La prochaine saison de la Ligue canadienne de football ne commencera qu'en juin, mais déjà, ça ne fait aucun doute: le rôle d'entraîneur va comme un gant à Anthony Calvillo.

On a tôt fait de le constater hier à Laval, dans le cadre du premier week-end de l'Académie du leadership pour quarts-arrière Anthony Calvillo, mise sur pied par les Alouettes pour permettre à des passeurs issus des rangs universitaires et collégiaux québécois de profiter des enseignements de l'ex-numéro 13 des Moineaux.

Il fallait le voir diriger ses jeunes apprentis en examinant scrupuleusement leurs moindres faits et gestes. Son sourire était large et son aisance, manifeste.

«J'ai hâte de partager ces connaissances que j'ai en tête, d'être patient et de ne pas me frustrer s'ils ne comprennent pas, car il se peut que je n'explique pas assez bien ou que je doive avoir une approche différente», a-t-il convenu au terme de la séance d'entraînement.

Utile à long terme

Certains ont sourcillé en apprenant que Calvillo superviserait les receveurs des Als en 2015. Pourquoi ne pas plutôt lui demander de s'occuper des quarts-arrière? On parle après tout du passeur le plus prolifique de l'histoire du football professionnel.

La tâche a finalement été confiée au coordonnateur offensif Turk Schonert. Et au dire de Calvillo, c'était tout naturel qu'il en soit ainsi.

«J'ai appris par le passé que chaque fois qu'un nouveau coordonnateur offensif arrive, il veut être lié au quart-arrière, car le succès d'une organisation commence avec le quart et le coordonnateur offensif, souligne-t-il. C'est tout à fait compréhensible qu'ils travaillent ensemble, et je n'avais aucun problème à occuper n'importe quelle fonction. Je voulais seulement faire partie de cette organisation.»

Calvillo se dit d'ailleurs convaincu que le fait de sortir quelque peu de sa zone de confort dès ses débuts comme entraîneur lui sera profitable à long terme. «Tous mes amis qui sont dans le coaching - et même [l'entraîneur-chef des Als] Tom Higgins - me l'ont dit: ça m'aidera à grandir et être un meilleur entraîneur», fait-il valoir.

Convaincre ses ex-coéquipiers

Chose certaine, son directeur général, Jim Popp, s'est assuré de lui fournir des armes intéressantes en recrutant Fred Stamps et Samuel Giguère. «Nous avons toujours eu beaucoup de profondeur ici, note Calvillo. J'adore lorsqu'ils amènent des vétérans qui se sont établis dans cette ligue, et ces deux-là l'ont fait.»

Stamps et Giguère viennent se greffer à un groupe de receveurs tissé serré, composé notamment de S.J. Green, Brandon London et Éric Deslauriers. Tous des joueurs qui, jusqu'à il y a deux ans à peine, étaient coéquipiers de Calvillo.

Lorsqu'on lui demande s'il craint que son nouveau rôle de coach ne compromette les bonnes relations qu'il entretenait avec ses anciens frères d'armes, l'ancien quart assure qu'il n'y aucun risque. À ses yeux, son travail d'entraîneur a en quelque sorte commencé il y a déjà un moment.

«Au cours des quatre ou cinq dernières années de ma carrière, j'ai senti que j'étais davantage leur entraîneur, même si j'étais sur le terrain avec eux, relate-t-il. Je marchais dans le vestiaire et les jeunes arrêtaient de parler parce qu'ils ne savaient pas comment se comporter en ma présence. Ils se disaient: «Il est un joueur, mais il est aussi entraîneur.»

«En ayant joué avec eux et en ayant ces connaissances, ça me donne la crédibilité nécessaire pour agir, poursuit-il. Mais maintenant, je dois gagner leur confiance en tant qu'entraîneur et c'est ce sur quoi je dois travailler. Je ne vois pas du tout ça comme un problème par rapport à la relation que nous avons eue par le passé.»

À moins d'un désastre, on voit mal comment Calvillo n'arriverait pas à obtenir la confiance de ses troupes. Parions alors qu'il sera encore plus à l'aise dans ses habits d'entraîneur. Et qu'il conservera le grand sourire qu'il affichait hier encore longtemps.