Ça sent le grand bouleversement dans le baseball majeur.

À l'aube du renouvellement de la convention collective entre les joueurs et les propriétaires, le commissaire Bud Selig et son entourage jonglent non seulement avec l'idée de modifier le format des séries éliminatoires, mais également la structure même des deux grandes ligues, et ce, dès 2012.

C'est le journaliste Buster Olney, du réseau ESPN, qui a rapporté la nouvelle le week-end dernier et depuis quelques jours, les opinions fusent de partout.

Pour le moment, la Ligue nationale compte 16 équipes et la Ligue américaine, 2 de moins. Le plan serait d'abord de corriger les choses - 15 formations de part et d'autre - en changeant une équipe de ligue.

On raconte que pour des raisons d'ordre géographique et dans le but d'alimenter une rivalité avec les Rangers du Texas, les Astros de Houston pourraient quitter la Nationale pour se retrouver dans l'Américaine. Les Diamondbacks de l'Arizona et les Marlins de la Floride seraient deux autres options à l'étude.

Aucune équipe n'a sauté la clôture depuis les Brewers de Milwaukee en 1998. Cette organisation avait alors emprunté le chemin inverse, passant de l'Américaine à la Nationale, une première dans l'histoire du baseball majeur.

«Ils pourraient déménager les Yankees de New York dans la Nationale, ça ne me dérangerait pas du tout!», a blagué le gérant des Red Sox de Boston, Terry Francona.

Plus sérieusement, Francona fait partie des défenseurs d'une plus grande équité entre les forces en présence dans le baseball majeur, notamment en ce qui concerne l'équilibre du calendrier.

Un des arguments évoqués en faveur d'une certaine restructuration des activités dans le baseball majeur: la division Centrale de la Nationale compte six équipes et la division Ouest de l'Américaine, seulement quatre. D'où les rumeurs avec Houston.

La mort des divisions?

Dans une refonte mineure, le «déménagement» des Astros dans la division Ouest de l'Américaine, par exemple, installerait le parfait équilibre entre les six divisions du baseball majeur. Cinq équipes partout.

À la question «Les Astros devraient-ils jouer dans la Ligue américaine?», posée par les gens du Houston Chronicle sur le site web du quotidien, 33% des internautes ont répondu par l'affirmative, 48% par la négative tandis que 19% ont affirmé s'en balancer.

Le gérant des Astros, Brad Mills, prône aussi le statu quo: «Qu'est-ce qui cloche tant avec la situation actuelle?»

Mais voilà, selon les discussions en cours, l'époque des divisions serait carrément révolue! Fini les distinctions entre l'est, le centre et l'ouest. Le baseball majeur étudie la possibilité de présenter un seul classement général par ligue, regroupant 15 équipes.

Ça ne plaît évidemment pas aux puristes. Plusieurs ont vu l'avènement des divisions dans le baseball majeur, en 1969, comme une avancée significative pour le sport. Ils craignent notamment la «mort» des courses au championnat telles qu'on les connaît ainsi que l'affaiblissement des rivalités existantes.

«Nous aimons le concept des divisions», a déclaré le président des Twins du Minnesota, Dave St.Peter. On le croit sur parole: son équipe a savouré le championnat de la division Centrale de l'Américaine six fois au cours des neuf dernières saisons...

Selon le nouveau modèle, les formations avec les trois meilleurs dossiers dans la Nationale et l'Américaine accéderaient automatiquement aux séries éliminatoires, alors que les détenteurs des quatrième et cinquième positions se livreraient une courte bataille - dans un format toujours inconnu - pour obtenir le dernier laissez-passer disponible.

Parions que des organisations comme les Orioles de Baltimore, les Rays de Tampa Bay et les Blue Jays de Toronto accueilleraient la chose avec enthousiasme, elles qui doivent faire concurrence aux gros portefeuilles de Boston et New York, bon an, mal an.

On voit poindre un problème évident, cependant: impossible, pour une ligue comprenant un nombre impair d'équipes, d'assurer un programme complet. Le nombre de matchs interligues augmenterait donc inévitablement, au point d'en présenter chaque jour.

Comme l'a souligné Buster Olney avec justesse, une équipe qui lutterait pour une place en séries éliminatoires fin septembre pourrait potentiellement devoir négocier avec un adversaire de l'autre ligue pendant cette période cruciale de la saison. Pas idéal comme portrait.

Et puis, on fait quoi avec la règle du frappeur désigné dans de telles circonstances?

Pour que la restructuration soit effective, 75% des propriétaires du baseball majeur doivent en approuver les conditions. On ne leur aurait pas encore présenté le projet.