Le Royaume-Uni a affiché ses couleurs face à la montée de l'extrême droite samedi, lors de manifestations qui ont attiré des milliers de personnes à Londres, Glasgow (Écosse) et Cardiff (pays de Galles).

À Glasgow, ils n'étaient que quelques centaines à braver la neige et le froid sibérien. Beaucoup moins qu'à Londres, où la foule était estimée à 30 000 personnes. Mais entre les nombreuses pancartes et les slogans proréfugiés ou antigouvernement, le message passait haut et fort.

« L'intolérance est en hausse. C'est dangereux. Il faut renvoyer les fachos dans les cordes », a résumé Charlotte Ahmed, membre de l'organisation Stand up to Racism, qui parrainait le rassemblement.

Selon elle, la situation aurait empiré au Royaume-Uni depuis le vote pour le Brexit de juin 2016. Le message anti-immigration, martelé par les « Brexiters » pendant la campagne, aurait « libéré le sentiment xénophobe » au pays. Les organisations fascistes seraient plus visibles, l'islamophobie et l'antisémitisme seraient en hausse, tout comme les crimes haineux.

« On dirait que le racisme est devenu légitime », dit-elle.

Pour Elizabeth Allison, militante antifasciste venue manifester avec son mari et son fils, la montée du racisme serait plutôt attribuable aux politiques d'austérité adoptées par le gouvernement conservateur. Pris à la gorge, les Britanniques rejettent la responsabilité sur les étrangers, avec les dérapages que cela suppose.

« Pas plus tard que la semaine dernière, une étudiante égyptienne a été tuée à Nottingham [dans le nord de l'Angleterre]. Vous en avez entendu parler ? »

Le phénomène n'est pas propre au Royaume-Uni : les manifestations de samedi dénonçaient plus largement les politiques discriminatoires de Donald Trump et, surtout, l'inquiétante montée des partis d'extrême droite. En Europe, cette tendance « populiste » se confirme depuis au moins un an, avec la percée sans précédent de l'AfD aux législatives allemandes, le score historique du Front national à la présidentielle française, les succès du FPÖ en Autriche, du PVV aux Pays-Bas et, plus récemment, de la Ligue (ancienne Ligue du Nord) en Italie.

« Ça ne s'améliore vraiment pas », tranche Kathy McNeil, militante de longue date, venue hsamedier avec sa fille et ses petits-enfants, pour dénoncer ce qu'elle qualifie de « menace grandissante ».

AILLEURS EN EUROPE

À noter que d'autres manifestations avaient lieu samedi en Europe, notamment en Autriche (Vienne) et en Pologne (Varsovie), deux pays particulièrement touchés par la montée de l'extrême droite.

Quelque 2000 personnes ont également défilé à Paris pour dénoncer la politique migratoire du gouvernement français.

En février, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a présenté un projet de loi « asile et immigration » vertement critiqué par les associations de défense des droits de la personne en raison de sa trop grande fermeté. On lui reproche, pour l'essentiel, de vouloir faciliter l'expulsion des migrants en situation irrégulière. Rien de moins que du « racisme d'État », pour reprendre les slogans utilisés samedi par les manifestants parisiens.