Quelques années plus tard, un autre gisement de kaolin était découvert à Saint-Yriex-La-Perche, localité voisine de Limoges, en France. L'appellation «porcelaine de Limoges» venait de naître.

Quelques années plus tard, un autre gisement de kaolin était découvert à Saint-Yriex-La-Perche, localité voisine de Limoges, en France. L'appellation «porcelaine de Limoges» venait de naître.

«Rien n'a changé en 3000 ans», résume la céramiste de Québec Pauline Pelletier, qui pratique son art à Cap-Rouge, avec un four au gaz performant, certes, mais qui travaille avec une matière première semblable à celle qu'utilisaient les Chinois il y a très, très longtemps. Encore aujourd'hui, l'expression «fine China» désigne la porcelaine par son pays d'origine.

Louise Bousquet est l'une des céramistes les plus réputées du Québec. Forte de ses 35 ans de métier, elle a ouvert il y a trois ans l'Économusée de la porcelaine, en Montérégie. C'est là qu'elle travaille et qu'elle se renouvelle. Au SIDIM (Salon international du design d'intérieur de Montréal), en fin de semaine, elle présente ses nouvelles créations: des luminaires et des vases. «Je mire mes pièces devant la lumière pour déceler les défauts, explique-t-elle. Chaque fois, je suis surprise par leur translucidité.»

Quelques boutiques de Québec, notamment Pot en ciel, rue du Petit-Champlain, et Nadine Dupradeau, Art de la table, avenue Cartier, offrent de la porcelaine signée Louise Bousquet. Sur certains morceaux, numérotés, l'artiste a intégré des oeuvres de Clémence DesRochers, de Riopelle, de Maurice Savoie et de Jean Dallaire. Quand la table transcende la gourmandise!

Coupes de fruits en porcelaine

Son secret? «Je cuis très haut, résume-t-elle. À 1400 °C.» Elle s'approche en fait de la vitrification. Elle a importé un four de Limoges, où elle a suivi plusieurs stages. Mais elle l'a fait fabriquer sur mesure, tout petit, à peine un demi-mètre cube. «Je ne veux pas devenir industrielle, ni me perdre de vue», confie-t-elle.

Louise Bousquet importe sa pâte de porcelaine de Chine, qui l'importe elle-même de Nouvelle-Zélande, où un gisement de kaolin de grande qualité vient d'être découvert. Le gisement de Limoges est épuisé depuis longtemps. Le kaolin donne à la porcelaine sa blancheur; le quartz, sa translucidité; et le feldspath, sa résistance. Pulvérisés, tamisés et broyés, tous ces éléments composent la pâte de céramique.

Louise Bousquet a l'impression de s'éclater. Pauline Pelletier sent elle aussi toute la vitalité de la céramique (qui englobe la terre cuite, la faïence, le grès et la porcelaine). «Au Québec, on a atteint un niveau international», estime-t-elle.

Poudre d'os

Sylvie Rondeau, directrice des deux magasins Renaud à Québec, confesse un faible pour la porcelaine de poudre d'os, la bone China, qui contient un phosphate obtenu par la calcification d'os de bétail. Il s'agit d'une «pâte tendre», cuite à plus basse température que la pâte dure de Louise Bousquet, dont les Anglais sont les spécialistes. Mme Rondeau aime son apparence «crémeuse», sa translucidité et son éclat. Ses clients sont friands de porcelaine couleur crème. «Les blancs bleus évoquent trop la vaisselle Corelle», dit-elle.

Si, à la base, la porcelaine est blanche, le «traitement de surface», avant la cuisson, permet d'y appliquer les plus belles couleurs. Guy Degrenne, en France, propose une «belle porcelaine de tous les jours» très colorée.

Chez Renaud, les services des entreprises anglaises Wedgwood et Royal Doulton rivalisent de beauté avec la vaisselle de la japonaise Noritake, «de très haute qualité et très dispendieuse», mentionne Sylvie Rondeau. Évidemment, ces maisons bien établies ont succombé elles aussi à la tentation de faire fabriquer leurs pièces en Asie. «Mais elles ont conservé leurs critères de qualité», assure la directrice.