent désormais à l'avant, c'est à se demander si les Devils ne finiront pas dans les bas-fonds du classement, la saison prochaine, et seront donc forcés de dire adieu à un choix de repêchage potentiellement très élevé.

Et maintenant?

La grande question maintenant est de savoir ce que fera Kovalchuk.

Tout indique qu'il poursuivra désormais sa carrière dans la KHL. Le quotidien russe Sovietsky Sport rapportait d'ailleurs hier que l'attaquant se joindrait de nouveau au SKA Saint-Pétersbourg et qu'une annonce en ce sens était attendue aujourd'hui.

Si c'est bel et bien le cas, nul doute qu'il empocherait encore une fois un salaire substantiel. Certaines sources ont indiqué que le SKA lui a versé pas moins de 15 millions pendant le lock-out.

L'autre option serait qu'il abandonne complètement le hockey pour passer plus de temps avec sa famille dans son pays natal. Mais à son jeune âge et avec tout le talent dont il dispose, ce serait fort surprenant.

Les réactions fusent

Chose certaine, la décision de Kovalchuk n'a pas manqué de faire réagir.

Interrogé à ce sujet, l'ancien capitaine du Canadien Guy Carbonneau avouait ne pas comprendre le choix de l'ailier-vedette. «Il est encore dans la fleur de l'âge et avait toujours beaucoup de choses à prouver. Comme quoi on ne connaît jamais vraiment le fond de la pensée de quelqu'un», a-t-il dit.

Carbo se questionne également sur le moment qu'a choisi Kovalchuk pour annoncer sa retraite, tout juste une semaine après l'ouverture du marché des joueurs autonomes.

«S'il avait décidé ça avant, je suis certain que Lou Lamoriello aurait été plus agressif pour mettre Clarkson sous contrat. Il reste encore des joueurs, mais c'est certain que le bassin de talent est moins grand.»

De son côté, Jeremy Roenick, ex-vedette des Blackhawks de Chicago, n'a pas mâché ses mots pour dire ce qu'il en pensait sur Twitter.

«Je suis si furieux présentement, a-t-il écrit. Je me sens mal pour Lou Lamoriello. Il a donné un contrat de 100 millions de dollars à un joueur qui n'a que faire de la LNH!

«Hé, Ilya! J'espère que tu vivras confortablement en Russie avec les 23 millions que tu as volés aux Devils», a poursuivi le volubile Roenick.

Repêché au tout premier rang par les défunts Thrashers d'Atlanta en 2001, Ilya Kovalchuk avait été échangé au New Jersey à la date limite des transactions durant la saison 2009-2010.

Il présente un dossier de 417 buts et 399 mentions d'aide, pour un total de 816 points, en 816 matchs dans la LNH.