Les coups à la tête, les commotions cérébrales et les symptômes qui en découlent ont fait la manchette plus que n'importe quel autre sujet au cours des dernières années dans le monde du sport professionnel. Au football, chaque match comporte sa part de plaqués susceptibles de causer des torts aux joueurs. C'est inévitable, il s'agit d'un sport de contact.

Les différents acteurs du milieu sportif sont toutefois plus conscients que jamais des effets néfastes à long terme des nombreux coups à la tête que peuvent recevoir les athlè- tes pendant leur carrière. Le récent règlement de 765 millions entre la NFL et ses anciens joueurs témoigne de cette conscientisation.

Plusieurs personnes accusent la NFL d'avoir caché des documents prouvant qu'elle connaissait depuis longtemps l'impact des coups à la tête. Peut-être, mais là n'est pas le débat actuel, regardons plutôt vers l'avant. Les plaqués sévères et les risques associés à ceux-ci seront toujours présents au football. C'est la nature même de la discipline. Il n'en demeure pas moins qu'il faut, à mon avis, saluer le travail accompli au cours des dernières années par la LCF et la NFL dans leur quête quotidienne pour mieux protéger leurs joueurs.

Mardi, le quart des Argonauts de Toronto Zach Collaros a été solidement frappé par Chip Cox, des Alouettes, au deuxième quart. Visiblement ébranlé, il ne semblait plus le même joueur à la suite de ce percutant plaqué. C'était mission accomplie pour la défense montréalaise. Les Alouettes souhaitaient frapper constamment le jeune quart-arrière afin de l'intimider et de le rendre nerveux dans la pochette. Il s'agit d'une tactique courante dans les plans de match défensifs. Et plus fort on frappe, mieux c'est.

Comment protéger les joueurs?

Mais il faut protéger autant que possible les joueurs ciblés par ces coups. Est-il possible d'avoir le même impact sans mettre en péril la santé des joueurs? Oui, absolument.

Comment protéger les joueurs? Il faut adapter les règlements et sanctionner ceux qui y contreviennent.

Au départ, certains de ces règlements peuvent porter à confusion ou être ambigus. Qu'il s'agisse de changer la cible permise sur un joueur, le temps permis pour le frapper ou même la façon dont on peut le frapper, il faut parfois ajuster les règlements à quelques reprises avant d'en arriver à une application juste et efficace. Au bout du compte, il se peut que plusieurs règles conservent un certain aspect subjectif quant à leur application et fassent l'objet de critiques constantes.

Les joueurs réagissent régulièrement avec réticence à ces nouveaux règlements. Ayant toujours joué d'une certaine façon, ils ont peur de ne plus être en mesure de pratiquer leur sport selon la même approche ou de perdre leurs références. De leur côté, les partisans et les analystes craignent que ces nouveaux règlements dénaturent leur sport préféré.

Certains prétendent que l'on protège trop les joueurs (surtout les quarts-arrière) et qu'à ce rythme, nous jouerons éventuellement au «flag football». Je réplique que nous ne protégerons jamais assez les joueurs. Jamais! Le changement est inévitable, et l'adaptation n'est pas toujours facile, mais totalement nécessaire.

Dans le monde du sport professionnel, la compétition est vive. La tentation de frapper plus fort pour être remarqué ou de retourner au jeu malgré la présence persistante de symptômes est grande. Comme plusieurs, j'ai fait tout cela. Aujourd'hui, il m'arrive souvent de penser aux conséquences à long terme que ces décisions auront provoquées. Ça fait réfléchir!

J'ai toujours refusé obstinément de dire que le football était «violent», affirmant que c'était plutôt un sport «robuste» et «physique». Je persiste à le croire. Mais je réalise aujourd'hui que la ligne entre la robustesse et la violence est très mince. Changer la culture d'un sport prendra probablement une génération. Pour y arriver, il faudra insister, il faudra adapter les techniques, les stratégies et les règlements, il faudra pénaliser. Mais par-dessous tout, il faudra éduquer, et les ligues professionnelles, à titre de modèles, sont les premiers porteurs de cette éducation.