(Londres) Les conservateurs britanniques ont subi des pertes importantes lors d’élections locales en Angleterre, un mauvais présage pour le premier ministre Rishi Sunak et sa majorité au Parlement avant les prochaines législatives.

C’était le premier test dans les urnes pour le chef du gouvernement arrivé à Downing Street en octobre et les résultats, encore partiels, ne sont pas bons.  

Au lendemain du vote qui s’est tenu jeudi pour renouveler 8000 sièges dans 230 conseils municipaux, les Tories, au pouvoir depuis 13 ans, essuient des défaites lourdes de sens dans de traditionnels bastions de la droite britannique.

« C’est toujours décevant pour ces conseillers conservateurs qui travaillent dur », a réagi Rishi Sunak sur Sky News dès l’annonce des premiers résultats au petit matin, répétant ses promesses au niveau national concernant l’économie, la santé ou la lutte contre l’immigration illégale.

Après dépouillement des bulletins dans 151 des 230 conseils locaux en jeu cette année, les conservateurs perdent 573 élus selon la BBC.

Le Labour en remporte 302, mais est loin d’être le seul à profiter de la défiance envers la majorité. Les Libéraux-Démocrates (centristes) enregistrent un gain net de 212 élus, les écologistes du Green party en remportent 136.

Les Verts ont par ailleurs remporté un conseil local pour la première fois de leur histoire en décrochant la majorité des sièges dans le Mid Suffolk (est).

Le parti travailliste, qui espère réussir à faire entrer son chef Keir Starmer à Downing Street à l’issue des prochaines élections législatives prévues d’ici à la fin de l’année prochaine, a par exemple remporté le conseil local de Stoke-on-Trent (nord), « capitale » du Brexit qui avait voté à 69 % pour la sortie de l’Union européenne en 2016, et revendiqué celui de Douvres, port de la Manche traditionnellement à droite.

« Nous avons des résultats fantastiques à travers tout le pays », s’est félicité Keir Starmer devant des partisans à Medway (sud-est) où les travaillistes ont repris aux Tories le conseil local.

Selon des projections de la BBC à l’échelle nationale, 35 % des votes reviennent aux travaillistes contre 26 % seulement pour les conservateurs et 20 % pour les « Lib-Dem ».

« Nous dépassons toutes les attentes », s’est réjoui le chef des Libéraux-Démocrates Ed Davey, se félicitant du coup porté au « blue wall » (mur bleu) conservateur.

Pièce d’identité pour voter

Les conservateurs se sont effondrés dans les sondages au fil des scandales politiques qui ont émaillé l’ère Boris Johnson (2019-2022) puis sous l’effet des remous financiers causés par les 49 jours de Liz Truss à Downing Street l’an dernier. La crise sociale provoquée par l’inflation a aggravé leur situation.

L’arrivée au pouvoir de l’ex-banquier et ministre des Finances Rishi Sunak en octobre a ramené un semblant de stabilité, avec des succès politiques comme un accord avec Bruxelles sur le statut post-Brexit de l’Irlande du Nord.

Mais la défiance persiste dans l’opinion, confirmée par ces scrutins locaux, même si l’avance de neuf points des travaillistes reste trop limitée pour lui assurer une victoire confortable l’année prochaine aux législatives.

Avant d’arriver au pouvoir respectivement en 1997 et en 2010, le travailliste Tony Blair et le conservateur David Cameron avaient tous deux remporté des succès avec une avance à deux chiffres aux élections locales ayant précédé les législatives.

Ces élections ont été marquées par une exigence inédite pour les électeurs : celle de présenter une pièce d’identité pour pouvoir voter.  

Ce changement crée des remous et a été qualifié par ses détracteurs de manœuvre pour exclure certains électeurs, en particulier les jeunes et les catégories populaires, la carte d’identité nationale à la française n’existant pas.

Là où l’association Electoral Reform Society, opposée à cette nouvelle obligation, a affirmé jeudi avoir constaté « des exemples innombrables » d’électeurs empêchés de voter, l’Association of Electoral Administrators, qui rassemble les administrateurs locaux des scrutins, a assuré que le vote se déroulait « aussi bien que d’habitude ».