Quatorze militaires mexicains ont été condamnés à des peines de 14 à 40 ans de prison pour avoir abattu en 2007 trois femmes et deux enfants qui circulaient dans une voiture qui ne s'était pas arrêtée à un barrage routier, a indiqué vendredi le ministère de la Défense.

Il s'agit de la première condamnation prononcée par un tribunal militaire à l'encontre de soldats depuis le déploiement de l'armée fin 2006 pour participer à la lutte contre le trafic de drogue.

Le commandant de l'opération a été condamné à 40 ans de prison, l'officier responsable du barrage à 38 ans et les 12 soldats qui y participaient à 14 ans. Deux autres militaires ont été acquittés et trois sont toujours en procès.

Les tirs ont causé la mort de cinq personnes et en ont blessé trois autres, toutes membres d'une même famille. Elles ne s'étaient pas arrêtées à un poste de contrôle établi par les soldats sur une route dans l'État de Sinaloa (ouest) en juillet 2007.

Les faits «procèdent d'une lamentable erreur, mais la justice militaire a agi de façon transparente et impartiale», a estimé le ministère dans un communiqué.

La Commission nationale des droits de l'homme (CNDH) considère ces faits comme exemplaires des abus commis par les militaires dans le cadre de la lutte antidrogue.

Plusieurs groupes de protection des droits de l'homme réclament que la mort, ou la disparition, de civils attribuée à des soldats soient jugées par des tribunaux ordinaires. Une initiative en ce sens est étudiée par le Congrès.

Environ 45 000 personnes sont mortes au Mexique depuis que le président Felipe Calderon (droite) a décidé en décembre 2006 de déployer l'armée pour lutter contre le trafic de drogue et les bandes armées qui opèrent dans le pays.

Parmi ces 45 000 victimes, au moins 8898 n'ont pas été identifiées et l'on recense plus de 5300 plaintes pour disparition, selon un rapport publié en avril par la CNDH.