Le Jamaïcain Usain Bolt, champion olympique du 100 m à Pékin avec un record du monde à 9 sec 69, est programmé pour courir le 200 m des Jeux dont la finale a lieu mercredi soir, en 19 sec 20/19 sec 25, et même un jour sous les 19 secondes, selon les études techniques et statistiques.

La marque actuelle a été fixée à 19 sec 32/100, par l'Américain Michael Johnson en finale des JO de 1996 à Atlanta.

Une étude présentée en 2004, et portant sur les dix meilleurs chronos de l'histoire du demi-tour de piste, a fourni la formule mathématique: le temps sur 10O m de l'athlète considéré est multiplié par deux, puis on retranche environ 20 centièmes de secondes.

Ce différentiel, représentant l'écart entre le chronométrage manuel et électronique, est appliqué une seule fois, puisque le second 100 m est lancé. Le différentiel peut monter à 30 centièmes quand les athlètes sont résistants à la vitesse, ou descendre d'autant en cas contraire.

Johnson, qui appartenait au groupe des athlètes résistants -la «locomotive» de Waco est toujours propriétaire du record du 400 m en 43 sec 18- n'avait pas de performances probantes sur 100 m.

«Maintenant, il y a les «si». Bolt peut courir à Pékin en 19 sec 20/25 s'il est entraîné suffisamment sur la distance, et je pense qu'il l'est, et s'il ne se ressent pas de ses courses précédentes (à Pékin)», souligne Carlo Vittori, ex-entraîneur de l'Italien Pietro Mennea, détenteur du record (19.72 à l'altitude de Mexico) entre 1979 et 1996.

Directeur de l'Institut de recherches biomédicales et d'épidémiologie du sport (IRMES) à Paris, Jean-François Toussaint avance un temps identique pour Mercredi.

La comparaison entre les deux records du monde actuels du sprint (9.69 et 19.32) peut induire en erreur, avec la confusion entre moyenne et vitesse de pointe, sur l'identité de l'homme le plus rapide du monde.

Apogée de l'homme sprinteur

Le géant (1,96 m) jamaïcain est bien, et de loin, l'homme le plus rapide de la planète. Les chronos intermédiaires, relevés à chaque décamètre, l'attestent: c'est entre les 50 et 60 m que Bolt a atteint son apogée. Quand, propulsé par une foulée de 2,70 m, il a frôlé les 44 km/h (12,18 m/s).

Revenant sur les 9 sec 69 de samedi, qui ont fait entrer le 100 m dans le 21e siècle, M. Vittori estime que Bolt a eu tort de décélérer et qu'il ne «retrouvera pas de sitôt les conditions pour un tel exploit».

«On peut estimer à un dixième de seconde la perte de temps. Il court les 30 derniers mètres (12 foulées) les bras ouverts et il coupe la ligne, non pas en se jetant avec la poitrine en avant, mais avec le haut du buste en arrière parce qu'il s'est retourné pour évaluer son avance», explique l'ex-entraîneur.

«Bolt représente le sprinteur (de l'histoire) à l'apogée de sa taille, le génotype des grands sprinteurs. Il n'a que 21 ans et pourra courir d'ici deux ans en 9 sec 55», estime M. Toussaint, qui a étudié les courbes de progression de plusieurs dizaines de champions dans différents sports.

En extrapolant, Bolt repousserait alors les limites humaines sur 200 m en-deçà des 19 secondes.