La deuxième expérience de Russell Martin au Stade olympique, il le savait d'avance, serait beaucoup plus facile à gérer que la première.

L'an dernier, le receveur québécois avait été le point de mire de la visite des Blue Jays de Toronto à Montréal. Martin reconnaît qu'il avait été dépassé par les événements.

« Ça s'est passé tellement vite, l'an dernier, que je n'ai même pas eu le temps d'en profiter. Mon père avait joué les hymnes nationaux, il y avait eu une cérémonie... c'était chargé d'émotion. Je m'étais mis de la pression pour bien faire et j'avais mes performances à l'esprit.

« Cette année, je suis plus relax, je suis plus à l'aise avec l'équipe et je peux plus savourer le moment », a révélé Russell Martin.

C'est la troisième fois en trois ans que les Jays terminent leur camp d'entraînement en venant jouer deux matchs au Stade olympique. Les choses sont un peu différentes pour les hommes de John Gibbons, cette année, puisque, tout juste après avoir quitté la Floride pour venir passer le week-end à Montréal, ils retourneront à Tampa Bay, où se mettra en branle leur saison.

Ça n'importune personne, assure Russell Martin. Surtout pas lui !

« Je ne pensais jamais avoir la chance de jouer à Montréal un jour, a-t-il confié avant que les Blue Jays n'affrontent les Red Sox de Boston. Les Expos ont quitté la ville en 2004 et je suis arrivé dans les majeures en 2006. Je me disais que j'étais arrivé deux ans trop tard. Les Expos m'avaient repêché en 2000 et il m'est arrivé de penser que si j'avais signé avec eux, peut-être qu'ils ne seraient jamais partis... »

ATTENDUS DE PIED FERME

Après avoir été éliminés en série de championnat par les Royals de Kansas City en octobre dernier, les Blue Jays font figure de sérieux prétendants à la Série mondiale.

« Je sens que les gars sont excités et que les troupes sont prêtes, claironne le Québécois de 33 ans. Non seulement on veut reprendre là où on a laissé, mais il y a du travail à terminer par rapport à l'an passé. Les autres équipes vont nous attendre de pied ferme et on en est très conscients. Mais j'aime notre équipe : on a plus de profondeur au sein de notre rotation de partants et l'enclos de relève va afficher beaucoup plus de constance.

« Quant à l'attaque, on a assez de talent pour former deux équipes ! »

Au moment où il s'est joint aux Blue Jays, Martin avait été embauché par le directeur général montréalais Alex Anthopoulos, qui a quitté ses fonctions après l'élimination des Jays, l'automne dernier.

Le départ d'Anthopoulos, un dirigeant proche de ses joueurs et apprécié de la communauté, a été houleux et a longtemps alimenté les discussions.

L'arrivée du président Mark Shapiro et du DG Ross Atkins ont changé la donne dans l'entourage de l'équipe.

« C'est sûr que ça a changé la dynamique et la façon de fonctionner, mais sur le terrain, il n'y a pas grand-chose qui a changé, précise Martin. Ce n'est pas l'état-major de l'équipe qui nous aide à lancer la balle ou à la frapper. Cela dit, la structure est différente par rapport à l'entraînement et la nutrition et ça va nous aider au bout du compte. »

FINIE LA BALLE PAPILLON !

Sur le plan individuel, l'un des plus gros changements pour Martin par rapport à l'an dernier est le départ de son auxiliaire Dioner Navarro, qui a été remplacé par Josh Thole, un receveur spécialiste de la balle papillon qui sera attitré au partant R.A. Dickey.

« Navarro est le genre d'auxiliaire qui pourrait être un régulier dans plusieurs équipes, estime Martin. Cette année, je commence avec Thole, qui est le gars parfait pour recevoir les lancers de Dickey. De mon côté, ça enlève tout le travail lié à la balle papillon - même si je serai disponible pour le faire si on en a besoin. Je vais pouvoir me concentrer sur les quatre autres lanceurs partants et ça va créer une certaine stabilité dans mon calendrier. »

Même s'il a atteint un sommet en carrière pour le nombre de circuits l'an dernier, avec 23, le sympathique receveur ne s'est pas fixé d'objectifs en termes statistiques.

Viser une place à la Série mondiale suffit amplement.