Ils ont respectivement 33 et 35 ans, et n'ont peut-être pas des jambes aussi jeunes que celles de certains coéquipiers. Eric Wilson et Anwar Stewart possèdent toutefois un élément essentiel à n'importe quelle équipe de football: de l'émotion.

Votre humble journaliste n'a pas la prétention de maîtriser la complexité du football et le labyrinthe stratégique qui s'y rattache. Il n'a cependant pas trop peur de se tromper en disant qu'un club qui joue sans trop de conviction est normalement un club qui perd. Et lundi à Hamilton, les Alouettes n'ont certainement pas joué avec leur fougue habituelle.

Au terme de la rince subie contre les Tiger-Cats, Stewart a raconté à mon confrère Herb Zurkowsky, du quotidien The Gazette, qu'il était insatisfait de son temps de jeu. Wilson, lui, n'était même pas du voyage, laissé de côté pour la première fois depuis qu'il est devenu un partant, en 2008, une décision qu'il a évidemment avalée de travers.

«J'étais très frustré, et pas très heureux de la situation. Mais on doit tenir compte du ratio de joueurs canadiens dans cette ligue, et ce genre de situation survient parfois», a dit Wilson, hier.

Le plaqueur a profité de son retrait de la formation pour se rendre à son domicile dans la région de New York afin de passer du temps en famille. Il n'a pas regardé le match, mais l'a écouté à la radio. S'il a eu le temps de décompresser, n'allez pas croire que Wilson a tourné la page, tout bonnement...

«Évidemment qu'il y a encore de la frustration. Je n'ai pas été laissé de côté une seule fois en quatre ans, a-t-il dit, hier. Je vais utiliser ça pour me motiver, en espérant qu'on parviendra à remettre l'équipe sur ses rails. Je ne peux pas contaminer l'équipe en étant négatif. Une décision a été prise en fonction du ratio. Ça ne fera qu'ajouter un peu d'huile sur mon feu. Je vais demeurer positif. Il y a encore beaucoup de football à disputer.»

Wilson a-t-il reçu la confirmation qu'il serait de retour dans l'alignement, dimanche, contre ces mêmes Tiger-Cats? «Disons simplement qu'il y a eu quelques conversations au téléphone alors que je rentrais à Montréal, hier soir (mardi soir).»

C'est en raison de l'absence du Canadien Shea Emry que les Alouettes ont choisi de laisser Wilson de côté. Le secondeur ressentait encore les effets d'une commotion cérébrale subie la semaine précédente, mais sera de retour à l'entraînement aujourd'hui.

«Il n'y a aucun doute qu'on veut qu'Eric soit de retour dans la formation», a indiqué Marc Trestman, hier. De la façon dont Avon Cobourne et les Tiger-Cats ont connu du succès au sol, lundi, il serait sidérant que Wilson ne réintègre pas l'alignement partant - ratio ou pas.

«Nos blitz contre la course ont parfois été très efficaces et les ont empêchés de gagner des verges. Ils ont toutefois réussi quelques longues courses de plus de 20 verges. Dans l'ensemble, j'estime qu'on a perdu la bataille sur la ligne d'engagement», a analysé Trestman.

Wilson se distingue justement par sa ténacité sur la ligne d'engagement. Et en plus, il est utilisé en attaque afin de bloquer lorsque l'équipe a besoin d'un court gain au sol. On se rappellera que les Oiseaux se sont butés à la porte des buts trois fois en fin de première demie, incapables d'inscrire un touché.

Deux jours après avoir ouvertement exprimé son mécontentement quant à son temps d'utilisation, Stewart était repentant, hier. «J'ai 35 ans, mais il faut croire que j'ai encore des choses à apprendre. Je dois montrer l'exemple aux plus jeunes», a-t-il dit.

«J'étais frustré, et je n'ai pas aimé la façon dont on a joué. J'aime cette équipe. Mais je ne suis qu'une pièce du casse-tête, et je dois le comprendre.»

Whitaker et Cobourne

En écrivant que les Alouettes s'ennuyaient peut-être d'Avon Cobourne dans mon texte de mardi, je n'ai manifestement pas été assez clair. Certains lecteurs ont perçu ça comme une critique par la bande destinée à Brandon Whitaker, ce qui était loin d'être le cas.

Il était question de Cobourne la bougie d'allumage, pas de Cobourne le demi offensif... Whitaker est irréprochable depuis le début de la saison. Et ce n'est certainement pas son travail de fouetter ses coéquipiers - il n'est un partant que depuis neuf matchs.

Ce travail revient plutôt à des vétérans comme Wilson et Stewart. Toujours faut-il qu'ils jouent.