C'est officiel: les Alouettes sont en crise. Certains diront qu'ils le sont depuis quelques semaines, peut-être quelques mois, et même depuis le départ de Marc Trestman. Certes, les derniers matchs serrés et la récente performance encourageante de Jonathan Crompton offrent de l'espoir. Mais avec un dossier d'une seule victoire contre sept revers, les temps sont durs dans le nid des Moineaux.

En 2006, nous avons, tout comme en 2014, perdu six matchs consécutifs. J'ai donc vécu une situation semblable, et je peux imaginer ce qui se passe dans l'équipe. Mais chaque saison est unique, et l'état actuel des choses semble particulièrement pénible.

Depuis le début de la campagne, la cause récurrente des problèmes de l'équipe demeure l'anémie de l'attaque. La défense, quant à elle, répond constamment aux attentes, à l'exception de quelques rares occasions. Plusieurs personnes me demandent comment les joueurs de la défense peuvent réagir devant les problèmes de l'attaque. Certains pensent que les membres de l'unité défensive sont fâchés contre leurs coéquipiers offensifs et qu'une dissension s'opère entre les deux unités. Je peux vous assurer que tel n'est pas le cas.

Bien sûr, les joueurs défensifs sont frustrés et déçus des performances de l'attaque. Mais les joueurs offensifs le sont tout autant, sinon plus. Tous veulent voir l'équipe gagner ; si l'impression de chacun est que tous y mettent l'effort nécessaire, les joueurs continueront de s'épauler les uns les autres. Le fait d'être l'unité qui soutient l'équipe peut même devenir une source d'honneur et de fierté. La défense devient en quelque sorte l'identité de l'équipe. Disons que ça flatte l'orgueil et qu'on se sent encore plus important et indispensable à l'organisation. Pour certains, c'est un élément de motivation.

D'autres se motivent par simple souci de bien paraître individuellement et de ne pas être la tête de Turc qui écopera pour les problèmes de l'équipe. Parce qu'on sait que dans le sport professionnel, lorsqu'une équipe perd, des gens perdent leur boulot.

Malheureusement, cela peut mener au plus grand risque que pose ce genre de séquence difficile: l'esprit collectif qui cède la place au «chacun pour soi». Dans de telles situations, on tend à vouloir défendre sa position et ses actions en mettant de côté les besoins du groupe. Il s'agit du pire réflexe, parce qu'on y abandonne le concept d'équipe, l'élément central du succès au football.

C'est dans ces moments d'adversité qu'un bon leadership devient crucial. Les vétérans auront leur rôle à jouer. Ils devront s'assurer que tous demeurent investis et ne s'écartent pas du cadre d'équipe. Mais ce cadre, il provient inévitablement des entraîneurs. Ce sont eux qui jouent le plus grand rôle dans le déroulement du quotidien et qui sont les grands responsables de l'ambiance qui règne dans un vestiaire de football.

C'est une tâche difficile, particulièrement lorsque le groupe en place n'a pas connu de succès préalable avec l'organisation. Comble de malheur, l'entraîneur-chef a commis deux erreurs de gestion de match au cours des deux dernières rencontres. Il s'agit du genre de décisions qui fait beaucoup jaser dans un vestiaire et qui a le potentiel de nuire au leadership qu'un entraîneur exerce sur ses troupes.

Je ne dis pas que Tom Higgins a «perdu la confiance de son vestiaire», mais la situation est néanmoins précaire, et il faut se ressaisir rapidement, tant chez les joueurs que chez les entraîneurs.

Ironiquement, les Alouettes ne sont qu'à une seule victoire du deuxième rang. En 2006, notre séquence de défaites avait pris fin après six rencontres, et cette première victoire contre Winnipeg avait retiré un poids énorme de nos épaules. Nous avions relancé notre saison et même atteint la finale de la Coupe Grey. Espérons que pour l'édition 2014 des Alouettes, la saison sera relancée de la sorte dès vendredi, contre Ottawa.