L'Agence mondiale antidopage (AMA), pressée par la CIO, se réunit jeudi et vendredi à Montréal pour poser les bases d'une agence chargée des contrôles antidopage, indépendante des fédérations internationales, qui doit être opérationnelle dans huit mois pour les JO d'hiver de PyeongChang en 2018.

Actuellement en matière de lutte antidopage, les fédérations ont le pouvoir et sont donc juges et parties: tel est le constat et la critique souvent soulevés par les responsables de la lutte antidopage.

Pour rompre avec ce système et accroître la crédibilité des contrôles et de leurs suites disciplinaires, le CIO avait déjà innové en confiant, lors des JO de Rio, au Tribunal arbitral du sport (TAS) le soin de prononcer les sanctions en première instance.

Cette fois, le mouvement olympique va plus loin: comme annoncé en octobre dernier, il veut retirer aux fédérations le soin de diligenter les contrôles antidopage et les confier à une «autorité de tests indépendante» (ITA), créée sous la supervision de l'AMA.

«C'est l'un des points principaux à l'ordre du jour de la réunion du Conseil», confie à l'AFP le Français Jean-Christophe Rolland, président de la Fédération internationale d'aviron (Isaf) et membre de ce Conseil de l'AMA.

«L'ensemble des partenaires se rejoignent sur un principe de base: on doit améliorer le système. Mais selon la taille des fédérations, les situations et les moyens sont différents», souligne encore l'ancien champion olympique.

Ainsi l'Union cycliste internationale (UCI) possède-t-elle déjà sa fondation chargée des contrôles, financée par une redevance versée par les équipes professionnelles. La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) s'est également dotée de sa propre structure et la FIFA, qui estime qu'elle fait très bien son travail, ne souhaite céder ni ses prérogatives ni les ressources qu'elle y consacre.

À la recherche d'un modèle économique

Pour autant, le président du CIO, Thomas Bach, a été clair: aux JO d'hiver 2018 à PyeongChang, «nous envisageons de rendre les contrôles totalement indépendants du CIO».

Cette mission serait confiée à cette autorité de tests indépendante (ITA) dont la structure doit être définie jeudi lors de la réunion du Conseil de l'AMA.

Selon un bon connaisseur du dossier, l'ITA devrait être créée sous la forme d'une fondation et son conseil d'administration devrait compter cinq personnes.

Mais «le flou actuel suscite beaucoup d'interrogations, notamment concernant la structure juridique et la composition et la nomination de ce conseil pour mettre en oeuvre le projet», souligne cette source pour qui «il est assez clair que le CIO, l'AMA et les agences nationales antidopage n'ont pas la même vision de ce que devrait être... ou ne pas être l'ITA».

«La difficulté va être de trouver un modèle d'affaire qui satisfasse tout le monde», ajoute de son côté M. Rolland, évoquant à demi-mot le sujet du financement de cette nouvelle structure.

La réunion de jeudi commencera par un discours du directeur général, Olivier Niggli qui fera le point sur divers sujets, «notamment la série de recommandations entérinées par le Conseil en novembre dernier», explique l'AMA.

Ces dernières traitent de questions allant de la conformité et de la gouvernance aux lanceurs d'alerte et au processus d'accréditation des laboratoires.

Car «la lutte antidopage va bien au-delà des contrôles», souligne encore cette responsable antidopage d'une fédération olympique. «Il n'y a pas que les tests qui doivent être indépendants, il y a aussi tout le reste, les enquêtes, le suivi des passeports biologiques ou sanguins...»