L'une des choses que répète souvent Marc Trestman, c'est qu'on ne peut pas vraiment connaître une équipe avant que la saison ne soit terminée. Lorsqu'il est question des Alouettes version 2011, l'entraîneur-chef ne pourrait dire plus vrai.

Il reste cinq matchs à leur calendrier régulier, et on ne sait toujours pas quoi penser des Oiseaux. Prenez l'attaque, par exemple.

Anthony Calvillo totalise 507 verges et huit passes de touchés de plus que n'importe quel autre quart-arrière; Jamel Richardson, 293 verges et 13 attrapés de plus que n'importe quel autre receveur; et Brandon Whitaker, 193 verges au sol de plus que n'importe quel demi. Sans surprise, l'attaque des Als domine sur le plan des statistiques. Êtes-vous convaincus pour autant qu'elle sera productive en séries?

Calvillo et compagnie ont connu beaucoup de difficultés près de la zone des buts cette saison. Ils ont souvent dû se contenter d'un placement, alors qu'ils semblaient se diriger allègrement vers un touché. Ces points perdus se sont avéré la différence entre une victoire et une défaite à quelques occasions.

Richardson est dans la course pour le titre de joueur par excellence de la ligue, et S.J. Green occupe le quatrième rang pour les verges par la passe et le nombre d'attrapés. Brian Bratton et Brandon London sont de bons receveurs de soutien, et la ligne offensive est solide. Whitaker a rapidement fait oublier Avon Cobourne, et Calvillo, eh bien, c'est Calvillo. Pourquoi y-a-t-il donc des doutes qui subsistent?

Pour être juste, l'attaque joue mieux depuis deux semaines. Peut-être parce qu'il y a un meilleur équilibre entre la passe et le jeu au sol. Whitaker a porté le ballon 35 fois pour un total de 188 verges lors des récentes victoires à Edmonton et Winnipeg. Juste assez afin de garder la défense adverse sur les talons...

S'il manque un élément à l'attaque des Als, c'est une menace pour le long jeu, un «deep threat», comme on dit en espagnol. Normalement, cette responsabilité revient à Kerry Watkins. En 2010, le vétéran de huit saisons a capté 56 passes pour un total de 970 verges et une excellente moyenne de 17,3. Parmi tous les joueurs qui ont saisi 40 passes, seul Terrence Edwards (moyenne de 17,6 verges) a fait mieux.

Revenu au jeu le 29 juillet, Watkins totalise 22 attrapés et 265 verges pour une moyenne de 12 verges cette année. Depuis qu'il est devenu un joueur régulier, en 2005, l'ailier espacé a réussi au moins un jeu de plus de 50 verges à toutes les saisons sauf une. Son plus long jusqu'à présent cette saison a couvert une distance de 22 verges.

Si Watkins redevient le receveur productif et dangereux des dernières années, l'attaque des Oiseaux pourrait atteindre son pic au meilleur moment, à l'aube des séries. C'est probablement la clé de leurs chances de remporter un troisième titre consécutif.

Quels blessés reviendront?

On ne compte plus les changements du côté défensif, en particulier dans la tertiaire. Les blessures de Jerald Brown, Mark Estelle, Étienne Boulay et Dwight Anderson ont amputé l'unité de 80% de ses réguliers. Seul Billy Parker est encore là. Les jeunes Seth Williams, Paul Woldu, Jeff Hecht, Marc-Olivier Brouillette, Greg Laybourn et De'Audra Dix tiennent le coup, mais pour combien de temps encore?

La meilleure façon de faciliter le travail d'une tertiaire, c'est bien sûr de presser le quart-arrière. Mais pour y parvenir, le coordonnateur Tim Tibesar devra utiliser le blitz plus souvent, notamment avec les secondeurs Chip Cox et Diamond Ferri. Car à l'exception de John Bowman, aucun joueur de la ligne défensive ne réussit à exercer de la pression régulièrement.

Du côté des unités spéciales, Sean Whyte a dépassé toutes les attentes à sa première saison à Montréal. Il a réussi 33 de ses 38 tentatives de placements, et ses bottés de dégagement sont devenus une arme.

Discrètement, l'organisation a tassé Tim Maypray au profit de Perry Floyd au poste de spécialiste des retours. Trestman a longtemps soutenu que Maypray était blessé, mais il a été remercié, la semaine dernière, après qu'il eut refusé d'intégrer l'équipe de développement et ainsi accepté une diminution salariale. Floyd est-il meilleur que Maypray? Pas sûr, mais il est plus solide sur ses jambes.

On ne sait pas si l'attaque produira à la hauteur de son potentiel dans les moments importants. On ne sait pas plus si la défense sera capable de presser le passeur, et si la jeune tertiaire continuera de surprendre. Ni si les Anderson, Brown, Boulay et Shea Emry seront de retour. On ne sait même pas si l'esprit d'équipe est aussi bon que lors des dernières années.

Ce que l'on sait, c'est que le dernier mois de la saison régulière ne manquera pas d'intérêt. Ça fera changement des dernières saisons.