Il sera là encore aujourd'hui pour rencontrer quelqu'un de bien plus important. Gerry Forsythe, un des trois propriétaires de la série... ancien co-propriétaire de l'écurie BAR et bonne connaissance du promoteur.

Il sera là encore aujourd'hui pour rencontrer quelqu'un de bien plus important. Gerry Forsythe, un des trois propriétaires de la série... ancien co-propriétaire de l'écurie BAR et bonne connaissance du promoteur.

Le Grand Prix de Chine de Champ Car devait avoir lieu en mai. Il a été retardé pour ce qu'on a appelé en Chine des raisons techniques. Depuis, le promoteur a demandé à la FIA d'autoriser la présentation du Grand Prix vers le 20 octobre. Pendant qu'il était dans l'avion en route pour Montréal, jeudi, la Fédération internationale de l'automobile, la FIA, refusait cette autorisation. Il l'a appris en arrivant à Montréal.

Donc, le promoteur du Grand Prix de Chine est à Mont-Tremblant mais il n'a toujours pas encore de Grand Prix.

Ce promoteur est quelqu'un que je connais depuis trente ans. C'est France Corbeil, ancien producteur des matchs des Nordiques de Québec et maître d'oeuvre de la saga PPGI, la firme de production et de mise en marché des droits de télévision fondée en même temps qu'on lançait l'écurie BAR en Formule 1.

-T'es rendu promoteur du Grand Prix de Chine? C'est complètement fou!

«Au contraire, c'est logique. Avec PPGI, j'ai travaillé pendant des années à développer le marché des droits de télé des pays asiatiques. Brasser des affaires avec les Chinois ne s'apprend pas en quelques mois à l'école. C'est long et c'est infiniment complexe», de répondre France Corbeil quand je l'ai rencontré hier dans le paddock.

C'est une histoire compliquée. Pleine de chinoiseries comme dirait l'autre. Corbeil était associé avec un Américain qui avait acheté des droits de télé détenus par une compagnie de Corbeil. Le Grand Prix devait être présenté en mai mais les autorités locales du sport ont trop tardé à émettre la licence. Obtenir des permis dans un pays communiste est parfois plus compliqué que dans un arrondissement de la Ville de Montréal. Résultat, le Grand Prix a été annulé et l'Américain a perdu sa chemise.

D'ailleurs, il a intenté une poursuite d'une dizaine de millions de dollars contre les propriétaires de Champ Car et contre Corbeil pour tenter de récupérer ses mises de fond: «Il n'a pas de cause. Il est en bris de contrat sur plusieurs points», soutient Corbeil.

Mais comment se retrouve-t-il promoteur de ce Grand Prix en difficulté?

«Je me suis trouvé des partenaires chinois qui ont investi dans le projet. Nous sommes partenaires. J'ai besoin d'eux pour le financement, ils ont besoin de moi pour mes contacts et mon expertise. S'il est extrêmement compliqué pour un Nord-Américain de faire des affaires en Chine, il n'est guère plus facile pour eux de se démêler dans nos façons d'opérer», d'expliquer Corbeil.

D'ailleurs, le Québécois vit dans un appartement à Pékin depuis deux ans déjà pour consacrer temps et énergie à son projet.

C'est un feuilleton aux rebondissements invraisemblables. Il y avait une clause dans le contrat de Bernie Ecclestone avec la Fédération chinoise du sport automobile qui garantissait à Bernie une période de six semaines après la présentation du Grand Prix de Formule 1. Question de protéger son marché et ses commanditaires.

Hier, Corbeil a rencontré Steve Johnson pour tenter d'obtenir une date en décembre: «La dernière course de la saison a lieu à Phoenix le 2 décembre. Je pourrais offrir le 16 décembre à Champ Car mais Johnson estime que les équipes vont préférer mettre fin à la saison. Mais je pense que Gerry Forsythe qui comprend mieux la business internationale va être plus compréhensif. Sinon, il faudra espérer que le montage financier sera encore en place pour le mois de mai 2008», expliquait Corbeil en fin d'après-midi.

En fait, c'est assez évident que les financiers chinois sont déjà impatients de goûter aux fruits de leurs investissements. Un autre report de la course au printemps prochain pourrait être catastrophique pour le promoteur: «Je suis absolument convaincu que le Grand Prix de Chine de Champ Car va avoir lieu. C'est trop important pour les propriétaires de la série. Je vais dire bien plus. Une fois la première course organisée et présentée, le Champ Car va être trop heureux d'en tenir une deuxième en Chine. Si le Canada est capable de faire vivre trois courses dans le pays, la Chine est certainement capable d'en présenter au moins deux. Et c'est trois ou quatre fois plus payant pour le Champ Car qu'un Grand Prix comme celui de Mont-Tremblant», d'ajouter Corbeil: «Juste l'argent investi dans le développement, c'est plus que le budget présumé du Grand Prix de Mont- Tremblant», dit-il.

Si des multinationales comme Danone et Reebok se font arnaquer à qui mieux mieux par les hommes d'affaires chinois dans un pays où la notion de droit de marques ne semble pas exister, est-ce-que France Corbeil est assuré qu'il sera toujours le promoteur du Grand Prix de Chine quand les voitures s'élanceront enfin sur le circuit de Zhuhai, la grande cité chinoise qui borde Macao?

Il sourit: «Si ce n'est pas moi, ça voudra dire qu'ils m'auront payé», répond-il.

C'est aujourd'hui qu'il rencontre Gerry Forshyte. On va en savoir plus en fin de journée...