Le nouveau commissaire Rob Manfred est catégorique: pour retrouver un jour une équipe du Baseball majeur, Montréal devra se doter d'un nouveau stade.

«La clé pour Montréal est de se doter d'un stade adéquat qui sera en mesure de soutenir financièrement une équipe du Baseball majeur sur une longue période», a révélé Manfred en entrevue à La Presse Canadienne, à quelques jours des deux matchs préparatoires que se livreront les Reds de Cincinnati et les Blue Jays de Toronto au Stade olympique.

Mais il précise qu'il ne s'agit pas d'une énigme à la Field of Dreams.

«Il doit y avoir un plan solide mis en place. Je ne demande pas aux gens de bâtir un stade sans aucune sorte d'engagement quant à l'obtention d'une équipe. Mais je crois que ça prend un plan et un engagement ferme en ce sens.»

Manfred, qui a remplacé Bud Selig le 25 janvier dernier, a répété que le Baseball majeur n'a pas l'intention de grossir ses rangs à 32 équipes dans un avenir rapproché, même s'il est bien conscient de l'intérêt manifesté par les Montréalais.

Plus de 80 000 billets ont déjà été vendus pour la série de deux matchs du week-end. Si on additionne les 96 350 personnes qui ont assisté aux deux duels qui ont opposé les Jays aux Mets de New York l'an dernier, on arrive à un impressionnant total de plus de 176 000 spectateurs pour quatre matchs préparatoires.

«Le succès obtenu l'an dernier et, selon les premiers rapports, l'accueil qui nous est réservé cette année démontre un réel intérêt. Nous trouvons cela à la fois très intéressant et très excitant.

«Ces matchs sont très importants à nos yeux, puisqu'ils servent de tests pour jauger de l'intérêt de ces marchés envers notre sport. Quand vous connaissez le succès que Montréal connaît avec ces rencontres, vous passez avec succès le test initial afin de savoir s'il s'agit d'un marché capable d'appuyer un club de baseball.»

D'avoir l'appui du maire Denis Coderre - avec qui il n'a pas encore eu le plaisir de s'entretenir - ne nuit pas non plus.

«C'est toujours une bonne chose d'avoir l'appui du gouvernement local, qui est toujours un joueur-clé dans l'obtention d'infrastructures pouvant accueillir un club des Majeures.»

En attendant, il ne ferme pas la porte à la présentation de matchs de la saison régulière au Stade olympique.

«Nous avons déjà accommodé des clubs qui désiraient jouer des matchs hors de leur marché dans le passé, pourvu que ça ne se passe pas dans les marchés protégés d'autres concessions, qu'on pense aux Expos à San Juan ou encore aux Rays à Orlando. C'est possible de le faire.»

Il estime qu'à court ou moyen terme, le Baseball majeur ne connaîtra pas de baisse de régime au niveau financier, ce qui explique en partie pourquoi les propriétaires ne voient pas la nécessité de grossir leurs rangs à 32 équipes comme dans la NFL et comme la LNH songe à le faire.

«Il y a encore beaucoup de place pour la croissance de nos revenus, que ce soit au niveau de la vente de billets, des revenus de concessions, etc. Nous comptons aussi sur une solide expertise technologique en MLB.com et MLB Advanced Media, qui nous ont permis de développer de nouveaux produits qui ont connu beaucoup de succès.»

Si jamais une expansion devait avoir lieu, il croit qu'elle aurait lieu à l'extérieur des États-Unis.

«Je pense que le Mexique et le Canada sont les terreaux les plus fertiles pour ce qui est de l'intérêt pour le baseball professionnel, a-t-il dit. Ce sont aussi des marchés proches de concessions actuelles et les économies de ces pays sont en mesure de supporter le Baseball majeur.»

Patience envers Tampa Bay et Oakland

Les deux clubs les plus mal en point, tant au niveau des assistances que de leur stade respectif, sont les Rays de Tampa et les Athletics d'Oakland. Le propriétaire des premiers, Stuart Sternberg, a déjà exprimé son impatience quant à l'immobilisme de la ville de St. Petersburg dans sa quête d'un nouveau stade, tandis que le commissaire a déjà déclaré que la construction d'un nouveau stade pour les Athletics est un enjeu primordial. Est-il sur le point de perdre patience avec ces deux marchés?

«Ma patience sera dictée par la position de leurs propriétaires, a-t-il fait valoir. Les propriétaires locaux sont toujours les mieux placés pour évaluer la possibilité d'obtenir un nouveau stade. Aussi longtemps qu'un propriétaire croit qu'il peut faire progresser son projet dans son marché - dans le cas de M. Sternberg, c'est ce qu'il fait depuis le début - il aura mon appui.

«Nous préférons une continuité dans les marchés existants, ç'a toujours été notre position. Mais nous avons toujours été réalistes: à un certain moment la délocalisation dans un autre marché peut s'avérer la seule solution.»

Où voit-il le Baseball majeur dans 10 ans?

«Je crois que le sport générera encore plus de revenus et j'espère que vous verrez un sport encore plus international qu'il ne l'est aujourd'hui. Mais je sais que nous serons en mesure de maintenir cette tradition qui nous rend si populaires.»

Mais pas moyen de savoir si Montréal en fera partie.

«Je suis par contre bien intéressé à voir Montréal continuer à accueillir des matchs avec autant de succès», a-t-il conclu.