(Chicago) La fumée émanant des incendies de forêt qui brûlent à travers le Canada crée des rideaux de brume et soulève des préoccupations concernant la qualité de l’air dans toute la région des Grands Lacs et dans certaines parties du centre et de l’est des États-Unis.

Dans le Minnesota, une 23e alerte record sur la qualité de l’air a été lancée de mardi à mercredi soir dans une grande partie de l’État, alors que le ciel enfumé obscurcit les horizons de Minneapolis et de Saint-Paul.

« Juste en entrant dans le zoo… vous pouviez juste voir autour des bâtiments, une sorte de brume », a témoigné Shelly Woinowski, qui visitait le zoo de Lincoln Park à Chicago.

Plus loin dans la ville, Priti Marwah, qui commençait une course le long du lac de la ville, décrivait la brume mardi comme « mauvaise ».

« Vous pouvez sentir la fumée, a-t-elle relevé. Je cours cent milles par semaine, donc ça va être dangereux aujourd’hui. Vous pouvez le sentir… même en vous garant juste là et en sortant, je peux le sentir dans mes poumons. »

Le ministère de l’Environnement, des Grands Lacs et de l’Énergie du Michigan a lancé mardi une alerte à la qualité de l’air pour l’ensemble de l’État, tandis qu’à Chicago – où la qualité de l’air a été catégorisée comme « malsaine » par l’Agence américaine de protection de l’environnement – les responsables exhortent les jeunes, les personnes âgées adultes et résidants ayant des problèmes de santé à demeurer à l’intérieur.

« Nous recommandons aux enfants, aux adolescents, aux personnes âgées, aux personnes souffrant de maladies cardiaques ou pulmonaires et aux femmes enceintes d’éviter les activités intenses et de limiter leur temps à l’extérieur, a déclaré le maire Brandon Johnson dans un communiqué. Alors que ces conditions dangereuses se poursuivent, la Ville continuera de fournir des mises à jour et de prendre des mesures rapides pour s’assurer que les personnes vulnérables disposent des ressources dont elles ont besoin pour se protéger et protéger leur famille. »

Certaines garderies de la région de Chicago ont avisé les parents que leurs enfants resteraient à l’intérieur mardi en raison de la mauvaise qualité de l’air, tandis qu’un club sportif pour jeunes a ajusté ses activités pour ajouter plus de temps à l’intérieur.

La fumée poussée vers le Sud

Plus tôt ce mois-ci, des incendies massifs brûlant des étendues de forêts canadiennes ont recouvert le nord-est des États-Unis et la région des Grands Lacs, rendant l’air gris jaunâtre et incitant les gens à rester à l’intérieur et à garder les fenêtres fermées.

Les petites particules contenues dans la fumée des incendies de forêt peuvent irriter les yeux, le nez et la gorge, et peuvent affecter le cœur et les poumons, rendant la respiration plus difficile. Les responsables de la santé disent qu’il est important de limiter autant que possible les activités de plein air pour éviter de respirer ces particules.

Les incendies dans le nord du Québec et la basse pression sur l’est des Grands Lacs envoient de la fumée dans le nord du Michigan et dans le sud du Wisconsin et de Chicago, a expliqué Bryan Jackson, météorologue au National Weather Service.

Il a ajouté qu’un vent du nord pousserait la fumée plus au sud, se déplaçant dans l’Illinois, l’Indiana et le Kentucky plus tard mardi et dans la nuit.

Le sud-ouest du Michigan a un indice de qualité de l’air élevé, supérieur à 200 sur un indice de 500 points, a-t-il noté. Cela est considéré comme malsain pour tout le monde, car cela dénote des niveaux élevés de pollution par les particules fines, ou particules PM2,5.

« Jusqu’à ce que les incendies soient éteints, il y a un risque, a prévenu M. Jackson. Si le vent arrive du Nord, il y a une chance qu’il y ait de la fumée. »

Début juin, le président américain Joe Biden a déclaré dans un communiqué que des centaines de pompiers et de membres du personnel de soutien américains étaient au Canada depuis mai, et a attiré l’attention sur les incendies pour rappeler les impacts du changement climatique.

Selon Joel Thornton, professeur et directeur du département des sciences atmosphériques de l’Université de Washington, la planète qui se réchauffe produira des vagues de chaleur plus chaudes et plus longues, provoquant des incendies plus gros et plus fumants.

La fumée des incendies de forêt s’est déplacée dans le Minnesota lundi soir, et la fumée au niveau du sol devrait persister dans le sud, le centre-est et le nord-est du Minnesota. Cela inclut la zone des villes jumelles, jusqu’au coin nord-est de l’État et jusqu’aux coins sud-ouest et sud-est.

L’agence de contrôle de la pollution du Minnesota (MPCA) a publié sur Twitter que mardi marquait la 23e alerte à la qualité de l’air dans le Minnesota cette année, battant le précédent record de 21 en 2021. Le Minnesota enregistre généralement en moyenne deux ou trois alertes par saison.

Saint-Paul a enregistré la pire qualité de l’air aux États-Unis il y a deux semaines en raison de la fumée des incendies de forêt au Canada. Mardi à midi, la qualité de l’air était jugée « malsaine » dans l’est du Minnesota, de la frontière canadienne à la frontière de l’Iowa.

La MPCA a déclaré qu’un front froid traverserait le Minnesota mercredi, apportant de l’air plus pur de l’ouest à travers la région d’ici tôt jeudi.

Mais mardi, le répit à venir signifiait peu pour Dan Daley, un résidant de St. Louis Park, Minnesota.

« C’est un peu misérable certains jours parce que vous ne pouvez pas passer beaucoup de temps dehors », a-t-il déploré.

M. Daley a déclaré avoir senti – et goûté – de la fumée dans l’air lorsqu’il a quitté la maison ce matin. Il a vu un ciel brumeux et s’est demandé si ce serait la norme pour les futurs étés dans la région. Lorsque la qualité de l’air rend malsain le fait d’être à l’extérieur, M. Daley a du mal à faire les choses qu’il aime comme la randonnée, le camping et les promenades en ville.

Il craint que les habitants d’autres régions du pays qui n’ont pas connu de jours de mauvaise qualité de l’air pensent que ce n’est pas grave. « S’ils pensent que la fumée n’est pas si mauvaise, ils devraient venir ici et le voir par eux-mêmes », a-t-il avancé.