«Je savais que Renault, après avoir gagné plusieurs années, allait finir par baisser, et c'est un des motifs de mon départ pour McLaren», a déclaré à la presse espagnole Alonso après sa victoire au Grand Prix de Malaisie pour sa deuxième course au volant d'une Flèche d'argent.

«Je savais que Renault, après avoir gagné plusieurs années, allait finir par baisser, et c'est un des motifs de mon départ pour McLaren», a déclaré à la presse espagnole Alonso après sa victoire au Grand Prix de Malaisie pour sa deuxième course au volant d'une Flèche d'argent.

À Bahreïn, avant la troisième épreuve de la saison, il a précisé: «la F1, ça monte et ça descend. Après deux titres (doublés pilotes-constructeurs en 2005 et 2006) Renault baisse, mais c'est normal».

Le champion, leader chez les pilotes après deux courses, ne semble donc pas surpris des difficultés rencontrées par Renault en ce début de saison, où le Losange pointe à la 4e place des constructeurs avec pour meilleur résultat la 5e place de Giancarlo Fisichella en Australie.

Mais son départ suffit-il à expliquer la dégringolade du Losange, encore triomphant au Brésil l'an passé après avoir battu de haute lutte Ferrari? Et à expliquer la renaissance de McLaren-Mercedes si terne en 2006 et en tête du Championnat 2007?

«Même pas Fernando»

«Notre vitesse est si loin de celle des meilleurs -je pense que nos ingénieurs ont évalué notre perte à 1,8% au tour- qu'il me semble que même Alonso aurait été incapable de surmonter ce fossé», rétorque Heikki Kovalainen, qui a hérité du baquet laissé vacant par l'Espagnol.

«Il nous manque une seconde au tour, et il n'existe pas de pilote valant à lui seul cette seconde... même pas Fernando», confirme Fisichella.

À l'image de Jarno Trulli (Toyota), les pilotes estiment que «Fernando a prouvé qu'il était un homme clé pour gagner des courses et des championnats... mais son transfert n'explique pas pourquoi McLaren réussit et Renault pas».

D'après l'expérimenté pilote italien, le gros problème vient du passage des pneus Michelin aux gommes Bridgestone: «quelle que soit la raison, McLaren a mieux négocié ce changement que Renault».

Mais là, Alonso a eu son rôle à jouer. «Il a maintenant l'expérience pour développer les voitures. Il sait ce dont il a besoin pour gagner et il est capable de donner les indications aux ingénieurs, tout comme il est capable de fédérer toute l'équipe et de la motiver», précise Trulli.

Un impact confirmé par le jeune coéquipier d'Alonso, Lewis Hamilton: «son enthousiasme, son expérience ont assurément beaucoup apporté à l'équipe».

Alonso lui-même reconnaît qu'il n'a «jamais autant travaillé que depuis décembre» lorsqu'il a pu faire ses débuts chez McLaren-Mercedes.

«Pas seul responsable»

«La part du pilote dans le développement d'une voiture est très importante bien sûr, souligne le pilote Ferrari Felipe Massa. Mais je ne pense pas que Fernando soit le seul responsable.

Quand il a commencé les essais à bord de la MP4-22, la voiture était déjà là, prête. Il fallait la développer, mais la voiture était déjà née».

Mais alors, peut-on dire qu'Alonso a eu la chance d'intégrer la bonne équipe au bon moment?

«Je ne sais pas... j'ai eu de la chance tout au long de ma carrière», répond l'intéressé en souriant d'un air entendu. Qui croirait qu'il doit sa -encore- courte mais fulgurante carrière à la seule chance?

«Quand je suis arrivé, McLaren n'était pas en si bon point», rappelle l'Espagnol, qui avait signé pour l'écurie anglo-britannique dès la fin 2005, juste après son premier sacre mondial et alors qu'il lui restait une année de contrat avec Renault.

«Nous avons fait beaucoup de changements sur les voitures et à nous tous, nous avons réussi à améliorer les monoplaces», poursuit-il.

«Mais le plus gros du travail, ce sont les concepteurs qui l'ont fait», concède-t-il.

Alors un peu de chance, un peu de clairvoyance, beaucoup de travail et un talent hors du commun: voilà la recette du succès d'Alonso... chez Renault, comme chez McLaren-Mercedes.