Allons droit au but. La perception selon laquelle Jamel Richardson est un joueur égoïste est franchement ridicule. Fier, oui. Égoïste, absolument pas. Et les exemples qui le prouvent sont nombreux.

Depuis qu'il est arrivé avec les Alouettes, en 2008, le receveur a encensé à peu près tous ses coéquipiers de l'attaque. Anthony Calvillo est un quart exceptionnel. Avon Cobourne était un leader comme on en voit rarement. La combativité et le professionnalisme de Ben Cahoon étaient hors du commun. Kerry Watkins était le receveur le plus talentueux de la ligue - même si on savait tous que c'est Richardson qui l'était.

Quant aux succès de S.J. Green depuis le début de la présente saison, Richardson se dit extrêmement fier de lui, et que c'était au tour de Green - qui est en quelque sorte son dauphin - d'être le «gros» receveur du club.

Lorsque ses coéquipiers ont scandé «MVP! MVP! MVP!» en son honneur dans le vestiaire après un entraînement l'année dernière, Richardson a dit qu'il estimait que Calvillo méritait d'être nommé le joueur par excellence du club. Même si plusieurs observateurs jugeaient que le titre lui revenait pleinement en vertu de ses 1777 verges de gains, 427 verges de plus que n'importe quel autre receveur de la LCF!

Bref, Richardson est un joueur d'équipe, et il ne devrait pas y avoir le moindre doute à ce sujet. Cela étant dit, s'il a quitté le vestiaire comme un éclair après le match de lundi dernier, ce n'est sûrement pas simplement parce que l'équipe venait de perdre contre les Blue Bombers de Winnipeg comme il l'a soutenu, hier.

«C'est de l'histoire ancienne. J'étais seulement frustré qu'on ait perdu contre une équipe qu'on aurait dû normalement vaincre», a déclaré Richardson, qui avait reçu congé de l'équipe pour des raisons personnelles, la veille.

Une défaite difficile à avaler? Aucun doute. Mais si Richardson a quitté le stade Percival-Molson aussi vite, ce n'est pas seulement pour ça. Il y a une limite à la crédulité.

S'il est parti en coup de vent, c'est aussi parce que le receveur ne joue pas bien et il le sait. Il échappe trop de passes et n'affiche pas l'intensité à laquelle il nous a habitués. Va et va. Mais selon plusieurs personnes, dont certains membres influents de l'organisation, c'est surtout parce qu'il ne reçoit pas le ballon assez souvent. Et cette insatisfaction est parfaitement compréhensible.

Richardson s'est gardé de faire des vagues depuis le début de la saison. Même s'il n'a pas capté sept passes au cours d'un même match, exploit qu'il a réussi 10 fois en 2011. Même s'il n'a pas un seul match de 100 verges à son actif, après en avoir enregistré 12 l'année dernière. À 30 ans, alors qu'il devrait encore être à son apogée, Richardson occupe le 12e rang de la LCF avec 679 verges au compteur, et le 16e avec 45 attrapés. Pour un joueur de ce calibre, c'est carrément incompréhensible - oui, même s'il a échappé plusieurs passes.

On a donc demandé à Richardson s'il estimait qu'il recevait le ballon assez souvent, hier. «Oui», a-t-il répondu du bout des lèvres, sans rien ajouter de plus. Un «yep» qui voulait tout dire...

Jamel est dominant

Plusieurs raisons peuvent expliquer le peu de passes que reçoit l'imposant receveur. Il a été blessé en début de saison; les défenses tentent de le neutraliser en lui opposant une couverture double; l'éclosion de Green et de Brandon London a eu pour effet de diminuer le nombre de passes que Calvillo lance dans sa direction. Puis, il y a les passes échappées.

Sauf que ce n'est pas parce que Calvin Johnson, des Lions de Detroit, ou Larry Fitzgerald, des Cards de l'Arizona, échappe quelques passes faciles qu'ils recevront le ballon moins souvent. Les joueurs d'exception bénéficient normalement d'une certaine marge de manoeuvre. Et ça devrait être la même chose pour Richardson.

Car une chose demeure très limpide: si les Als veulent gagner leur troisième Coupe Grey en quatre ans, Richardson devra être plus productif qu'il l'a été jusqu'à présent. Et pour être plus productif, il devra recevoir plus de passes.

Les Oiseaux courent carrément à leur perte en ne profitant pas pleinement d'un receveur comme Richardson. C'est même écrit sur leur propre publicité: Jamel est dominant. L'ont-ils oublié?