Amélie Kretz bataillait pour le podium à son troisième départ à vie dans les Séries mondiales de triathlon, le 31 mai, à Londres. En se réveillant le lendemain, la Blainvilloise a dû s'accrocher au mur pour tenir debout. Sa jambe droite lui jouait un mauvais tour.

«C'était vraiment douloureux. Même si je ne savais pas exactement ce que c'était, je savais que c'était sérieux», a raconté Kretz deux semaines plus tard. Ses craintes étaient fondées. À son retour en Espagne, sa base d'entraînement estivale, des examens ont révélé une fracture de stress au fémur.

Adieu les Jeux panaméricains de Toronto, où la Québécoise visait l'or le mois prochain. Exit aussi l'épreuve-test de Rio de Janeiro (2 août), première occasion de se qualifier pour les Jeux olympiques de 2016. Il reste la grande finale des Séries mondiales de Chicago, à la mi-septembre, mais ça s'annonce mal. «Ma saison est pas mal finie», a dit, résignée, la championne canadienne, jointe à Blainville hier.

Limitée ces jours-ci à la natation sans les jambes, elle espère remonter en selle dimanche. Elle devra attendre de trois à quatre semaines de plus pour reprendre la course à pied à un rythme modéré. Cela la mènera donc à la deuxième partie du mois de juillet.

«Je ne me présenterai pas [à Chicago] si je ne suis pas prête, prévient l'athlète de 22 ans. Parce que l'an prochain, c'est beaucoup plus important.»

Kretz croyait être sortie du purgatoire après avoir manqué quatre mois de compétition l'an dernier pour une fracture de stress au pied droit. Elle avait néanmoins terminé sixième des Mondiaux U23 d'Edmonton. «Je me suis dit: "Enfin, mon corps va me donner une pause", se souvient la médaillée de bronze en 2013. Ça ne marche pas comme ça. Je suis vraiment déçue, surtout avec la saison que j'avais.»

Médaillée d'argent d'une Coupe du monde en mars, Kretz a terminé 13e des Séries mondiales de Gold Coast, en Australie, le 11 avril. Pour une raison inconnue, la douleur à la jambe droite est apparue un mois plus tard alors qu'elle s'entraînait en Espagne.

Ignorant la gravité de la blessure, elle a pris part au triathlon de Londres, jugulant son inconfort avec de l'ibuprofène. Sur une distance sprint, elle a dû purger une pénalité de 10 secondes après s'être écartée du parcours de vélo pour éviter une chute. Reléguée au neuvième rang, elle a enregistré le deuxième temps en course à pied, 15 secondes derrière la gagnante, sa partenaire d'entraînement américaine Gwen Jorgensen.

«Je savais que je pouvais faire beaucoup mieux qu'une neuvième place, regrette-t-elle. J'ai hâte de pouvoir courir à mon plein potentiel. J'étais sûrement dans la meilleure forme de ma vie, surtout à la course à pied.»

Même si elle prévoit des pincements au coeur, Kretz a accepté l'invitation de la fédération canadienne d'assister au triathlon de Rio, où elle pourra reconnaître le parcours olympique. À moins d'une guérison miracle, elle devra patienter avant de pouvoir s'y qualifier. «Je ne suis pas inquiète, assure-t-elle. Je sais que l'an prochain, je vais pouvoir prouver que j'ai ma place dans l'équipe.»