La première chose qui frappe quand on arrive dans le très modeste aréna des Islanders de New York à Uniondale, c'est la pub de l'équipe. Cinq joueurs y sont présentés, mais le plus en évidence, celui dont le visage apparaît en plein centre, c'est Mark Streit.

À 33 ans, après avoir passé la dernière saison sur la touche en raison d'une blessure à l'épaule gauche, l'ancien porte-couleurs du Canadien a retrouvé la forme. Au sein de la pire formation de l'Est, Streit réussit quand même à rayonner, à preuve sa récolte de 10 points en 15 matchs.

Il est aussi le joueur le plus utilisé par l'équipe (moyenne de 23:38 par match), et il est devenu le leader du club, au point de porter le C du capitaine sur son maillot. «Je suis le premier joueur suisse à être capitaine dans cette ligue, c'est un honneur», explique-t-il dans le petit vestiaire des Islanders, avec la franchise qu'on lui connaissait à Montréal.

Streit et ses collègues des Islanders vont accueillir le Canadien, ce soir à Uniondale. Pour ce vétéran défenseur, il ne s'agira pas que d'un autre match. Ses compatriotes Raphael Diaz et Yannick Weber vont être là («je suis plus proche de Weber, il vient de ma ville natale», précise Streit), et en plus, il va revoir l'équipe qui lui a donné sa première chance en l'employant pendant trois saisons, de 2005 à 2008. «Je suis très reconnaissant envers le Canadien», dit-il.

À voir aller Streit dans l'uniforme des Islanders, on se demande pourquoi le Canadien ne lui a jamais offert de contrat avant qu'il ne soit libre comme l'air, à l'été 2008. Peut-on parler d'une erreur d'évaluation? À l'époque, le Canadien avait préféré miser sur Josh Gorges, Andrei Markov, Mike Komisarek, Roman Hamrlik, Ryan O'Byrne et Francis Bouillon à la ligne bleue.

La direction montréalaise avait donc fait savoir à Streit qu'elle n'avait pas de place pour lui parmi son groupe de défenseurs.

«La chose la plus importante, la raison pour laquelle j'ai dit oui aux Islanders, c'est parce qu'ils avaient confiance en moi comme défenseur, explique-t-il. À Montréal, Guy Carbonneau m'avait demandé de jouer comme attaquant. J'ai dit oui, je m'en foutais, je voulais juste être de la formation. Je n'avais jamais joué comme attaquant de ma vie.

«Mais après un certain temps, je croyais avoir mérité une place comme défenseur à Montréal. Mon objectif, c'était d'être défenseur, mais l'organisation du Canadien n'a jamais cru que j'allais être capable de jouer comme défenseur dans cette ligue.»

On connaît la suite: Mark Streit a fini par accepter un contrat de cinq ans pour 20,5 millions avec les Islanders. Et quatre des six défenseurs que le Canadien lui avait préféré ne sont plus là.