Québec l'éclectique

Au milieu des années 1800, la révolution industrielle et l'innovation technologique donnent de plus en plus de place à la machine dans la création. C'est la naissance du design et la province se plaît à fusionner les styles: elle adopte l'éclectisme.

Au milieu des années 1800, la révolution industrielle et l'innovation technologique donnent de plus en plus de place à la machine dans la création. C'est la naissance du design et la province se plaît à fusionner les styles: elle adopte l'éclectisme.

Dès 1890, la production de masse détrône la production artisanale, qui devient alors l'affaire de l'élite. Les fioritures se font plus rares sur les meubles et les métaux s'y ajoutent tranquillement.

Dans les années 30, l'architecte d'origine suisse Robert Blatter, un des premiers à diffuser le courant moderne dans la déco intérieure, s'installe à Québec avec son Studio de décoration moderne, relate Paul Bourassa, conservateur des arts décoratifs et du design du Musée national des beaux-arts du Québec.

Parallèlement apparaît l'association des décorateurs ensembliers, «ancêtres» des designers d'intérieur. C'est aussi à cette époque que le gouvernement entreprend d'aménager des bureaux plus modernes pour ses fonctionnaires, note M. Bourassa.

Dans les années 50, le design scandinave se répand et le Québec n'échappe pas au courant. Des boutiques spécialisées qui offrent ce mobilier aux lignes pures ouvrent leurs portes en province et les designers québécois s'en inspirent pour créer de nouvelles pièces.

La décennie suivante, «c'est l'effervescence de l'Expo 67 qui prend le dessus, indique le conservateur du Musée. C'est aussi le courant pop des années 60 et 70 avec le plastique et ses couleurs orange et jaune».

Après cette ébullition, le design entre «dans un creux de vague», rappelle M. Bourassa. La jeune génération de designers d'intérieur en profite donc pour se professionnaliser, pour s'ouvrir à nouveau sur l'international dans les années 1990 et 2000, l'ère de la mondialisation.

Aujourd'hui, l'industrie du meuble québécois vit des temps difficiles. Ses manufactures ferment mais les artisans demeurent. À la croisée de la haute technologie et de l'artisanat, ils expriment la société à travers leurs pièces et ont un penchant pour le recyclage. Le Québec veut imposer son propre style et, grâce aux innovations de ses designers, c'est à son tour de rayonner vers l'extérieur.

Autre source : Michel Lessard. La nouvelle encyclopédie des antiquités du Québec, Les Éditions de l'Homme.