Une bien drôle de bande que celle des Ravens de Baltimore. Avec leur air de durs et leur attitude qui frise parfois l'arrogance et le mépris, certains de leurs joueurs ne sont pas très sympathiques.

D'autres joueurs des Corbeaux - qui logent au même hôtel que le représentant de La Presse, soit dit en passant - sont en revanche très gentils. C'est le cas du receveur Torrey Smith, qui est adorable. Terrell Suggs et Ray Rice, un peu moins.

Ray Lewis? Dieu sait qu'on peut l'accuser de bien des choses, mais le secondeur est toujours souriant et respectueux. Le genre de gars que tout le monde aime.

C'est le paradoxe avec Lewis. Des gens qui ne l'aiment pas, on en trouve autant que ceux qui l'aiment. Sauf dans la NFL, où le secondeur des Ravens est perçu comme un demi-dieu, à tort ou à raison.

La controverse aura suivi Lewis pendant presque toute sa carrière, qui prendra fin avec le Super Bowl de dimanche. Que ce soit en raison de cette nébuleuse histoire de double meurtre en banlieue d'Atlanta, il y a 13 ans, ou encore des récentes allégations que Lewis aurait pris des produits illégaux afin de récupérer plus tôt de sa blessure à un triceps.

Lewis a catégoriquement nié avoir utilisé les produits en question, hier. «Cette histoire est ridicule. Je l'ai dit des millions de fois, je n'ai jamais consommé de tels produits», a martelé la supervedette de 37 ans.

La veille, Lewis avait raconté que son médecin l'avait prévenu que le genre de blessure qu'il avait subie nécessitait une longue période de guérison.

«Elle m'a dit qu'aucun joueur n'était revenu au jeu aussi rapidement après la déchirure d'un triceps. Mais je lui ai dit qu'aucun de ces joueurs n'était Ray Lewis.»

Même s'il est déçu de voir cette histoire prendre autant de place en cette semaine de Super Bowl, Lewis soutient qu'elle n'affectera en rien son rendement, dimanche. Ceux qui le connaissent bien n'en ont aucun doute.

«Rien n'affecte la concentration de Ray. Il comprend ce qui est important cette semaine. Et de toute façon, cette histoire est complètement fausse, alors elle ne nous touche pas du tout», a commenté l'entraîneur-chef des Ravens, John Harbaugh.

Le roi lion

Certaines personnes n'aiment pas Lewis parce qu'il parle un peu trop de religion à leur goût. Mais on ne compte plus le nombre de joueurs - autant des adversaires que des coéquipiers - qui boivent ses paroles. Lewis reste en contact avec des centaines de joueurs dans la NFL et les conseille.

«La première chose que je dis aux jeunes qui arrivent dans la NFL, c'est que c'est un business. La ligue continuera de bien se porter sans eux, même s'ils sont immensément talentueux. Les habiletés ont une date de péremption, mais la force de caractère, elle, reste toute une vie», raconte Lewis.

«Il n'y a jamais eu un autre joueur dans l'histoire de la NFL qui ait mieux mené son équipe que Ray Lewis. Aucun», a tranché l'analyste Michael Irvin, qui était lui-même considéré comme un leader à la belle époque des Cowboys de Dallas même s'il était un joueur controversé.

Le style de jeu de Patrick Willis est souvent comparé à celui de Lewis. Le secondeur-étoile des 49ers de San Francisco estime toutefois que le numéro 52 des Ravens sera considéré comme le maître pendant des décennies et des décennies.

«Il est une inspiration pour moi. Il joue avec tellement de passion et d'enthousiasme. Je le surnomme le Mufasa (le héros du film d'animation Le roi lion des secondeurs intérieurs. Les gens en parleront pendant très longtemps», a dit Willis.

Une histoire en demi-teintes

Lewis n'est plus le joueur qui volait sur le terrain lorsque les Ravens ont gagné le Super Bowl en janvier 2001. C'est même un peu laborieux pour le vétéran, qui joue avec une orthèse qui lui recouvre presque tout le bras droit. Mais serait-on surpris de voir Lewis réussir deux revirements et être nommé le joueur du match, dimanche? Bien sûr que non.

«Ray Lewis est l'un des meilleurs joueurs de l'histoire. Et les gens qui ne sont pas de cet avis sont carrément dans l'erreur», croit Brian Billick, qui a dirigé Lewis pendant neuf ans à Baltimore.

«La dernière fois que je vais attacher mon casque, ce sera au Super Bowl. On n'aurait pas pu écrire une meilleure histoire», a dit Lewis, hier.

Une histoire de rédemption comme Hollywood les aime avec quelques scènes abstraites à la David Lynch. Jusqu'à la fin, ça n'aura jamais été tout blanc ou tout noir avec ce personnage plus grand que nature.