Les joueurs de hockey junior majeur ne sont pas des «travailleurs» et ne doivent pas être payés au salaire minimum, estime le gouvernement du Québec, qui envisage de modifier la loi pour clarifier la situation.

La ministre du Travail Dominique Vien a confirmé hier avoir rencontré le commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) pour discuter du statut de ces joueurs de 16 à 20 ans.

«Il y a de fortes chances que nous puissions venir mettre une exclusion à l'article 3 de la Loi sur les normes du travail pour exclure les joueurs du junior majeur», a dit la ministre Vien, ajoutant avoir été «sensible aux arguments présentés par Gilles Courteau» lors de leur rencontre d'avril dernier.

La Presse a révélé hier que la LHJMQ demande depuis des mois à Québec de modifier la Loi sur les normes du travail. La Ligue est visée par une demande de recours collectif de 50 millions. Le recours est mené par un ancien joueur qui se plaint de ne pas avoir été payé au salaire minimum lors de son passage dans le hockey junior.

La LHJMQ de son côté insiste pour dire que les joueurs ne sont pas des «travailleurs», mais plutôt des athlètes étudiants qui vivent en pension, reçoivent leur équipement ainsi qu'une allocation hebdomadaire de 60 à 150 $ par semaine.

Si la LHJMQ perdait sa cause, «ça aurait un impact sur tout le sport amateur et ferait des athlètes quasiment des joueurs professionnels.»

Le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, prévient que plusieurs équipes moins riches seront menacées si elles doivent verser le salaire minimum à leurs joueurs.

«Notre réflexion pourrait aussi être d'exclure les athlètes amateurs en général, a ajouté la ministre du Travail. Qu'on puisse reconnaître les joueurs du junior majeur comme des travailleurs au sens de la loi, ça pourrait aussi avoir des impacts sur d'autres athlètes amateurs, on n'a qu'à penser au Rouge et Or de l'Université Laval. Ça mettrait les organisations dans des positions un peu impossibles.»

Victoire

L'article 3 de la Loi sur les normes du travail énumère les citoyens pour qui elle ne s'applique pas, et qui ne sont donc pas tenus de recevoir le salaire minimum. C'est cet article qui devra être modifié pour y inclure les joueurs du junior majeur.

La ministre dit vouloir agir dans les prochains mois. Si la loi est modifiée, il s'agira d'une importante victoire pour la Ligue. Celle-ci pourrait encore perdre sa cause devant la Cour supérieure du Québec. Elle devrait alors payer des millions en dédommagement à d'anciens joueurs.

Par contre, ce jugement ne changerait pas le statut des joueurs actuels. En clair, si la loi est modifiée, même si la LHJMQ perd le recours collectif, elle ne devra pas payer ses joueurs au salaire minimum dans l'avenir.