Les Alouettes ont donné un bras, une jambe et peut-être aussi un rein pour obtenir Johnny Manziel. Il est donc évident qu'il est à Montréal pour jouer. Ce ne sera peut-être pas dès ce soir contre les Eskimos d'Edmonton, du moins pas comme partant. Mais ce jour viendra rapidement. Cela signifie donc une drôle de situation pour Vernon Adams fils, attendu comme quart partant des Montréalais ce soir.

Réaliste

Les athlètes refusent généralement de se perdre en conjectures sur l'avenir, au-delà du prochain match. Mais Adams a été d'une rare franchise lors de son point de presse hier midi, reconnaissant essentiellement qu'il réchauffait le siège de Manziel en attendant que ce dernier soit prêt. «Je sais très bien, tout le monde sait qu'il est ici pour jouer. On le sait tous. Mais je ne me préoccupe pas de ça en ce moment. Je pense à gagner le match. On a une victoire et quatre défaites. On a besoin d'une victoire. Je pense seulement à jouer et à gagner le match.» Mike Sherman a de nouveau refusé d'indiquer dans quelle mesure Manziel allait participer au match. «Je ne veux pas le placer dans une situation inconfortable, car il n'a que deux jours de préparation. Mais je veux aussi qu'il saute sur le terrain. Il sera assurément en uniforme sur les lignes de côté. On verra s'il traversera cette ligne.»

Solidaire

La situation d'Adams est cruelle, car son sort semble déjà réglé. Que les Alouettes gagnent ou perdent ce soir, ils ne feront pas poiroter Manziel éternellement, après avoir donné deux choix de premier tour, un receveur de premier plan (Chris Williams) et un pilier défensif (Jamaal Westerman) pour l'acquérir. Dans ces circonstances, B.J. Cunningham, le receveur le plus visé des Alouettes cette saison, souhaite tout donner pour Adams, qu'il décrit comme son «petit frère». «Il va jouer et on sera derrière lui, a dit Cunningham. Au football, un seul quart peut jouer. Ce n'est pas comme nous, les receveurs. Tu joues un match, c'est sur vidéo, et tu ne sais jamais ce qui peut se passer. C'est comme ça que tu t'accroches dans cette ligue.»

Victorieux

Le sport professionnel est un «business», entend-on souvent, et Adams commence certainement à le comprendre. On a tendance à l'oublier, mais il affiche un dossier parfait de 3-0 comme quart partant dans la LCF. Les Alouettes lui avaient en effet confié l'attaque en fin de saison 2016, et il avait signé trois gains de suite, dans des matchs toutefois sans enjeu puisque l'équipe était déjà éliminée. N'empêche, c'est la dernière fois que les Alouettes ont gagné trois matchs de suite. Et tous les joueurs rencontrés hier en étaient conscients, dont Adams lui-même. «N'importe qui sera déçu d'être le dernier quart à avoir gagné et à ne pas vraiment avoir eu de chance ensuite. Mais c'est un business, ça arrive. Ils croyaient que c'était la chose à faire. J'ai eu du plaisir ensuite en Saskatchewan et à Hamilton.»

Instables

Adams a perdu son poste en 2017 quand les Alouettes ont fait l'acquisition du vétéran Darian Durant. On vous le rappelle parce que depuis cinq ans, il y a eu du roulement derrière le centre chez les Alouettes. En fait, si on remonte à la retraite d'Anthony Calvillo, en janvier 2014, on dénombre 15 passeurs pour les Montréalais, des vétérans Durant et Kevin Glenn à l'éphémère Dan LeFevour, qui a tenté une seule passe. Cette saison seulement, Adams sera le quatrième passeur de l'équipe, et Manziel deviendra le cinquième quand on lui fera signe. «C'est un défi. Simplement dans le décompte, le "timing" de chacun est différent, la voix aussi, a expliqué Sherman. Mais je ne veux pas d'excuse. C'est facile pour les joueurs de s'en servir comme excuse. Malgré ces difficultés, on a eu la chance de gagner des matchs, et on ne l'a pas fait. C'est un défi, mais ce n'est pas insurmontable. On aurait dû mieux répondre.»

Stables

Dans le camp adverse, c'est la situation inverse. Depuis 2013 que l'attaque des Eskimos est entre les mains de Mike Reilly, qui a totalisé 123 passes de touché en 83 matchs au cours de cette période, menant au passage son équipe à la conquête de la Coupe Grey en 2015. Reilly débarque à Montréal à titre de quart le plus prolifique du circuit Ambrosie cette saison, avec des gains aériens de 1648 verges. Derel Walker, receveur chez les Eskimos depuis 2015, apprécie cette stabilité. «C'est énorme. Comme receveur, quelqu'un doit nous donner le ballon. Si tu n'as pas de cohésion avec cette personne, ça peut être difficile. Tu t'attends à ce qu'il fasse quelque chose, et puis il fait l'inverse. Tellement de choses reposent sur cette cohésion dans un match.»

Eskimos d'Edmonton c. Alouettes, ce soir (19h30) au stade Percival-Molson

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Mulumba fait son nom

Chez les Eskimos, on aura à l'oeil un joueur en particulier en défense: Christophe Mulumba. Ce Congolais d'origine, qui a grandi à Laval, s'établit peu à peu chez les Eskimos. Cette saison, le secondeur vient au deuxième rang de son équipe pour les plaqués défensifs avec 20. Il a également réussi deux sacs du quart. Mulumba en est à sa deuxième saison dans la LCF, après avoir passé les six années précédentes aux États-Unis (deux ans dans un prep school, quatre ans à l'Université du Maine). Il a donc dû se réadapter au football canadien. «J'ai appris la vitesse du jeu, a expliqué Mulumba, dans un français impeccable. L'an passé, je pesais 240 lb, j'étais beaucoup plus lourd. Mais la LCF est une ligue vraiment axée sur la vitesse et tu n'as pas besoin d'être si gros. Donc j'ai perdu du poids pendant la saison morte.»

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Pas de Bowman

Le nom d'Adarius Bowman fait bel et bien partie de la formation des 46 joueurs, mais son nom sera rayé demain. Le receveur, acquis lundi des Blue Bombers, n'a pas participé à l'entraînement d'hier non plus, si bien qu'il ne s'est toujours pas exercé avec ses nouveaux coéquipiers. Selon la Montreal Gazette, le directeur général des Alouettes, Kavis Reed, lui aurait accordé quelques jours afin qu'il résolve des «affaires personnelles».

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Deux joueurs libérés

Les Alouettes ont annoncé avoir libéré le quart Garrett Fugate et le joueur de ligne offensive Kirby Fabien. Il y a surplus de quarts puisque l'équipe en compte maintenant cinq, dont l'éclopé Drew Willy. Idem sur la ligne offensive, avec l'acquisition de Tony Washington et le retour à la santé de Philip Blake. Fugate n'a lancé aucune passe en deux matchs cette saison, tandis que Fabien avait participé aux cinq rencontres de l'équipe cette saison.