Le premier truc que j'ai fait en tombant sur Guillaume Latendresse dans le vestiaire du Wild, mercredi soir, ç'a été de lui montrer un article de journal. Un texte paru la veille dans le Star Tribune.

Il y avait une citation de Martin Havlat, son compagnon de trio depuis qu'il est ici au Minnesota: «Guillaume aime plus le hockey, je crois, que quand il était à Montréal.»

Intéressant.

Alors Guillaume, c'est vrai ce que Havlat raconte?

Sans hésiter, l'ancien 84 du CH m'a souri. «C'est vrai. J'aimais le hockey à Montréal, mais à un moment donné, je n'étais plus capable de m'en sortir. Des fois, on frappe un mur, et c'est dur de se replacer quand on perd confiance.»

On a parlé de confiance, donc. On a parlé de Jacques Martin. Je lui ai mentionné cette petite tape d'encouragement dans le dos qui n'est jamais venue. «Je ne voulais pas une tape dans le dos. C'est juste que, des fois... Je vais te donner un exemple. Quand je suis arrivé ici avec le Wild, le premier match, ça ne s'est pas très bien passé. Mais ensuite, on m'a encouragé et on m'a donné l'occasion de me reprendre.

«Ce n'était pas comme ça à Montréal. Avec le Canadien, le seul entraîneur qui m'a fait confiance, c'est Guy Carbonneau.»

Ce qui laisse croire que Guillaume Latendresse n'est pas un grand fan de Jacques Martin. Que le courant ne passait tout simplement pas entre les deux. Mais l'attaquant de 22 ans ne veut pas décocher de flèches.

«Jacques Martin, c'est un bon monsieur. Sauf qu'avec lui, je n'avais pas de temps de glace. Jacques, il ne parle pas beaucoup. Mes amis me disaient: "Allez, va lui parler". Mais rendu là, j'étais à bout. Je savais déjà que j'étais parti, que je n'étais plus dans les plans.»

Comme tout le monde, Guillaume Latendresse voyait bien que ses minutes de jeu disparaissaient comme par magie sur la patinoire du Centre Bell. À ses 10 derniers matchs avec le Canadien, il a dépassé le cap des 10 minutes de jeu à seulement quatre reprises. Depuis qu'il est au Minnesota, le voici qui joue souvent plus de 16 minutes par match.

Ce qui donne des résultats. Latendresse avait d'ailleurs inscrit neuf points à ses cinq derniers matchs avec le Wild avant la rencontre d'hier à St.Louis.

«Je n'aurais jamais eu ces chiffres-là si j'étais resté à Montréal. Avec le Canadien, j'avais atteint le fond du baril. Quand j'effectuais une bonne présence, au lieu de me retourner tout de suite sur la glace, on me laissait sur le banc. Pourtant, quand je joue plus de 15 minutes par match, mes statistiques sont bonnes. Je ne cadrais pas dans le système de Jacques Martin. Benoît Pouliot cadre pas mal mieux que moi.»

Ce fameux système, Guillaume Latendresse en parle souvent. Bien sûr, il préfère le système du Wild. «As-tu vu tous les 2 contre 1 qu'on obtient ici? Des 2 contre 1, t'en a vu combien pour le Canadien cette saison?»

Bonne question, Guillaume. Bonne question.

Vous savez ce que j'en pense?

J'en pense que Latendresse avait besoin d'un changement de décor. Inutile de taper sur Bob Gainey, d'affirmer qu'il s'agit d'une autre mauvaise transaction. Des gars qui ont besoin de changer d'air, ça existe. Des gars qui se mettent à mieux jouer ailleurs, ça arrive.

Dans la LNH, quand on fait l'acquisition d'un nouveau joueur, on s'arrange pour le faire bien paraître.

Bon, c'est vrai, des joueurs qui quittent le CH et qui font mieux ailleurs, ça arrive trop souvent. Mais ça, c'est une autre histoire pour une autre journée.

«Écoute, j'ai tourné la page, a conclu Latendresse avant de prendre congé. Je ne suis pas amer; je remercie le Canadien de m'avoir échangé au Wild, parce que j'avais besoin d'une nouvelle chance.»

Une nouvelle chance qui ne serait jamais venue au Centre Bell. Ça, Guillaume Latendresse le sait. Et c'est pourquoi il ne s'ennuie pas trop de nous autres.