Après la bourde de débutant d'Alejandro Valverde, qui s'est éliminé tout seul jeudi du Tour d'Espagne, Alberto Contador est plus que jamais en selle pour le doublé Giro-Vuelta à la veille des étapes reines de montagne, mais avec Carlos Sastre en embuscade.

Sastre, vainqueur du dernier Tour de France, semble le seul en mesure de pouvoir éventuellement barrer la route de Contador, qui contrôle pour le moment sereinement la course à une grosse semaine de l'arrivée à Madrid.

En cas de victoire, Condador, vainqueur de la Grande Boucle 2007 et du Giro 2008, entrerait dans l'histoire en devenant à 26 ans le premier Espagnol et cinquième coureur de tous les temps à avoir accroché les trois grands tours à son palmarès, après les Français Jacques Anquetil et Bernard Hinault, le Belge Eddy Merckx et l'Italien Felice Gimondi.

A l'issue de deux semaines de course, le coureur d'Astana pointe à la 3e place au classement général, à seulement 29 sec du leader, son compatriote Egoi Martinez (Euskaltel) et 11 sec de son coéquipier américain Levi Leipheimer.

Excellent grimpeur, il dispose d'une bonne grosse minute d'avance, non déterminante néanmoins, sur son compatriote Sastre, qu'il domine en contre-la-montre. Et il n'a pas montré le moindre signe de défaillance.

Quant à son autre grand rival, l'Espagnol Alejandro Valverde, il s'est éliminé tout seul jeudi sur une bévue fatale, en se laissant glisser en queue de peloton dans la descente rapide d'un col pour chercher un imperméable.

Coupé de la tête du peloton qui en a profité pour accélérer, Valverde a payé l'addition cash: il a rétrogradé de la 4e à la 11e place, avec plus de 4 minutes de retard sur le leader.

«C'est de ma faute, j'ai perdu trop de temps au général, et maintenant c'est presque impossible», a reconnu dans une interview au journal Marca Valverde, qui aura pu méditer sa bourde toute la journée de repos de vendredi.

«Comme le chasseur»

Le sentier de la gloire est toutefois encore long et semé d'embuches pour Contador, alors que se profilent ce week-end les redoutables montagnes des Asturies (nord) où il pourrait endosser le maillot or.

Samedi, le peloton affronte l'étape jugée la plus dure de l'épreuve, 199 km entre San Vicente Barquera et le col hors catégorie de l'Angliaru, suivie dimanche d'une étape plus courte (158 km) mais très nerveuse, avec six cols au programme entre Oviedo et la station de ski Fuentes de Invierno.

Le tout alors que, comme jeudi et le week-end dernier dans les cols pyrénéens, la météo s'annonce très fraîche et pluvieuse.

Et même s'il sort indemne des rampes asturiennes, Contador ne sera pas encore au bout de ses peines. Avant Madrid, il y aura encore des étapes piège de moyenne montagne.

En particulier, samedi prochain, veille de l'arrivée à Madrid, un contre-la-montre pour grimpeur affûté de 17 km, adjugé au sommet du redoutable col de Navacerrada, où tout peut encore se jouer.

Or Sastre n'a pas dit son dernier mot. Contador? «Je ne lui ai encore rien trouvé de tellement extraordinaire pour que beaucoup donnent pour acquis que c'est le plus fort de la course. Il a grignotté des secondes comme une petite fourmi», a-t-il déclaré au journal AS.

«Je suis comme le chasseur qui attend patiemment sa proie», a ajouté Sastre. «Je ne gesticule pas bêtement, je ne m'énerve pas. Mais je suis attentif, et si l'opportunité se présente, il faut la saisir, comme je l'ai fait au Tour».