Grâce à un revirement spectaculaire dans l'ultime quart de l'ultime match de la saison, les Alouettes de Montréal ont mis la main sur la Coupe Grey. Ce championnat vient couronner une magnifique saison de 15 victoires et seulement trois défaites, et l'organisation a su gagner sa place dans le coeur des amateurs de sport montréalais.

«C'était une journée pendant laquelle on pouvait facilement faire de l'hypertension», dit Larry Smith au bout du fil.

Le président des Alouettes était à Calgary avec le propriétaire, Robert Wetenhall, en ce dernier dimanche de novembre, pour assister à la finale de la Coupe Grey. Les Alouettes y participaient pour la septième fois depuis 2000 mais n'avaient remporté «le gros match» qu'une seule fois, en 2002.

Cette année, la pression était d'autant plus forte que le club avait connu la meilleure saison de son histoire. Les Alouettes ont gagné, par le bout du bec.

Pour souligner l'excellence et la constance d'une grande équipe enfin récompensée pour une décennie de succès, La Presse et Radio-Canada nomment l'équipe des Alouettes de Montréal Personnalité de la semaine.

La meilleure formation de l'histoire

Ils ont bien failli tout perdre. En fait, ils avaient tout perdu jusqu'à ce que les mouchoirs volent sur le terrain pour signifier que les Roughriders de la Saskatchewan avaient un joueur de trop sur le terrain.

Le botteur David Duval rate son placement, ce qui donne la Coupe aux adversaires en vert. Il obtient une chance de se reprendre. Le ballon passe entre les deux poteaux: c'est 28-27, il ne reste plus de temps au tableau, les Alouettes sont champions.

Trois jours plus tard, c'est le défilé rue Sainte-Catherine. Joueurs et amateurs partagent l'allégresse de la victoire attendue depuis longtemps.

L'équipe n'a pas été mauvaise depuis son dernier championnat, en 2002. Mais elle s'affaissait toujours à la porte des buts.

«C'est difficile de perdre, mais notre objectif est d'être compétitifs chaque année», souligne toutefois Larry Smith. Il sait trop bien qu'avec l'histoire glorieuse du Canadien, puis les succès des Alouettes des années 50 et 70, «il faut gagner à Montréal».

L'objectif est réussi. Année après année, l'équipe est compétitive, mais elle était clairement dominante cette année.

«La meilleure formation de l'histoire?» s'est-on souvent demandé au cours de la saison. Il y a bien eu l'équipe du milieu des années 50, Sam Etcheverry en tête. Mais elle n'a pas remporté la Coupe. Il y a aussi eu 1977, souligne Larry Smith, pas peu fier d'avoir fait partie de cette équipe victorieuse.

«Mais il faut admettre que 2009 est le meilleur cru, particulièrement en matière de constance», dit le président. On doit cet exploit à plusieurs personnes.

«La franchise est très solide avec M. Wetenhall à sa tête, note Larry Smith. C'est un propriétaire constant, qui a toujours soutenu l'équipe financièrement, et qui soutient de la même façon l'agrandissement du stade Molson.»

«Le directeur, Jim Popp, prouve depuis plusieurs années qu'il est un excellent directeur général, poursuit M. Smith. Il va chercher les bons talents.»

«Puis l'embauche de l'entraîneur Marc Trestman, en 2008, a vraiment donné une valeur ajoutée à notre équipe. Il l'a amenée à un autre niveau.»

Hommage à Calvillo

Si les Alouettes avaient de nouveau perdu le match de la Coupe Grey, la déception des partisans, déjà échaudés par plusieurs défaites crève-coeur, aurait été immense. Mais Larry Smith est convaincu qu'ils auraient continué à appuyer l'équipe.

«Par contre, il y aurait eu beaucoup de questions au sujet d'Anthony Calvillo, dit-il. En gagnant, il a évité les interrogations sur son leadership. Il a confirmé sa position de meilleur quart de l'histoire du football à Montréal. Ce qu'il a fait dans les neuf dernières minutes du match de la Coupe Grey - une poussée de 17 points -, c'est extraordinaire.»

La victoire des Alouettes et de leur quart-arrière étoile clôture une décennie importante, marquée par leurs succès sur le terrain, au cours de laquelle l'équipe a fait sa place auprès des amateurs de football et dans la communauté.

Pensons au programme «Adoptez un Alouette», qui vise à motiver les jeunes sur le plan scolaire. Dans le cadre de ce programme, lancé en 1997, de 300 000 à 400 000 jeunes ont reçu la visite d'un joueur des Alouettes à leur école et entendu son message d'encouragement.

Le dernier championnat permet aussi de lancer une autre décennie importante, alors que l'équipe jouera dès l'an prochain dans un stade Percival-Molson agrandi de 5000 places et de 18 loges.

«Ça nous donne un avenir intéressant, et une chance de passer à un autre niveau, se réjouit Larry Smith. Ce sera encore un petit stade comparé aux autres, mais ça nous donne un modèle économique qui a du sens.»

L'objectif est simple pour l'organisation: garder la même constance que dans les 10 dernières années.