L'athlétisme russe est dans la tourmente à l'approche des JO de Pékin: après leurs consoeurs des lancers et du demi-fond, dont la star Yelena Sobolova, les marcheurs sont à leur tour rattrapés par des affaires de dopage qui affaiblissent et discréditent l'Ours de Moscou.

Vladimir Kanaikin et Valery Borchin, candidats aux médailles respectivement sur 50 et 20 km, ont été contrôlés positif, ainsi qu'un troisième marcheur, Alexei Voevodin, qui n'avait pas été retenu pour les Jeux, a admis mardi un responsable de la fédération.

Il y a cinq jours, la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) avait suspendu provisoirement -sanction les excluant de facto des Jeux- sept athlètes féminines pour «substitution frauduleuse d'urine».

Une belle brochette, dont cinq éléments en partance pour la Chine avec de réelles chances de médailles: non seulement la grande blonde Soboleva (800 m et 1500 m), mais encore Daria Pishchalnikova (disque), Gulfia Khanafeyeva (marteau), Tatiana Tomashova (1500 m) et Yulia Fomenko (1500 m).

Fleuron

Cette fois, c'est la marche, historiquement un des fleurons de l'athlétisme russe, qui se retrouve au banc des accusés. Kanaikin, 23 ans, a signé cette saison la deuxième performance mondiale de tous les temps sur 50 km en 3h 36 min 55 sec, lors de la Coupe du monde à Cheboksary (Russie) le 11 mai dernier.

Il avait terminé deuxième derrière son compatriote Denis Nizhegorodov, qui avait amélioré pour l'occasion le record du monde (3h34:14.)

Plusieurs fois médaillé lors des Mondiaux juniors et cadets, Kanaikin est en outre l'actuel détenteur du record du monde du 20 km (1h17:16.), en attendant que l'IAAF officialise la nouvelle marque d'un autre Russe, Sergey Morozov (1h16:43.).

Borchin, 21 ans, possède pour sa part le 3e temps mondial de la saison sur 20 km (1h17:55.). Le dénominateur commun des trois usagers du macadam est l'entraîneur Viktor Chegin qui officie au centre national de la marche à Saransk (Volga), région d'où est notamment originaire Kanaikin.

Stakhanoviste

Par la durée (plus de 3 heures 30 minutes) et l'intensité de l'effort, Le 50 km marche est de l'avis des physiologistes la plus éreintante des épreuves d'athlétisme, plus que le marathon. En dépit de l'échéance olympique, Kanaikin ne s'est pas économisé depuis quelques mois, alors que le Français Yohann Diniz et l'Italien Alex Schwazer, candidats au podium olympique, ont veillé à soupeser leurs efforts pour réserver toutes leurs forces en vue de la compétition olympique, qui sera d'autant plus difficile dans l'enfer climatique de la capitale chinoise.

Cette fois, l'entraîneur en chef Valentin Maslakov n'évoque pas la thèse du complot, qui avait fait long feu la semaine dernière.

Dans le cas des marcheurs, il s'agit de dopage classique. Pour les dames, les substitutions d'échantillon n'étaient possibles que sur le territoire russe, a confirmé mardi Chris Butler, porte-parole de la Fédération internationale pour les questions médicales et le dopage.

La complicité de médecins préleveurs pourrait ainsi être engagée. «On va entendre les explications de la fédération russe et vous en saurez davantage dans les prochaines semaines», a précisé M. Butler à l'AFP.

Les soupçons de l'IAAF avaient été déclenchés par une urine trop pure et c'est en utilisant des techniques de comparaison d'ADN que l'IAAF a pu confondre les tricheuses.