Johnny Manziel effectuera ses débuts dans la Ligue canadienne de football. Mike Sherman croyait que les journalistes affectés à la couverture des Alouettes l'avaient compris.

«Oui nous aurons un partant vendredi. J'aurais espéré que vous l'auriez deviné avant que je ne vous l'annonce. Je vous ai donné suffisamment d'indices à l'entraînement, mais je me demande si vous les regardez, parfois. Oui, John amorcera le match, a lancé l'entraîneur montréalais. Je l'annonce (mardi), car je ne veux pas avoir à répondre à cette question (mercredi). Je vous ai donné l'occasion de l'identifier. Je croyais que vous étiez plus futés que ça!»

Ainsi, Manziel, que les Alouettes ont acquis des Tiger-Cats de Hamilton, fera ses débuts dans la LCF contre son ancienne équipe.

«C'est bon d'être de retour sur le terrain, a dit le quart après la séance d'entraînement de mardi. Ce qui m'a le plus manqué au cours des dernières années, c'est de prendre des répétitions. Vous avez vu qu'au cours des derniers jours, j'ai pu m'entraîner avec la première unité. Je me sens choyé d'être de retour dans cette position.

«Je suis de plus en plus à l'aise. Je vois de bonnes choses, mais j'essaie de peaufiner mon jeu. J'apprends toujours et j'espère pouvoir profiter du fait que j'affronterai la défense que j'ai vue le plus souvent depuis que je joue dans cette ligue.»

Les Tiger-Cats ont échangé Manziel aux Alouettes, le 22 juillet, en compagnie du joueur de ligne offensive Tony Washington et du Canadien Landon Rice, en retour du receveur Chris Williams, du joueur de ligne défensive Jamaal Westerman et des choix de première ronde au repêchage de 2021 et 2022.

Manziel a défrayé les manchettes à travers l'Amérique du Nord en mai lorsqu'il a signé un contrat de deux ans avec les Tiger-Cats.

Le lauréat du trophée Heisman en 2012 a joué lors des deux matchs préparatoires des Tiger-Cats - complétant 21 de ses 31 passes pour des gains de 168 verges et un touché en plus de gagner 19 verges à la suite de six courses. Toutefois, il a agi comme substitut à Jeremiah Masoli une fois en saison régulière.

Les Browns de Cleveland ont sélectionné Manziel en première ronde - 22e au total - au repêchage de 2014 mais il a été congédié en mars 2016 après deux saisons tumultueuses.

Rien contre Adams

La promotion de Manziel ne se veut pas un désaveu à l'endroit de Vernon Adams fils, qui a amorcé la rencontre perdue 44-23 aux mains des Eskimos d'Edmonton, jeudi dernier, a précisé Sherman.

«Nous avons fait la transaction pour Johnny pour des raisons évidentes, mais je vais vous dire ceci: Vernon a connu un bon match jeudi. J'ai trouvé qu'il nous avait donné une bonne chance de remporter la rencontre, mais nous allons confier le ballon à Johnny vendredi. C'est ce qu'il est venu faire ici et c'est pour ça que nous sommes allés le chercher. (...) Vernon comprend la situation.»

«Nous savions tous qu'il ne venait pas ici pour regarder les matchs du banc, a pour sa part indiqué Adams. Il devait apprendre le livre de jeux et maintenant, il va jouer. Je savais que ça s'en venait. Je vais être là pour l'épauler. Nous allons tous l'épauler. Tout le monde vit bien avec cette décision.»

Ces propos d'Adams diffèrent de ceux qu'il a livrés à La Presse+, lundi. Adams a dit en vouloir aux partisans des Alouettes qui ont scandé «On veut Johnny», lors de la rencontre de la semaine dernière. Il a nuancé ses propos 24 heures plus tard.

«C'est certain que ça m'a dérangé. Mais j'ai aussi parlé sous le coup de l'émotion, a-t-il ajouté. Je dois mieux gérer mes émotions. Jamais, je ne voudrais manquer de respect aux partisans des Alouettes. Je veux d'ailleurs m'excuser auprès d'eux. C'est emmerdant, car je croyais avoir suffisamment bien fait. Je ne sais pas s'ils me visaient ou visaient les entraîneurs, mais ça m'a dérangé et j'ai réagi avec émotion. (...) Je réalise maintenant que ce n'était pas dirigé vers moi.»

Le vétéran centre Luc Brodeur-Jourdain ne croit d'ailleurs pas qu'on doive en vouloir au jeune quart d'avoir livré ses états d'âme.

«À question franche, réponse franche, a-t-il imagé. Je pense que du point de vue du joueur, quand tu vis quelque chose de ce genre-là, c'est toute une expérience. Ce n'est pas comme si c'était un quart-arrière qui a 15 ans d'expérience derrière la cravate et qui est là pour dominer le jeu. Non: c'est quelqu'un qui est encore très tôt dans sa carrière et qui est encore en phase d'apprentissage. De penser qu'au point où on en était dans le match, de changer de quart-arrière pour un gars qui était là depuis deux, trois jours nous permettrait de faire une remontée d'une vingtaine de points, c'aurait été de jouer de chance.»

«Je ne pense pas qu'il aurait dû ne pas le dire. Ça revient toujours à savoir si tu veux obtenir des réponses franches. De dire que ça ne t'affecte pas, ce serait tout simplement un mensonge. Peu importe la position, quand tu entends la foule scander le nom de ton substitut, c'est choquant. Mais de là à en vouloir à la foule? Non.»