Les équipes de la LNH hésitent à offrir des contrats à long terme aux joueurs de 35 ans et plus en cette ère du plafond salarial.

Surtout à des joueurs défensifs qui ne se sont pas épargnés physiquement au fil des années.

Les Flyers de Philadelphie, eux, n'ont pas craint d'embaucher pour trois ans le Québécois Ian Laperrière dès la journée d'ouverture du marché des joueurs autonomes.

Laperrière a signé un contrat de trois ans qui lui permettra d'empocher 3,5 millions.

«J'étais un peu nerveux même si mon agent me disait que j'allais être embauché, a admis Laperrière, hier, au bout du fil de sa résidence de la couronne nord de Montréal. Mais à trois heures le 1er juillet, cinq clubs avaient appelé et m'offraient des contrats à long terme. C'était flatteur parce qu'ils savaient que je n'ai plus 20 ans et que j'ai mes bobos comme tout le monde.

« On doit aussi réaliser qu'il y a un risque à donner un contrat de trois ans à un joueur de 35 ans et plus parce que le salaire est comptabilisé dans la masse salariale même dans les cas de retraite ou de renvoi dans les mineures (ce qui n'est pas le cas pour les joueurs de 34 ans et moins).»

Mais Laperrière jouit d'une excellente réputation aux quatre coins de la Ligue nationale. Il n'a connu qu'une seule saison de plus de 20 buts en 15 ans de carrière, mais son apport se mesure autrement. Il est un formidable leader; il a agi à titre d'assistant-capitaine au Colorado et à Los Angeles, toujours positif, rassembleur, un travailleur infatigable, un joueur défensif de qualité, un attaquant robuste prêt à se rompre les os sur la glace, et durable, aussi, puisqu'il n'a jamais disputé moins de 70 matchs à ses 11 dernières saisons.

«Je me suis toujours entraîné fort. Ce dont je suis le plus fier, et je l'ai mentionné lorsque j'ai disputé mon 1000e match, c'est que je me suis souvent fait taquiner parce que je m'entraîne deux fois par jour et que je me couche de bonne heure; on m'a traité de plate, mais je ris dans ma barbe aujourd'hui», dit-il en badinant.

Laperrière se soumet depuis plusieurs années à un entraînement hors glace particulier. Le développé couché (bench press) n'est pas au menu.

«J'ai pratiqué le yoga et je fais beaucoup d'exercices d'étirement.

«C'est Joe Sakic qui m'y a initié. Je suis arrivé à Denver et je le voyais faire, il avait une routine de crinqué. Je me suis dit: «Je ne suis pas Joe Sakic, mais si ça marche pour lui, ça ne peut que m'aider.» Quand j'ai commencé à en faire, Joe a commandé quelques DVD de l'homme qui lui avait appris la méthode. Il en a aussi offert aux gars, mais personne ne l'a pris. Je suis devenu un adepte.

« Les gars riaient de moi quand je faisais mes étirements au gymnase alors j'ai décidé de les faire chez nous! dit-il en riant. Ils ne le faisaient pas méchamment et ça ne me dérangeait pas vraiment. Ces exercices, c'est ce qui fait que je peux encore me déplacer comme il le faut sur la glace.»

Quatre offres, mais pas une du Canadien

Quatre équipes, deux de l'Association de l'Est et deux de l'Ouest, ont fait une offre à Laperrière le 1er juillet. Le Canadien n'était pas du nombre.

«J'ai été joueur autonome deux fois et le Canadien ne s'est jamais manifesté, je ne m'attendais pas à ce que les Montréalais soient intéressés cette fois-ci non plus, a-t-il dit. J'ai été agréablement surpris par l'intérêt des Flyers, d'autant plus que je joue dans l'Association de l'Ouest depuis 15 ans, à part 28 matchs avec les Rangers il y a quelques années. Phoenix m'offrait plus d'argent, mais je ne voulais pas jouer pour une équipe en reconstruction à 35 ans. J'ai refusé une offre de deux ans à Denver l'hiver dernier justement pour cette raison.

«Les Flyers étaient ceux qui avaient le plus de chances de gagner à court terme, a-t-il ajouté. C'est une équipe très robuste, mais il y a aussi beaucoup de talent. Sept gars ont compté 20 buts ou plus l'an passé. Ça part du capitaine (Mike Richards), ça va à Daniel Brière, le petit (Claude) Giroux, (Scott) Hartnell, et (Jeff) Carter, ils ont du bon stock. Et quand tu vas chercher un gars comme Chris Pronger, c'est que tu veux tout faire pour gagner. J'ai très hâte d'aller rencontrer les gars. Je connais déjà Daniel Brière. Il a joué avec les Voltigeurs après mon départ de Drummondville et on a continué à se voir avec Joël Bouchard, qui a été son coéquipier à Phoenix.»

Les points d'interrogation qui subsistent devant le filet des Flyers ne semblent pas inquiéter Laperrière. «Du talent, Ray Emery en a toujours eu. Il y a des doutes à son endroit, mais je l'ai rencontré et je suis convaincu qu'il est conscient que c'est sa dernière chance. Personne ne lui a offert de contrat il y a deux ans. S'il ne veut pas retourner en Russie, il va peut-être faire les choses différemment. Il est assez intelligent pour le réaliser.»

Les Flyers auront une équipe talentueuse. Et le leadership ne manquera pas non plus dans ce vestiaire.