Rien n'est laissé au hasard pour permettre à Sean Couturier d'offrir les performances maximales. Même le choix de la famille d'accueil. Couturier a été envoyé cette saison chez Anne et Claude Proulx, les doyens parmi les familles d'accueil de joueurs des Voltigeurs de Drummondville.

«Ils hébergent des joueurs depuis 18 ans, note Dominic Ricard. Ils n'ont jamais eu d'enfants et ils traitent les joueurs comme leurs propres fils. Ils sont très ouverts et les jeunes sont bien chez eux.»

Les Proulx représentaient la famille d'accueil idéale pour un joueur au profil particulier comme celui de Couturier. «C'est un couple ouvert au dialogue, mais ils ne parleront pas de hockey à tous les soupers avec le jeune, mentionne Ricard. C'était important à nos yeux que Sean puisse se changer les idées à la maison. Les joueurs de premier plan vivent déjà une pression assez forte. Ils n'ont pas besoin de reparler de leur match quand ils rentrent. Ça peut devenir lourd. Encore plus quand on est un futur premier choix. Le jeune a besoin d'équilibre. C'est normal d'avoir une blonde, d'aller jouer au billard et de ne pas avoir à se coucher à 21h à chaque soir. Il faut évacuer le stress quelque part.»

«Il faut être présent, l'écouter, l'encourager, quand ça va bien comme quand ça va mal, mentionne Claude Proulx. On parle beaucoup.»

«Je dirais que nous sommes parfois comme des psychologues, ajoute Anne, qui travaille dans le domaine des assurances. Ils ne voudront pas parler de leurs problèmes à l'aréna et parfois, c'est ici que ça sort. On les écoute mais il faut que ça vienne d'eux. On ne les cuisinera pas.»

Anne et Claude Proulx ont commencé à héberger des joueurs en 1992. «À chaque année, on se dit que c'est la dernière, dit Claude, qui est mécanicien. Mais les joueurs nous quittent à la fin de la saison et l'été, on a hâte qu'ils reviennent. On les appuie, on les suit, on va voir leurs matchs. On s'arrange même pour parfois aller les voir jouer à l'étranger.»

Comment la vie se déroule-t-elle avec Sean? «On l'aime beaucoup. On veut avoir du fun avec lui à la maison. Il aime jouer aux cartes, alors on se fait des parties. On essaie de parler le moins possible de hockey. C'est un petit gars très réservé, tranquille, très sérieux. C'est sûr qu'il n'est pas avec nous depuis très longtemps mais jusqu'ici, c'est un charme.»

Les joueurs ont-ils des tâches domestiques à accomplir? «Tout ce qu'on demande à nos jeunes, c'est de nous aviser s'ils ne viennent pas souper, répond Anne. On le ferait avec nos propres enfants. Même si c'est sûr qu'on ne remplacera jamais les parents. On respecte beaucoup les parents, ils peuvent venir nous voir quand ils veulent. On ne peut pas dire qu'on a de grandes exigences. Quand il vide le lave-vaisselle, on le remercie! Il se ramasse, Sean. Il est à ses affaires dans tout.»

Les Proulx se préparent déjà au départ de Sean, à la fin de la saison. «C'est très difficile à chaque fin d'année, répond Claude avec émotion. La pire épreuve, c'est les échanges. Y'en a un qui était ici depuis trois ans et demi. Ça a été vraiment difficile. Ou si le petit gars ne joue pas beaucoup, c'est difficile pour lui, mais aussi pour nous. On veut l'encourager, mais il ne voit pas le résultat au bout, et apprendre qu'on l'échange après, on trouve ça dur. Nous sommes les parents d'hiver finalement...»