Mark Weightman ne s'en cache pas. Après quelques saisons inégales disputées dans un climat d'incertitude, les Alouettes ont un certain rattrapage à faire auprès de leur clientèle. Dans un entretien avec La Presse, le jeune président a cependant indiqué qu'il avait bon espoir de voir son organisation relever le défi.

Pour la première fois en trois ans, l'équipe n'a pas changé d'entraîneur-chef pendant la saison morte, et il n'y a plus d'incertitude quant à l'avenir à moyen terme du directeur général Jim Popp avec le club. De quelle façon cette stabilité se reflète-t-elle sur l'organisation?

Il faut également noter qu'il y a eu une transformation au niveau de l'administration avec l'arrivée de quelques gestionnaires importants au cours des dernières années. Il y a encore des changements, mais même à ce niveau, les choses se stabilisent. C'est plaisant parce qu'on commence à prendre de la vitesse. Sur le plan football, les ajustements qu'on voulait faire se sont faits beaucoup plus tôt que lors des deux années précédentes. Je suis passé au Stade olympique en janvier, et tous nos entraîneurs offensifs étaient déjà en train d'étudier et de regarder des vidéos. Bref, on commence notre saison avec deux mois d'avance par rapport à l'an dernier.

Croyez-vous que l'instabilité des dernières années a nui à l'assistance lors de vos matchs au stade Percival-Molson?

Ce que nos partisans veulent avant tout, c'est une équipe qui gagne, et on doit leur donner des raisons de croire qu'on va gagner. Lorsqu'il y a moins de stabilité et que les changements sont nombreux, c'est certain que le «momentum» qu'on tente de générer en vue d'une nouvelle saison est affecté. N'oublions pas que l'année dernière, il y a également eu la menace d'un conflit de travail qui a plané sur la ligue jusqu'au début de la saison. Anthony Calvillo a pris sa retraite, Scott Flory a pris sa retraite, Jamel Richardson a quitté l'équipe tôt dans la saison... Il y a eu plusieurs facteurs.

Les assistances de la saison dernière étaient plus faibles que lors des années précédentes?

Sauf erreur, notre moyenne de spectateurs était de 22 400 en 2012, de 23 000 en 2013, et d'environ 21 000 la saison dernière. Il y a donc eu une baisse approximative de 1500 à 2000 spectateurs par match. C'est certain que lorsqu'on commence une saison avec une fiche de 1-7, ça n'aide pas les choses.

La faible assistance lors de votre match éliminatoire à domicile (15 107 spectateurs) vous a sûrement beaucoup déçu?

Ce fut très, très décevant. Il ne faut pas sous-estimer l'impact de n'avoir eu qu'une semaine pour vendre les billets. C'était la première fois depuis le retour des Alouettes à Montréal qu'on n'avait qu'une semaine. Il est également important de préciser qu'on attire toujours beaucoup moins de spectateurs pour une demi-finale de division que pour une finale de division.

Le fait que le match ait été disputé à l'extérieur, à la mi-novembre, plutôt qu'au Stade olympique, n'a sûrement pas aidé la vente de billets.

Certains amateurs ont préféré regarder le match à la télé, mais c'est notre réalité en raison de l'état de la toile du Stade olympique. Mais je prends ça comme un défi. Même s'il fait froid, les gens ont du plaisir au Lambeau Field à Green Bay. Le froid et la neige font partie du football. Mais les gens ont été habitués à ce que nos matchs éliminatoires soient joués au Stade olympique.

Qu'allez-vous faire différemment afin d'éviter qu'il y ait d'autres faibles assistances lors de vos matchs éliminatoires à domicile?

La chose la plus importante, c'est qu'on va inclure un billet pour un match éliminatoire potentiel dans notre abonnement de saison et qu'on va mettre les billets en vente plus tôt. On mise aussi sur l'expérience client. Les trois principaux éléments de notre plan de match sont la victoire sur le terrain, l'expérience de l'amateur au stade et notre engagement communautaire. [...] Afin de rejoindre notre clientèle des 18-35 ans, on ne peut pas faire les choses comme il y a cinq ou dix ans. Il faut miser sur l'interactivité et l'élément social. C'est pour cette raison qu'on a créé notre «zone des fans». Les gens veulent socialiser autant qu'ils veulent regarder un match.

En comparaison avec les dernières années, comment se déroule la vente de billets pour la prochaine saison jusqu'à présent?

C'est un peu plus difficile que l'année dernière, mais on s'y attendait. C'est un travail de longue haleine et on sait qu'on a encore des croûtes à manger. Pour l'amateur moyen, notre saison 2014 a été un échec, même si on l'a terminée en force. Plusieurs personnes se souviennent surtout de notre première moitié de saison et de notre fiche de 1-7. On a donc encore du travail à faire afin de les ramener au stade.

Avez-vous plus confiance de voir l'équipe connaître du succès en 2015 que lors des dernières saisons?

Absolument, et pour deux raisons. Il y a d'abord la stabilité dont on a parlé plus tôt, alors que tous nos principaux joueurs autonomes sont de retour avec l'équipe. Puis, on a ajouté quelques joueurs importants à notre équipe, dont Fred Stamps, Samuel Giguère et Khalif Mitchell. Ces joueurs peuvent tous avoir un gros impact.

Même si c'est dans un rôle d'entraîneur adjoint, quelle est l'importance du retour officiel d'Anthony Calvillo au sein de l'organisation?

Anthony a été un géant sur le terrain, mais également à l'extérieur. C'est un Américain qui a adopté Montréal. Il a tellement une bonne image. Il est généreux de son temps et sympathique. C'est un modèle à suivre, et je voudrais que tous mes joueurs soient comme lui. Anthony est le visage de notre équipe, alors c'était très important de le garder avec nous.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Les Alouettes ont enregistré une baisse moyenne de 1500 à 2000 spectateurs par match la saison dernière.