De toute évidence, l'embauche d'un nouvel entraîneur ne règle pas tous les problèmes.

Le classement de l'Association de l'Est évoque bien cette réalité. Les six équipes ayant accueilli un nouvel homme derrière leur banc occupent les six derniers rangs au classement: Toronto (10e), Floride (11e), Long Island (12e), Ottawa (13e), Tampa (14e) et Atlanta (15e).

Comment expliquer une telle chose? Les nouveaux entraîneurs manquent-ils de compétence puisque plusieurs d'entre eux, embauchés au rabais, n'ont pas beaucoup d'expérience au niveau de la LNH?

Ou est-ce plutôt qu'ils ont hérité de clubs en mauvais état?

«On n'est pas des magiciens», répond Bob Hartley au bout du fil.

La réaction de Hartley est noble. Il défend sa profession alors qu'on lui a préféré les hommes en place depuis un an.

En poussant l'analyse plus loin, on réalise que la deuxième théorie est plus plausible. Les Wilson, DeBoar, Gordon, Hartsburg, Tocchet et Anderson n'ont pas beaucoup d'atouts dans leur jeu.

À Toronto, on a gaspillé beaucoup de joueurs d'avenir au fil des ans pour trouver des solutions à court terme. On a fait table rase et Ron Wilson ne fait pas un mauvais travail dans les circonstances.

En Floride, on n'est pas tout à fait remis du départ de Roberto Luongo. Bel héritage de Mike Keenan. Donnons quelques années à Jacques Martin pour réaliser son plan, mais en attendant, Peter DeBoar doit se sentir impuissant certains soirs.

À Long Island, le propriétaire Charles Wang impose ses volontés au DG et les Islanders ont multiplié les bourdes ces dernières saisons pour tenter de gagner sur-le-champ.

Ottawa, on connaît bien l'histoire. Les dirigeants de cette équipe ont eu beaucoup de difficulté à composer avec le plafond salarial et on n'a pas toujours fait les bons choix. Les récents repêchages ont aussi été désastreux.

On repêche encore plus mal à Atlanta et Tampa. Dans les deux cas, les DG sont médiocres et ils ont multiplié les cadeaux à l'ennemi. Le manque de vision est flagrant.

Bref, dans la majorité de cas, ça sent la panique chez le propriétaire ou le directeur général. On jette le blâme sur l'ancien entraîneur pour sauver la face. On verra bien les résultats chez les Hurricanes, qui viennent de congédier Peter Laviolette.

C'est un peu moins tranché dans l'Ouest. Todd McLellan constitue évidemment l'exception à San Jose puisque son club occupe le premier rang. Les Blackhawks de Chicago étaient parmi les huit premières équipes avant les rencontres d'hier mais ne détenaient qu'une fragile avance de deux points sur les Coyotes de Phoenix au 11e rang. L'Avalanche du Colorado et les Kings de Los Angeles se classent respectivement 10e et 12e.

Une chose est sûre, la sécurité d'emploi des entraîneurs n'a jamais été aussi précaire depuis le retour du lock-out. «Avec le plafond salarial, tout le monde a le même portefeuille et les propriétaires comme les directeurs généraux estiment que tu devrais avoir le même nombre de chances de gagner que les autres clubs, souligne Hartley, l'ancien entraîneur en chef de l'Avalanche du Colorado et des Thrashers d'Atlanta. Les attentes sont beaucoup plus élevées. Elles viennent avec la quantité de dollars investis. Les propriétaires s'attendent à un bénéfice sur leurs investissements. Ils le font sentir aux directeurs généraux qui le font sentir à l'entraîneur qui le fait sentir aux joueurs. C'est là qu'on réalise que non seulement le repêchage, mais aussi le développement des jeunes, sont très importants.»

Hartley avait eu vent des rumeurs du congédiement de Peter Laviolette lors de notre conversation, mardi. Hier matin, la nouvelle de l'embauche de Paul Maurice ne l'a guère surpris puisque Maurice et le DG Jim Rutherford sont des complices de longue date.

Une autre occasion ratée pour l'entraîneur originaire de Hawkesbury, qui demeure à Atlanta depuis son congédiement, en octobre 2007. «J'essaie de me garder le plus occupé possible dans le monde du hockey, dit-il. J'aide une couple d'amis qui travaillent au niveau collégial, dans la East Coast ou dans la Ligue américaine. Je veux rester sharp. Je regarde tous les matchs de la Ligue nationale et je fais des entraînements en masse. J'ai toujours ma ligne directe avec Patrick (Roy), avec Éric Veilleux, avec Pascal Vincent. C'est certain que le hockey de la Ligue nationale me manque. Au début, je me disais que ça allait me donner un petit répit parce que j'étais dans le milieu depuis 20 ans, mais le repos a assez duré.»

Sauf qu'Hartley le sait trop bien, son retour dans la LNH dépend d'un congédiement. «Si tu reçois un coup de téléphone, c'est parce qu'un de tes amis va être tombé au combat. Tu ne peux pas t'asseoir et souhaiter du mal aux gens. Parce que tu comprends la douleur qu'on ressent quand on se fait congédier. Mais c'est le plus beau métier au monde et il va falloir que ça se produise si tu veux rembarquer. C'est difficile. C'est comme le jeu de la chaise musicale, il n'y a jamais assez de chaises pour tout le monde...»