Finir la saison en perdant ses deux derniers matchs n'est évidemment pas l'idéal. Encore moins lorsque vos deux tombeurs sont les deux équipes qui se disputeront le droit de vous affronter en finale de division.

Cela étant dit, peut-on réellement juger les Alouettes à la lumière de ce qu'on a vu depuis deux semaines ? Sans Avon Cobourne, Kerry Watkins - et Anthony Calvillo vendredi -, l'attaque ne ressemblait en rien à l'unité dévastatrice qu'on a vue depuis juin. Ajoutez les choix stratégiques de Marc Trestman, qui a manifestement conservé ses élans créatifs pour novembre, et vous vous retrouvez avec quelque chose qui n'existe pas. L'attaque est celle qui a inscrit un minimum de 30 points à 15 de ses 16 premiers matchs de la saison, pas celle qui a peiné contre les Blue Bombers et les Eskimos cette semaine.

 

Mais la situation est beaucoup plus inquiétante du côté de la défense, une unité imprévisible qui vient de concéder 400 verges aux Bombers et 549 aux Eskimos. Ces derniers ont fini leur pique-nique de vendredi soir avec 475 verges de gains par la passe. Vous croyez que les Alouettes se sont ressentis de l'absence de Mark Estelle ?

C'est Étienne Boulay qui remplaçait Estelle au poste de demi de coin et il a quitté la rencontre en raison d'une blessure à une cheville. Boulay a été incapable de réussir un plaqué qui aurait pu empêcher le premier touché des Eskimos et n'a pas semblé très à l'aise au poste de demi de coin. Son style de jeu convient davantage au poste de maraudeur.

Sans le meilleur membre de sa tertiaire, la défense des Alouettes devait presser le quart et provoquer quelques revirements. Elle a terminé le match avec aucun sac et une interception, qui a été l'oeuvre d'un ailier défensif de 250 livres (Jermaine McElveen).

Moteur au ralenti

Anwar Stewart me racontait récemment que la ligne défensive comprenait qu'elle constituait le moteur de la défense. Il n'y a pas de meilleure défense contre la passe qu'une bonne pression sur le quart, on le sait tous. Vendredi, Ricky Ray et Jason Maas auraient pu commander une pizza derrière la ligne de mêlée. Ils auraient même eu le temps de trouver le numéro dans l'annuaire.

Si les passeurs adverses ont trop de temps, la tertiaire continuera de mal paraître. Il y a eu beaucoup de changements aux postes de maraudeur et de demi défensif du côté court tout au long de la saison et les demis de coin Estelle et Davis Sanchez semblent soudainement vulnérables. Le premier parce qu'il est ennuyé par une blessure à une épaule, le second parce qu'il a maintenant 34 ans et que le poids des années se fait parfois sentir. En voilà deux pour qui le repos des prochaines semaines sera fort salutaire.

Vous allez peut-être trouver ça redondant, mais la blessure à un genou qu'a subie Randee Drew en août a porté un dur coup à la défense de Tim Burke. Par son jeu sur le terrain autant que par la bonne humeur et l'énergie qu'il dégage, Drew était le meneur du groupe. Sa présence changerait considérablement la donne.

Marc Trestman le penseur de l'attaque n'a donné aucune raison valable pour qu'on puisse douter de lui jusqu'ici. Marc Trestman l'entraîneur-chef, lui, devra maintenant s'assurer au cours des deux prochaines semaines que les problèmes de la défense soient corrigés une fois pour toutes. On a l'impression que ça demeure un travail en chantier, et à ce stade de la saison, c'est difficilement acceptable.

Si la tertiaire ne se raplombe pas et que Ricky Ray et les Eskimos éliminent les Bombers, on pourrait assister à un sérieux feu d'artifice le 15 novembre. Le genre de match où il se marque 100 points. Le genre de match un peu fou qu'on peut très bien échapper.