Catherine Parenteau rêvait d’abord à une carrière dans le monde du tennis. Elle est parvenue à devenir une athlète professionnelle, mais en s’armant de patience et surtout d’une autre sorte de raquette. En quelques années seulement, l’athlète de Repentigny a gravi les échelons pour atteindre le sommet de son sport, jusqu’à devenir le visage de sa discipline, le pickleball.

Selon l’adage, nul n’est prophète en son pays. Comme Félix Leclerc ou Georges St-Pierre, Parenteau a connu la gloire outre-mer avant d’être reconnue sur sa terre natale. La deuxième joueuse au classement mondial s’est exilée au sud de la frontière à l’âge de 16 ans pour tenter de devenir une joueuse de tennis professionnelle.

Après une saison à l’Université de l’Arkansas, elle est remontée au nord pour grossir les rangs de l’Université Michigan State. Elle a cependant dû renoncer à son rêve. D’abord, à cause d’une sérieuse blessure à une épaule. Ensuite, parce qu’il aurait été impossible pour elle de vivre du tennis. Un constat difficile à accepter. Jusqu’au jour où une ancienne entraîneuse lui suggère le pickleball. C’était en octobre 2015.

« Au début, ça ne me tentait pas, parce que je trouvais que le nom était bizarre », raconte-t-elle, sur la route entre Miami et Orlando, où elle se dirigeait pour un entraînement. Elle a résisté pendant deux semaines avant de finalement s’initier à cette nouvelle discipline. Ç’a été le coup de foudre.

« J’ai vraiment aimé ça. Je suis tombée en amour avec le sport. Je suis devenue membre dans un club du Michigan et j’ai commencé à jouer trois, quatre fois par semaine. » Un semestre plus tard, elle s’est inscrite aux Internationaux des États-Unis, son premier tournoi à vie.

Je voulais juste essayer pour voir ce dont ça avait l’air.

Catherine Parenteau

Sept ans après ce coup de tête, elle est triple championne du Championnat américain, elle compte 16 titres sur le circuit de la Professional Pickleball Association (PPA), elle est deuxième au classement en simple et sixième en double, elle a le soutien de commanditaires importants comme Skechers et elle compte près de 20 000 abonnés sur Instagram.

Au Québec, son nom résonne encore très peu, pour le moment. Aux États-Unis, cependant, il fait courir les foules.

Une popularité grandissante

Le pickleball est le sport connaissant la plus nette ascension aux États-Unis. Le taux d’inscriptions a augmenté de 158,3 % depuis trois ans.

L’intérêt porté par des figures connues envers ce sport de moins en moins négligé a sans doute été bénéfique pour sa popularité. Dans les dernières années, LeBron James, Tom Brady, Roger Federer, Kevin Durant, Patrick Mahomes, Drew Brees, Kim Clijsters, Andy Roddick, John McEnroe et Andre Agassi ont tous contribué, à leur façon, au développement de la discipline. Soit en y jouant, soit en y investissant des sommes d’argent considérables.

« C’est super, parce que ça attire les regards sur notre sport », estime la Québécoise.

Il reste qu’au-delà de sa visibilité, la meilleure façon de vendre ce sport est de voir à l’œuvre des athlètes comme Catherine Parenteau. Les échanges sont intenses, rapides, voire dramatiques, et les capacités physiques nécessaires pour tenir dans des échanges de ce calibre sont exceptionnelles.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE CATHERINE PARENTEAU

Catherine Parenteau occupe le sixième rang mondial en double

La Québécoise de 28 ans se démarque par sa fougue, sa combativité et sa résilience sur un terrain de pickleball. Sa manière de jouer et de faire la promotion de son sport aux États-Unis lui a valu de se faire une place de choix dans les plus hautes sphères du pickleball. Dorénavant, elle est un modèle. « Je ne m’attendais jamais à ça. C’est arrivé en quelques années et je suis très reconnaissante. »

La prochaine étape sera pour elle d’accéder au premier rang mondial, détenu par l’Américaine et jeune prodige de 16 ans Anna Leigh Waters. « J’ai commencé à la battre cette année en simple et je peux rivaliser avec elle. Je travaille encore plus fort cette année », explique Parenteau.

En faire un métier

Si Parenteau peut aujourd’hui vivre uniquement du pickleball grâce à ses bourses et à ses commandites, il s’agissait presque d’une utopie il y a quelques années à peine. Son plus grand souhait a toujours été de devenir une athlète professionnelle, mais au départ, « c’était juste un passe-temps », précise-t-elle.

Ce passe-temps est devenu une passion. « J’étais dans un club privé à Naples et j’entraînais des joueurs de pickleball de six à huit heures par jour. » Puis, cette passion s’est transformée en métier.

En avril 2022, j’ai décidé de devenir joueuse de pickleball à temps plein. Je me disais que c’était le temps de me lancer.

Catherine Parenteau

Pour son entourage, cette décision était compliquée à concevoir, se rappelle-t-elle. « Plein de gens autour de moi trouvaient ça bizarre que je m’implique comme ça dans le pickleball. C’était vraiment difficile d’expliquer ça à mes parents il y a trois ans. »

Avec le recul, Parenteau est convaincue d’avoir fait le bon choix. Ses titres et la reconnaissance au sein de son milieu sont deux arguments massue lui permettant de réaliser la chance qu’elle a de pouvoir vivre de sa passion. Et elle en est consciente.

« Je suis vraiment chanceuse. Je considère que je ne travaille pas. Je n’ai pas l’impression d’avoir de métier. C’est ma passion et je gagne ma vie grâce à ça. »

La prochaine étape consiste à obtenir une plus grande reconnaissance des Québécois. Le jour où elle reviendra sur sa terre natale, peut-être que le pickleball prendra une place plus importante sur l’échiquier sportif provincial. En attendant la terre promise, elle continue de tenir le drapeau à la fleur de lys bien haut partout où elle passe, car là où elle s’arrête, elle brille.