Les Penguins de Pittsburgh assuraient depuis le début de la série les opposant au Canadien qu'ils préparaient une guerre longue et ardue. Une guerre qui se prolongerait jusqu'à la limite des sept matchs.

Ils avaient vu juste.

Là où ils se sont un peu trompés, c'est sur l'état des troupes du Tricolore à la veille de la décisive bataille.

«Washington n'a pas frappé Montréal. Nous les frapperons beaucoup et à tous les matchs. En les frappant comme on le fait - 28 mises en échec lors de la deuxième partie - on va les fatiguer. Rendus au septième match, ils ne seront plus capables de suivre», scandait le défenseur Kristopher Letang après qu'on lui eut demandé ce que les Penguins entendaient faire pour ne pas être victimes de l'excès de confiance qui a coulé les Capitals en première ronde.

Les Penguins ont effectivement frappé le Canadien. Ils ont asséné 162 mises en échec lors des six premiers matchs.

Le Canadien a répliqué avec 139.

Mais en dépit de ce léger manque à gagner de 23 coups d'épaule, le Tricolore est loin d'avoir ralenti. Il est plus loin encore de donner des signes d'essoufflement à la veille de la partie décisive.

«C'est 3-3 dans la série. Ça veut dire que les deux équipes ont fait les sacrifices et déployé les efforts nécessaires pour être là. Tout ce qui a été fait jusqu'à maintenant ne tient plus. Les deux équipes donneront tout ce qu'elles auront à donner demain et celle qui le méritera le plus gagnera. Elle poursuivra sa saison et l'autre tombera en vacances», a admis candidement le capitaine des Penguins Sidney Crosby.

Crosby-Subban: frustrations

Grimpé d'un pas lourd sur la tribune où il a répondu aux questions des journalistes, mardi après-midi, Sidney Crosby a esquissé un sourire de dépit lorsqu'on lui a encore parlé de la frustration qui semble l'habiter en raison de ses ennuis offensifs face au Canadien.

«Je me sens pourtant très bien. Au fait, c'est quoi de la frustration? Il y a toujours de l'émotion dans les matchs. Dans tous les matchs. Il y en a plus encore dans les séries. C'est normal. Le Canadien présente une défensive difficile à percer. Ça rend le défi encore plus grand. Mais personne ne croyait que ce serait facile. Que le Canadien nous donnerait la série. Nous verrons demain (mardi) de quoi est faite notre équipe, de quoi nous sommes capables comme joueurs», a lancé Crosby.

On veut bien. Mais en assénant les coups qu'il a assénés en fin de rencontre au défenseur recru P.K. Subban il était clair qu'en plus de tenir tête à l'un des meilleurs joueurs de hockey au monde, Subban lui était entré dans la tête.

«Si vous croyez que je cherche une confrontation avec Subban ou avec n'importe lequel autre joueur du Canadien, vous faites erreur. Je veux la rondelle, je me bats avec quiconque m'empêche de m'en emparer. Et une fois que je l'ai, je veux donner une chance à mon équipe de marquer. C'est tout ce qui m'intéresse. Il a disputé un fort match, nous avons eu des batailles intéressantes, mais rien de plus», a encore plaidé Crosby.

Dernier membre des Penguins, après Crosby, Kris Kunitz et Jordan Leopold, à répondre aux questions des journalistes, Dan Bylsma est venu à la rescousse de son capitaine.

«Vous relevez tous des réactions et des gestes de Sidney. Mais si votre attention et les caméras n'étaient pas fixées uniquement sur lui, vous verriez le même genre de réactions de la part de tous les autres joueurs.»

Jamais deux sans trois

Les Penguins ont remporté deux matchs décisifs l'an dernier. Ils ont battu les Capitals à Washington dans le septième match de la deuxième ronde et les Red Wings, à Detroit, en grande finale, pour obtenir le privilège de soulever la Coupe Stanley.

S'ils présentent une fiche de sept victoires et quatre revers dans leur histoire en match décisif, les Penguins n'affichent que deux victoires (2-4) à domicile.

«Ces statistiques, surtout celles qui remontent dans le temps ne veulent rien dire. Nous formons un groupe uni, confiant, un groupe qui a gagné deux séries difficiles en sept matchs l'an dernier. On sait qu'on est capables de le faire. Il ne reste qu'à passer à l'action», a ajouté Chris Kunitz qui est en quête d'une troisième coupe Stanley en quatre ans. Il l'a soulevée à Anaheim en 2007 et le printemps dernier à Pittsburgh.