Les gens qui suivent les activités du football universitaire québécois connaissent bien Boris Bede. Le natif de Toulon, en France, a été le botteur du Rouge et Or de l'Université Laval lors des quatre dernières saisons.

Depuis quelques jours, ce sont les Alouettes qui découvrent Bede et sa puissante jambe droite. À 6'4 et 225 lb, Bede mesure 7 pouces de plus et pèse 50 lb de plus que Sean Whyte, le vétéran botteur des Als. Le contraste est frappant. «Il a le gabarit d'un botteur de la NFL», a d'ailleurs mentionné Tom Higgins, hier.

«Sean ne possède pas ce que l'on qualifierait de jambe puissante, tandis que celle de Boris l'est particulièrement», a également dit l'entraîneur-chef des Alouettes, qui a toutefois précisé que Bede aurait fort à faire afin de déloger Whyte comme botteur régulier de l'équipe.

«Il devra gagner la compétition haut la main, car cela aurait un impact sur notre ratio de joueurs canadiens. On n'est pas fermés à cette possibilité, mais il devra être nettement supérieur à Sean.»

Même s'il vit au Canada depuis plusieurs années et qu'il n'est pas Américain, Bede n'est pas considéré comme un joueur «national». Autrement dit, s'il est en uniforme, les Alouettes devront utiliser un joueur américain de moins.

«C'est un obstacle, mais mon objectif est de forcer la main aux entraîneurs en performant très bien», a commenté Bede, qui partage la même chambre que Whyte dans le dortoir du campus de l'Université Bishop's à Sherbrooke.

«C'est une compétition saine. Sean est un très bon gars, qui m'apprend beaucoup de choses. Il est très bon techniquement. Je stocke donc le plus de choses que je peux dans ma librairie», a dit Bede.

«Ce n'est que le deuxième jour du camp, alors j'apprends encore à le connaître, mais il semble être un bon gars. Il veut toutefois me ravir mon poste et j'essaie de le conserver, alors on ne peut pas être trop proches», a de son côté noté Whyte.

Idéalement, les Alouettes auraient aimé pouvoir compter sur Whyte pour les bottés de précision et sur Bede pour les bottés de dégagement. C'est une option qui aurait pu être envisageable si les deux joueurs avaient compté comme des joueurs «nationaux».

«Si Bede avait été admissible lors du repêchage canadien, je n'ai pas le moindre doute qu'il aurait été un choix de premier tour», a estimé Higgins.

Logan ne ralentit pas

Lorsqu'il se réveillera ce matin, Stefan Logan n'aura plus 33 ans, mais bien 34. Pour un demi offensif et spécialiste des retours de bottés, c'est vieux.

Or, lors des deux premiers jours du camp d'entraînement à Sherbrooke, l'ancien porte-couleurs des Lions de la Colombie-Britannique, des Steelers de Pittsburgh et des Lions de Detroit a été l'un des joueurs qui se sont signalés. S'il a perdu de la vitesse avec le temps, ça ne paraît pas du tout.

«Ce n'est qu'un chiffre. Je pense que nos joueurs les plus jeunes ne connaissent même pas mon âge. Au bout du compte, la qualité de mon jeu dictera le reste», croit Logan, qui n'envisage pas de prendre sa retraite de sitôt.

«En combinant la NFL et la LCF, il s'agira de ma huitième saison. Je pense que je pourrais en disputer entre trois et cinq autres. Je m'entraîne très fort pendant la saison morte, et le travail rapporte toujours», a rappelé le joueur de 5'6 et 180 lb.

Il y a plusieurs candidats au poste de «retourneur» chez les Oiseaux. Chris Rainey est très explosif. James Rodgers a connu de bons moments dans ce rôle à sa première saison avec les Alouettes. Aucun membre de l'équipe n'a toutefois fait ce travail davantage que Logan, qui a totalisé 968 verges sur des retours de bottés d'envoi et 737 sur des retours de bottés de dégagement en trois saisons (2008, 2013 et 2014) à Vancouver.

Logan peut également mettre l'épaule à la roue en attaque. Il a amassé 1750 verges au sol et capté 79 passes lors de ses trois saisons dans la LCF. Le fait qu'il pourrait servir de police d'assurance dans le champ arrière dans les matchs, en plus de retourner des bottés, pourrait d'ailleurs être un élément déterminant.

«J'en parlais justement avec l'un de mes coéquipiers [hier] matin. C'est en faisant un peu de tout que je vais obtenir un poste dans l'équipe. Je peux être un retourneur, un demi offensif ou un receveur», a convenu Logan.

«C'est une compétition ouverte au niveau des retourneurs. L'organisation s'est assurée de nous donner plusieurs bonnes options, et ce sera à nous de donner une chance équitable à chacun de ces joueurs», a commenté Kavis Reed, coordonnateur des unités spéciales.

Une seule voix

Les Alouettes ont des options intéressantes au niveau des botteurs et des retourneurs, mais c'est un autre facteur qui devrait permettre à leurs unités spéciales de mieux faire en 2015, elles qui ont souvent été mauvaises ces dernières années.

Trop souvent dirigées par un peu tout le monde depuis les dernières saisons du règne de Marc Trestman, les unités spéciales relèvent maintenant d'un seul homme. Un ancien entraîneur-chef des Eskimos d'Edmonton, Reed devrait réussir à mettre de l'ordre dans ce qui a régulièrement été le maillon faible de l'équipe depuis 2010.

«Kavis est très bien organisé et ses demandes sont claires et précises. Les unités spéciales sont parfois vues comme étant secondaires par certains entraîneurs, mais ce n'est pas le cas actuellement», a dit Whyte.

«Les joueurs veulent de la constance, et la meilleure façon d'en obtenir, c'est lorsqu'il n'y a qu'un seul responsable. Les joueurs savent alors à quoi s'en tenir, et le discours ne change pas d'une personne à l'autre», a estimé Reed.