7h30 : l'hélicoptère de la direction de course (Delta), piloté par Jean-Marc Genechesi, 40 ans, responsable des opérations d'Hélicoptères de France, la plus grosse société de location d'hélicoptères en France (28 appareils, 30 pilotes) basée à Gap, décolle avec à son bord Étienne Lavigne, le directeur du Dakar et quatre journalistes (deux Espagnols et deux Français, dont celui de l'AFP).

Une tempête de sable a obligé la direction du Dakar 2007 à écourter la septième étape entre Zouérat et Atâr (Mauritanie) pour des raisons de sécurité (manque de visibilité). Récit de la journée depuis l'hélicoptère de la direction.

7h30 : l'hélicoptère de la direction de course (Delta), piloté par Jean-Marc Genechesi, 40 ans, responsable des opérations d'Hélicoptères de France, la plus grosse société de location d'hélicoptères en France (28 appareils, 30 pilotes) basée à Gap, décolle avec à son bord Étienne Lavigne, le directeur du Dakar et quatre journalistes (deux Espagnols et deux Français, dont celui de l'AFP).

Après avoir survolé Zouérat et ses mines de fer, Delta s'arrête près d'un puits. Les deux premiers motards du classement général, les Espagnols Marc Coma et Isidere Esteve ont déjà creusé l'écart. Surprise, ils réapparaissent un quart d'heure plus tard. Perdus, ils sont revenus au repère du road book pour repartir dans la bonne direction. L'Américain Chris Blais les suit quelques minutes plus tard. Plusieurs motards sont perdus.

«La première partie de cette très belle étape est une épreuve de navigation. Il y a plusieurs pistes. Il faut choisir la bonne», commente Lavigne.

Après avoir survolé l'herbe à chameau, une partie plus roulante, Delta s'arrête au sommet d'un plateau, dans un paysage lunaire, les motards sont éparpillés sur plusieurs mètres de front, essayant de trouver un passage entre les pierres. David Frétigné tombe et repart sans dommage.

Villadoms accidenté

Delta s'envole ensuite vers le premier point de contrôle où les concurrents disposent d'un quart d'heure pour se ravitailler et faire le plein. Le moral est bon. Le premier groupe, composé des Espagnols Marc Coma, Isidre Esteve Pujol, Jordi Villadoms et de l'Américain Chris Blais, repart.

Quelques minutes après le décollage de Delta, on aperçoit la moto numéro 21 couchée sur la droite et son pilote, Villadoms, allongé au milieu de la piste, en position de sécurité, en compagnie d'une autre motard. L'hélico se pose et Lavigne prévient le service médical. Jordi souffre au poignet et au pied droits et au coude gauche qu'il ne peut plus bouger. Cinq à dix minutes plus tard, un hélicoptère médical arrive. On déplace le pilote sur le bord de la piste, dans le sable, et on enlève peu à peu les parties de son blouson liées aux traumatismes. Un Mauritanien, témoin de l'accident, explique : «Il a sauté à trois mètres», en heurtant probablement une pierre affleurant la piste.

Une demie heure plus tard, Delta repart et doit se poser car un fort vent de sable s'est levé entre le CP1 (check point) et le CP2. L'absence de visibilité rendant la spéciale trop dangereuse, notamment pour les hélicoptères, Etienne Lavigne décide d'écourter la spéciale qui sera chronométrée au kilomètre 407 au lieu des 542 kilomètres prévus. Delta a déjà dû se poser deux fois à cause du vent d'est qui trouble la trajectoire des pilotes se dirigeant vers le sud.

Perdu dans la tempête

Delta tente ensuite de gagner la nouvelle ligne d'arrivée: impossible. Le vent souffle maintenant à plus de 100 km/h, limite au-delà de laquelle l'hélicoptère ne peut plus voler. Il se pose une troisième fois, puis une quatrième, avant de s'arrêter pendant un bon quart d'heure. La visibilité est tombée de 50 à moins de dix mètres. «C'est compliqué. On va avoir des soucis», lâche Lavigne dans le micro du casque. On se sait pas où on est. Le PC parisien indique la position de Delta repérée par GPS (21 02 355 nord, 013 13 277 ouest).

Jean-Marc Genechesi, après avoir communiqué avec les autres hélicoptères en vol, ordonne à tous de se rendre directement à Atâr sans passer par l'arrivée, car ils risqueraient de manquer de carburant ou de rester coincés dans la tempête, comme nous. «J'ai l'impression qu'on est les seuls dans ce merdier et il faut éviter que les autres s'y rendent», dit-il calmement.

«On entend les voitures, il ne manquerait plus qu'une d'elle nous rentre dedans», commente Lavigne, nerveux, en fumant une cigarette, la main tremblante.

Jean-Marc enfile un bonnet et des grosses lunettes de motard pour aller nettoyer les vitres de l'appareil. Il parvient ensuite à redécoller et à monter à 3000 pieds où la visibilité est bien meilleure.

À 13h30, Delta se pose à Atâr. Les premiers motards sont déjà aux interviews. Reste maintenant à établir un classement qui s'annonce problématique.