Certains cégépiens font partie de l'équipe de football ou de celle de volleyball. Maintenant, au cégep de Matane, des mordus de jeux vidéo vont pouvoir dire qu'ils font partie de l'équipe de sport électronique.

L'établissement de la Gaspésie a annoncé mardi la création d'un premier programme de sport électronique dans un collège francophone. Cette équipe officielle est reconnue et encouragée par la direction, qui y voit un moyen de favoriser la réussite scolaire.

La direction a eu l'idée de lancer ce programme quand elle a remarqué que bon nombre de ses élèves consacraient une grande partie de leurs temps libres aux jeux vidéo. «La résidence est collée au collège. C'est facile pour eux de jouer aux jeux vidéo et rapidement d'aller à leurs cours. Nous, les intervenants, nous avons remarqué que le jeu vidéo prenait beaucoup de place», explique Thérèse Gagné, conseillère à la vie étudiante au cégep de Matane.

«On est dans un cégep avec beaucoup de programmes technologiques, comme animation 3D, multimédia... Alors les jeunes jouent beaucoup aux jeux vidéo», dit Mme Gagné. 

«On s'est dit: pourquoi ne pas faire du jeu vidéo quelque chose de positif pour les études, l'associer à la réussite? Ça pourrait être intéressant.»

Résultat, une cinquantaine d'élèves font maintenant partie du programme de sport électronique de l'établissement, le seul au Québec à offrir cette activité, à part le collège Dawson, à Montréal. Les jeunes «gamers», qui vont jouer aux jeux Overwatch et League of Legends, sont tenus de réussir leurs cours pour faire partie de l'équipe.

Ils doivent aussi faire trois heures d'activités physiques par semaine, six heures de pratique devant l'écran et ils participent à des compétitions la fin de semaine.



Le début d'un mouvement?


Les sports électroniques sont en pleine croissance. Déjà, des universités américaines ont leur équipe. Mais cette incursion du jeu vidéo dans le sport scolaire est une nouveauté au Québec.

Un des buts du projet est de créer un mouvement afin que d'autres cégeps se lancent dans le jeu vidéo. Ça permettrait de créer des rivalités avec d'autres établissements. Pour l'instant, faute de cégeps à affronter, les joueurs de Matane vont se mesurer à des équipes non scolaires dans des LAN, des compétitions.

«Il n'y a aucune raison que d'autres cégeps n'embarquent pas. Je sens l'engouement. Il y a une centaine d'universités américaines qui ont des équipes déjà. C'est sûr et certain que ça s'en vient au Québec aussi», souligne Pierre-Mark Lavoie, entraîneur de l'équipe de sport électronique du cégep de Matane.

Un nouveau tournoi aux États-Unis, l'uLoL Campus Series Championship, offre 150 000 $ en bourses d'études aux gagnants. L'année dernière, 300 universités ont participé. La finale opposait l'Université de Colombie-Britannique à la Robert Morris University.

Cette université de la Pennsylvanie offre aux joueurs des bourses d'études, des entraîneurs, des locaux à la fine pointe de la technologie. Elle traite le sport électronique comme d'autres traitent le football.

La University of California vient quant à elle de construire un aréna pour le sport électronique au coût de 250 000 $. Elle compte le plus grand club de « gamers » aux États-Unis.

«Nous allons devenir le Duke Basketball des sports électroniques», disait récemment Mark Deppe, responsable des sports électroniques à cette université dans une entrevue avec le New York Post.

Le Québec est encore loin de cette réalité. Mais pour certains au cégep de Matane, ce n'est qu'une question de temps.