Déchirure au cartilage d'une côte durant le quatrième match. Fracture à une côte lors du cinquième. Luxation à l'épaule pendant le sixième.

Patrice Bergeron a continué de jouer malgré tout cela en finale de la Coupe Stanley. Et ça n'inclut pas le poumon dont la paroi s'est affaissée, un mal dont l'attaquant des Bruins de Boston n'a appris l'existence qu'après le dernier match de la série, disputé à TD Garden.

«Je ne sais pas si c'est une question de fierté, a déclaré Bergeron, mardi. J'imagine que certaines personnes diraient que c'est stupide.»

Il était à l'hôpital, mercredi dernier, quand ses coéquipiers ont rencontré les journalistes pour la dernière fois, deux jours après que les Blackhawks de Chicago eurent remporté la finale en six matchs. Il s'est donc présenté dans le vestiaire des siens, mardi, pour réciter les détails de son parcours médical du printemps.

Les points de suture au-dessus de l'oeil droit, qu'on lui avait cousus sur le banc des Bruins pendant le troisième match de la demi-finale d'association contre les Rangers de New York, avaient disparu. La cicatrice rouge qu'il avait au nez, résultat de son combat contre Evgeni Malkin dans le premier match de la finale d'association contre les Penguins de Pittsburgh, était encore visible.

Sa rate n'a montré aucun dommage après qu'une ambulance l'eut transporté du United Center jusqu'à un hôpital de Chicago durant le cinquième match de la finale. Et une commotion cérébrale, la quatrième de sa carrière, l'a gardé à l'écart pendant six matchs en avril.

Malgré tout cela, Bergeron a déclaré qu'il n'aura pas besoin d'être opéré et qu'il devrait être prêt à temps pour le début du prochain camp d'entraînement.

«J'ai juste besoin, je dirais, d'à peu près deux semaines», a-t-il dit.

Bergeron insiste pour dire qu'il n'a rien fait de spécial en continuant de jouer.

«Tu mets tout en jeu pour aider ton équipe. C'est en gros ce que j'ai fait. Je suis certain que les autres auraient fait la même chose, a déclaré le joueur de centre. Il y a beaucoup de durs dans notre équipe et je ne devrais pas faire l'objet de tous les compliments.»

Mais sans Bergeron, il est probable que les Bruins auraient été éliminés dès le premier tour, quand ils tiraient de l'arrière 4-1 contre les Maple Leafs de Toronto au milieu de la troisième période du septième match. Il a égalé le score avec 51 secondes à jouer, puis donné la victoire aux Bruins avec son filet réussi à 6:05 de la prolongation.

Bergeron a enfilé un autre but en prolongation lors du troisième match contre les Penguins de Pittsburgh. Il a ensuite réussi deux buts - et les premiers depuis sa série de blessures - dans le quatrième affrontement contre Chicago.

C'était là le match où l'attaquant québécois s'est déchiré du cartilage aux côtes. Puis, tôt pendant la cinquième rencontre, il a été atteint aux côtes et souffert une fêlure au côté gauche. Les médecins lui ont dit que la seule façon qu'il pourrait disputer le sixième match, c'était en le gelant afin de bloquer son nerf. Il a accepté, et a dû recevoir une autre injection pendant le match.

Bergeron s'est également séparé l'épaule droite en première période, mais il a joué jusqu'à la fin.

«Je ne me souviens pas qui était le joueur adverse, mais j'étais dans le coin, à essayer de batailler pour la rondelle tout en protégeant mes côtes, a-t-il expliqué. J'ai chuté de façon bizarre sur la bande en ouvrant légèrement mon épaule, et elle s'est séparée.»

Au fil du match, il a senti son énergie le quitter. À la fin, il est resté pour serrer la main de ses adversaires et il est rentré au vestiaire.

De là, Bergeron a été transporté à l'Hôpital général du Massachusetts, où on a constaté que son poumon avait été perforé.

«J'avais un peu de difficulté à respirer, a-t-il dit. J'avais la sensation que ma poitrine se refermait sur moi, alors les médecins n'ont pas voulu prendre de chance. Il y a une machine à rayons X (dans le vestiaire), mais ils ne pouvaient pas vraiment voir. Ils voulaient être certains et, par chance, ils ont pris la bonne décision.»

À l'hôpital, un tube a été placé dans son côté gauche pendant quelques jours pour enlever l'air à l'endroit où s'était affaissé le poumon et s'assurer qu'il reste gonflé, a décrit Bergeron. Des coéquipiers lui ont rendu visite mercredi dernier, le jour où il a reçu son congé.

«C'était bien de voir les gars et de pouvoir leur parler un peu», a-t-il reconnu.

Pendant qu'il se remet de ses blessures, Bergeron espère s'entendre avec les Bruins afin de prolonger son contrat de trois ans qui se terminera à l'issue de la prochaine saison. Il s'est dit «très confiant» que ça se fasse.

«Ça signifierait beaucoup pour moi, a déclaré Bergeron. C'est une équipe qui a cru en moi quand j'avais 18 ans et maintenant, c'est chez moi ici. J'adore la ville. J'adore les gens et c'est certain que j'adore l'organisation.»

Et il adorerait remporter une autre coupe. C'est pourquoi il a joué malgré la douleur.

«Je n'ai aucun regret, a-t-il affirmé. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour aider mon équipe et essayer d'être là pour le match le plus important de l'année.»