Obnubilés par les deux passes récoltées par James Wisniewski et par la sortie des limbes d'Andrei Kostitsyn, qui a finalement marqué après une disette d'un petit but en 19 matchs, les partisans du Tricolore ont une fois encore bâclé la sélection des trois étoiles, samedi, après la victoire de 3-2 du Canadien aux dépens des Rangers.

Une victoire serrée que Carey Price a préservée avec 20 arrêts bien comptés au dernier tiers.

Bien qu'il aurait pu accompagner son vis-à-vis Henrik Lundqvist (38 arrêts) au sein des trois étoiles, Carey Price était loin de se plaindre d'avoir vu défiler Andrei Kostitsyn (troisième) et James Wisniewski (première) sur la patinoire après le match.

Le gardien ne se cachait toutefois pas pour dire qu'à ses yeux, l'étoile du Canadien samedi revenait à Mathieu Darche. «Darchie n'a pas récolté de passe sur nos deux buts en attaque à cinq. C'est vrai. Mais sans lui devant le filet, aucun de ces tirs n'aurait déjoué Lundqvist. Vous ne pouvez pas savoir à quel point il est difficile de stopper des rondelles quand on doit partager son attention entre le gars qui tire et celui qui nous danse dans le visage», a expliqué Price après la rencontre.

«Encore une fois ce soir, Mathieu a fait mentir tous ceux qui contestent son utilisation en avantage numérique. L'importance d'un joueur au sein d'une équipe ne se mesure pas en buts et en points. Mathieu en fait la preuve match après match», a ajouté le capitaine Brian Gionta.

Respect des coéquipiers, confiance de l'entraîneur

Après avoir répondu à deux, trois, quatre vagues de questions, Mathieu Darche a souri lorsque La Presse lui a demandé s'il jouait présentement le meilleur hockey de sa carrière.

«Si meilleur veut dire efficace plus que beau, je suis bien d'accord», a vite répliqué le vétéran joueur québécois.

Avec un peu de chance et des mains de chirurgien au lieu des mains de plombier qui le servent toutefois très bien, Mathieu Darche aurait transformé un ou deux de ses cinq tirs bloqués par Lundqvist en buts. Si tel avait été le cas, les amateurs qui analysent les matchs en fonction des statistiques bien plus qu'en fonction du travail accompli auraient accordé une étoile à Darche et justice aurait été rendue.

Mais voilà: le Québécois vole bien au-delà des trois étoiles.

«Mes étoiles à moi, c'est de voir que j'ai acquis le respect de mes coéquipiers et la confiance de Jacques Martin. Je n'en reviens pas encore de ne pas avoir marqué. Mais les deux buts en attaque à cinq me satisfont autant que si j'avais compté», a assuré Darche en mimant ses tentatives ratées.

Hommage à Boucher et Tortorella

Malgré ses mains de plombier et une utilisation limitée (10 minutes 47 secondes en moyenne), Darche affiche sept buts et 16 points. Mieux encore, ses sept buts sur 61 tirs le laissent au quatrième rang des marqueurs les plus efficaces du Tricolore derrière Jeff Halpern, David Desharnais et Benoît Pouliot. Tout juste devant Tomas Plekanec...

N'allez toutefois pas croire que Darche se laissera distraire par une telle statistique.

«Je dois énormément à Guy Boucher, qui m'a dirigé à Hamilton l'an dernier. Mais je dois aussi beaucoup à John Tortorella, qui m'a donné une chance à Tampa. Lorsqu'il me donnait la chance de jouer avec Vincent (Lecavalier) et Martin (St-Louis), il me disait que j'étais mieux de ne pas commencer à faire de fla-fla, car je ne resterais pas longtemps avec eux. Il était dur et ne passait pas par quatre chemins. Mais il avait raison. Ce n'est pas parce que j'étais bon qu'il me mettait là. Ce n'est pas à cause de mes mains que Jacques (Martin) me donne la chance de jouer sur l'avantage numérique et de faire des présences avec Plekie à cinq contre cinq. C'est à cause du travail. Et je dois honorer ça.»

Si tout va à merveille pour lui et qu'il met toutes les chances de son côté pour obtenir une prolongation de contrat avec le Canadien, Mathieu Darche refuse de jeter l'ancre.

«Je sens que j'ai la confiance de Jacques. Mais je sais que deux mauvais matchs pourraient me la faire perdre aussi. Je n'ai pas l'intention de lui donner cette occasion.»