Si Aaron Rodgers et Drew Brees ont connu une saison mémorable, c'est en partie parce qu'ils pouvaient compter sur un ailier rapproché de premier plan. Tom Brady, lui, a la chance d'en avoir deux à ses côtés. Jimmy Graham, des Saints de La Nouvelle-Orléans, et Jermichael Finley, des Packers de Green Bay, donnent des maux de tête à l'adversaire, alors imaginez lorsqu'on doit à la fois contenir Rob Gronkowski et Aaron Hernandez!

Même si Brady, Rodgers et Brees ont été époustouflants, 2011 a été l'année de l'ailier rapproché. C'est d'ailleurs présentement la grande énigme dans la NFL: comment arrêter ces receveurs format géant, trop rapides pour des secondeurs ou des demis de sûreté, mais trop imposants pour des demis de coin?

«Il faudrait poser cette question aux défenses adverses. On doit les affronter à tous nos entraînements, et croyez-moi, on sait à quel point il est difficile de les arrêter», a convenu Bill Belichick, entraîneur-chef des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Les défenses adverses auront ce problème longtemps, puisque Gronkowski et Hernandez ne disputent que leur deuxième saison. Et leurs statistiques de 2011 ont de quoi inquiéter le reste de la NFL. Gronkowski a capté 90 passes pour 1327 verges, et a établi une nouvelle marque pour un ailier rapproché avec 17 touchés. Hernandez a saisi 79 passes pour 910 verges et 7 touchés, même s'il a raté deux matchs. En deux saisons, les deux joueurs totalisent déjà 40 touchés.

«Leur nombre de touchés est attribuable à tout le travail qu'ils ont investi. Alge Crumpler faisait partie de notre équipe l'année dernière, mais ils ne peuvent plus compter sur la présence d'un vétéran comme lui. Ils ne jouent certainement pas comme des joueurs à leur deuxième saison», a observé Brady, hier.

Hernandez avoue par contre que ça n'a pas toujours été facile pour Gronkowski et lui. Les Patriots se sont montrés exigeants envers leurs deux joyaux.

«On a souvent été disciplinés et enguirlandés, mais on a également obtenu beaucoup d'aide. On compte sur de très bons joueurs qui nous ont montré comment bien se préparer pour un match. C'est une très bonne organisation qui s'assure qu'on connait chaque détail de chacun de nos tracés. C'est évidemment l'une des raisons qui expliquent notre succès.»

Un succès qui s'est poursuivi contre les Broncos de Denver, samedi dernier. Hernandez a attrapé 4 passes pour 55 verges et un majeur, en plus d'amasser 61 verges en 5 courses - Belichick ne cessera jamais de nous surprendre. La grande vedette a toutefois été Gronkowski (10 attrapés, 145 verges et 3 touchés).

Gronkowski ressent-il la pression d'offrir une performance comparable, dimanche, contre les Ravens de Baltimore? «Non, je ne vois pas ça de cette façon. Les choses se déroulent de cette manière depuis le début de la saison, mais il faut oublier le passé au plus vite. Si on joue un bon match, on doit l'oublier, et regarder vers l'avant en se préparant du mieux qu'on le peut pour le suivant.»

«Ce n'est certainement pas notre jeu [à Hernandez et à lui] qui décidera du match. C'est un sport d'équipe, et c'est tout ce qui compte. On doit s'assurer de bien jouer en équipe, peu importe qui réussira les jeux importants», a ajouté Gronkowski.

Les joueurs de 22 ans ont manifestement déjà bien assimilé le procédé des Patriots, à commencer sur le plan de la langue de bois et des clichés.

Intéressaient-ils les Ravens?

On ne saurait dire si c'est un hasard, mais les Patriots ont choisi Gronkowski (42e au total) et Hernandez (113e) un rang avant que ce soit au tour des Ravens de parler, eux qui détenaient les 43e et 114e choix du repêchage de 2010. Les Corbeaux ont sélectionné deux ailiers rapprochés eux aussi: Ed Dickson (70e) et Dennis Pitta (114e). Pas tout à fait le même calibre de joueurs...

Le repêchage de 2010 regorgeait d'ailiers rapprochés prometteurs; Graham (95e), Jermaine Gresham (21e), et Tony Moeaki (93e) ont également tous été choisis cette année-là, probablement la meilleure cuvée de l'histoire à cette position.

Même s'ils n'évoluaient pas dans la même conférence dans la NCAA, Gronkowski (Université de l'Arizona) et Hernandez (Université de la Floride) se connaissaient de réputation avant de se retrouver.

«C'était un peu étrange à notre arrivée, car on entendait parler de l'autre depuis longtemps. Ça fait maintenant deux ans qu'on joue ensemble, et on est devenus de très bons amis. On s'amuse beaucoup, et pour le reste, c'est de l'histoire ancienne», a dit Gronkowski.

«On n'est pas en compétition du tout. J'ai toujours été quelqu'un de très compétitif, et peut-être que j'étais en concurrence avec lui dans les rangs universitaires et secondaires. Mais à présent, je dirais qu'on est comme deux frères. Plusieurs personnes disent ça, mais dans notre cas, c'est vrai. On s'aime beaucoup et notre relation est excellente», a assuré Hernandez.