La Coupe du monde d'escrime en fauteuil roulant est l'une des compétitions phares du 28e Défi Sportif AlterGo et le Québécois Pierre Mainville en est la principale tête d'affiche.

Le tireur de 37 ans a déjà obtenu plusieurs podiums internationaux, dont une médaille de bronze lors des Championnats du monde d'escrime, en novembre dernier à Paris. Aucun Canadien n'avait réussi pareil exploit avant lui.

«Je me suis vraiment surpassé dans cette compétition, a raconté le sympathique Mainville cette semaine. Rendu à ce niveau, c'est souvent la préparation mentale qui fait la différence et j'ai réussi à vaincre des rivaux mieux classés en croyant en mes moyens et en prenant des risques.»

Mainville avait déjà obtenu une médaille de bronze lors de sa première Coupe du monde, au Défi sportif justement, en 2005. Malgré un équipement moins performant que celui de ses rivaux, il s'était faufilé jusqu'au podium par son audace et son talent. Il a encore enlevé deux médailles de bronze, au sabre en 2009 et en 2010, lors du Défi sportif.

Mainville avait découvert le sport en fauteuil roulant à l'adolescence, pour supporter un ami handicapé, mais sa vie a basculé en 2001, la veille de la Saint-Jean, après avoir été la cible d'un tireur fou. L'homme, un policier, avait pris en chasse la voiture de son ex-conjointe et de ses trois passagers, dont Mainville. Au bout de deux chargeurs de pistolets, la conductrice était morte, les passagers blessés et Mainville paralysé des jambes.

Après le drame, le sport est resté important, mais il a eu envie d'un défi plus personnel. «Quand on m'a parlé de l'escrime, j'ai tout de suite voulu essayer et je n'ai plus jamais arrêté, explique-t-il. C'est devenu mon travail, je suis allé jusqu'aux Jeux paralympiques de Pékin et j'espère être de ceux de Londres, l'été prochain.»

Les escrimeurs canadiens sont présentement engagés dans un sprint final pour obtenir leur qualification olympique ou paralympique. Une bonne performance aujourd'hui (sabre le matin, épée l'après-midi) rapprochera Mainville de son objectif. Les Canadiens Louis-Philippe Boucher, Mohamed Moula et Sylvie Morel seront également en action.

Pourtant, malgré l'enjeu, les spectateurs de l'aréna Michel-Normandin seront sans doute étonnés de découvrir le respect et la camaraderie qui règnent sur les plateaux de compétition entre les athlètes des différents pays.

«Nous ne sommes quand même pas très nombreux au niveau mondial et je connais très bien les Français, les Grecs, les Espagnols, qui sont autant des amis que des compétiteurs, souligne Mainville. Sur la piste, nous sommes des rivaux, mais après, nous redevenons des copains.

«Je me souviens avoir conseillé un Français sur la position de sa main. Il avait eu son accident récemment, mais avait auparavant été un excellent escrimeur, du niveau de la Coupe du monde. Après la compétition, il est venu me remercier en soulignant qu'il n'aurait jamais vu cela auparavant...»

Généreux de ses conseils et de son temps, Pierre Mainville est heureux de voir à quel point le Défi sportif a progressé au cours des années. «Le volet sportif est devenu très important et c'est merveilleux de voir les plus jeunes pratiquer une activité physique qui leur permet d'améliorer leur qualité de vie.

«Le sport, c'est la santé et avoir un handicap n'y change rien, bien au contraire. Moi, le sport m'a beaucoup apporté, il m'a permis de regarder vers l'avant. Sur le podium, à Paris, je voyais ma conjointe et ma fille qui étaient là pour me supporter et c'était très émouvant.»

Sonia, Chloé et peut-être même le petit Ludovic (né il y a une dizaine de jours) seront là, aujourd'hui encore, pour encourager leur amour. Et ils n'hésiteront pas, comme toute la grande communauté du Défi sportif, à applaudir aussi les autres athlètes.

La Coupe du monde d'escrime en fauteuil roulant sera webdiffusée à sports.tvgo.ca.