Le Luxembourgeois Gilles Muller, 25 ans, 130e mondial, croit en ses chances jeudi en quart de finale de l'US Open face au Suisse Roger Federer, en quête d'un cinquième titre consécutif à New York.

«Pourquoi pas battre Roger Federer ?», se demande-t-il après ses exploits en série. «J'y crois.»

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Q: Quel sentiment prédomine après votre qualification historique pour les quarts de finale d'un Grand Chelem ?

R: «C'est dingue. Je ne pensais jamais être en deuxième semaine. Généralement, je regarde les matches de deuxième semaine à la télé, sur mon canapé. C'est le tie-break (du quatrième set) le plus fou que j'ai joué au cours de ma carrière (score 12 à 10, ndlr) et c'est un de mes meilleurs matches au niveau tactique. J'ai bien cassé son jeu. A un moment donné, je l'avais même sorti du match. Je menais 6-4 et 4-1 mais je n'ai pas pu enfoncer le clou.»

Q: Comment vous sentez-vous ?

R: «Fatigué. Mais quand vous êtes en quart de finale d'un Grand Chelem, vous oubliez tout. Je reste positif, je ne veux pas trop m'enflammer. Mais j'ai faim, j'aimerais aller plus loin.»

Q: Contre Roger Federer, vous y croyez ?

R: «Je l'ai déjà joué deux fois. Et j'ai perdu deux fois. C'est sûr que ce sera lui le favori. Mais il y a des choses qui se passent cette semaine... Pourquoi pas battre Roger Federer ? Il a eu une saison difficile. Il perd beaucoup plus de matches que par le passé. J'y crois.»

Q: Comment votre succès contre Davydenko a-t-il été vécu au Luxembourg ?

R: «Je ne sais pas trop. Vous savez, c'est très calme d'ordinaire (sourire). Il n'y a que deux chaînes de télévision. Ma copine a dû suivre mon match sur internet.»

Q: Avez-vous appelé vos amis, votre famille ?

R: «A part les proches, j'essaye de ne plus répondre aux textos des copains. Je l'avais fait quand j'avais battu Roddick (au premier tour de l'US Open en 2005, ndlr) et ça m'avait épuisé. Après, j'avais eu du mal à confirmer. Là, je reste concentré. J'aurais tout le temps de le faire après le tournoi.»

Q: Après avoir été 59e mondial en août 2005, vous revenez au devant de la scène. Votre résurrection tient-elle du miracle ?

R: «Je ne crois pas trop aux miracles. C'est juste un rêve qui est en train de se réaliser et quelque part dans ma tête, j'y ai toujours cru. En juniors, j'étais du même niveau que (Marcos) Baghdatis ou (Jo-Wilfried) Tsonga. Ils ont réussi des exploits. Je savais donc que je pouvais y arriver.»

Q: Qu'est-ce qui a été le plus difficile pour revenir au premier plan ?

R: «Quand vous avez pris goût au plus haut niveau, aux Grands Chelems, aux Masters series et que vous avez battu des mecs comme Roddick, vous vous dites forcément que vous devez remporter tous vos matches dans les tournois Challengers (deuxième division, ndlr). Mais je n'y arrivais pas et c'était très dur à gérer. J'ai remonté la pente petit à petit, un match par-ci, un match par-là.»

Q: Avez-vous envisagé d'arrêter ?

R: «Oui, j'ai pensé à devenir professeur de tennis. Parfois, je gagnais 300 euros alors que le billet d'avion était à 500 euros... Je jouais à perte. Je me posais des questions: +Est-ce que ça vaut le coup de continuer ?+. Mais j'aime trop le tennis. Je suis content de ne pas l'avoir fait.»